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DES CONTREFACTEURS CHINOIS
REPRODUISENT EN SÉRIE DES PIÈCES EN OR DE NAPOLÉON
DE LA PÉRIODE DES CENT-JOURS
Voici une nouvelle inquiétante qu’il est important de communiquer au plus grand nombre : des contrefacteurs chinois achètent des pièces authentiques comme modèles pour effectuer des productions en série de contrefaçons. Pour parfaire la duperie ils utilisent de l’or véritable comme matière première ! Récemment (entre juillet et août) des contrefaçons de pièces de 20 Francs 1815 W ont été ainsi vendues sur la plateforme de vente aux enchères chinoise « Xianyu », plateforme qui est sous le contrôle du Groupe Alibaba Holding Limited, et ce à des prix allant de 820 à 950 euros. À ce jour, plusieurs victimes ont été dupées.

Images extraites de la vidéo de vente publiée par les contrefacteurs
Selon les tests effectués par une des victimes qui en a acheté 6 exemplaires, le titre en or (ou degré de pureté) de ces fausses pièces se situerait entre 89 % et 93 %. Pour rappel, les monnaies authentiques devaient, pour respecter la loi, être à 90 %. Pour parfaire la duperie, les escrocs ont donc respecté plus ou moins le titre légal ! Mais il n’est pas impossible que d’autres reproductions de cette pièce ne soient pas en or.
D’après les investigations que nous avons pu mener il y a au moins, à la date du 17 août 2025, 13 exemplaires de 20 francs 1815 W présentant les mêmes caractéristiques qui se sont ainsi retrouvées sur le marché. Leur trait commun est la présence d’un creux bien visible sous la première lettre « O » du mot « NAPOLÉON » à l’avers. Même si leurs techniques de contrefaçon ne parviennent pas à créer une imitation parfaite, les escrocs réussissent à tromper les collectionneurs débutants en utilisant des trucages photographiques comme la dissimulation des défauts ou l’utilisation d’angles de prise de vue spécifiques.

Coup sous le premier ‘O’ se retrouvant sur tous les exemplaires contrefaits
Le déroulé complet de l’affaire est le suivant : Les contrefacteurs ont d’abord acheté, sur la même plateforme de transaction, une pièce slabée NGC (gradée XF45) portant le numéro 4377043-009 auprès d’un vendeur chinois. D’après les investigations que nous avons menées, cette pièce provient de la vente aux enchères Gadoury de 2016, lot n° 427.

Vente aux enchères Gadoury 2016, Lot n° 427

Images de la pièce authentique issues du vendeur sur le site chinois
En prenant cette pièce comme modèle, les escrocs ont produit des contrefaçons, puis en ont vendu plusieurs dans de faux slabs et d’autres (dix exemplaires) sans coques.

Une contrefaçon de la pièce NGC XF45 avec sa fausse coque NGC

À gauche, la vraie pièce gradée par NGC XF45 ; au centre, une contrefaçon dans un faux slab; à droite, une contrefaçon non slabée
Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Les escrocs ont envoyé l’une des fausses pièces au grading chez NGC. NGC a malheureusement été dupé et a expertisé cette fausse pièce comme authentique et l’a encapsulée dans un vrai slab, portant le numéro 8605412-002, et avec la mention « XF DETAILS REMOVED FROM JEWELRY ». Les escrocs ne se sont pas arrêtés en si bon chemin et ont également contrefait ce slab authentique ! Au moins deux slabs avec le même numéro (NGC XFD) ont été ainsi vendus.

Photo de vérification sur le site web de NGC (reproduction dans un vrai slab)

Photos des articles des escrocs
Ce qui est encore plus choquant, c’est que les escrocs ne sont pas discrets : ils vendent ces pièces d’or en les regroupant dans un seul lien produit. Or, il faut savoir que la 20 Francs 1815 W n’a été produite qu’à 9 345 exemplaires. Il est manifestement impossible qu’un seul individu puisse détenir plusieurs exemplaires de cette monnaie rare et ce de surcroît dans un état très similaire.
Le bilan actuel des contrefaçons de la 20 F 1815 W est le suivant :

L’audace des malfaiteurs s’explique par deux raisons : d’une part, les collectionneurs chinois manquent de compétences en matière d’identification des pièces d’or napoléoniennes ; d’autre part, il existe un manque de jurisprudence concernant la contrefaçon de pièces d’or étrangères hors circulation, ce qui permet aux contrefacteurs de prétendre que ce ne sont que des « objets d’art ».
Étant donné que les escrocs ont retiré bénéfice de leurs coupables productions, nous pensons qu’ils vont poursuivre leurs activités, notamment en les diffusant sur les marchés européen et américain.
C’est pourquoi j’ai demandé à mon cher ami, Philippe Théret de l’association des Amis du Franc, de m’aider à relire et corriger cet article, afin de lancer une alerte à tous les collectionneurs et notamment ceux de monnaies napoléoniennes.
MA Tianyi
Comité d’Art des Pièces et Médailles
de la Société Numismatique de Chine