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Dans la Live Auction du 23 septembre prochain, vous pouvez découvrir un tétradrachme de la cité de Cnide. Cette monnaie présente l’avantage, outre sa typologie et sa rareté, de posséder un « pedigree » multiple puisque nous la proposons pour la cinquième fois depuis MONNAIES XI en novembre 1999. Acheté à cette époque,, ce tétradrachme est revendu par son acquéreur dans MONNAIES XXIII en novembre 2004 où il entre dans une nouvelle collection avant d’être à nouveau proposé dans MONNAIES XXVI en juin 2006. Invendu, il est de nouveau proposé dans MONNAIES XXIX en avril 2007 où il trouve son acquéreur actuel avant de figurer dans la prochaine Live Auction. En vingt-six ans, notre tétradrachme aura changé quatre fois de propriétaire. Nous ne connaissons pas l’histoire de la monnaie avant 1999 sinon que notre tétradrachme provenait d’un ensemble constitué d’une quarantaine de monnaies grecques, sans doublon, vendues en investissement dans les années 80. Avec cette monnaie, vous avez la preuve si cela était nécessaire de conserver la trace de vos monnaies et d’en reconstituer la provenance, l’historique de la collection. Vous lui donnez ainsi une valeur supplémentaire et vous écrivez une partie nouvelle de son histoire qui ne se termine pas quand elle entre dans votre collection, mais lui permet de lui donner une nouvelle impulsion. Il est loin le temps où une monnaie pouvait rester dans la même collection pendant deux, voire trois générations et parfois même plus. La durée d’une collection est actuellement en moyenne d’une décennie environ. Les collectionneurs changent plus souvent de thématique. Conservez ainsi bien vos étiquettes de provenance ainsi que vos factures et quand vous revendrez un jour cette pièce ou votre collection dans son intégralité, n’oubliez pas de fournir ces informations à votre professionnel qui pourra ainsi valoriser vos monnaies.
CARIE – CNIDE (300-190 avant J.-C)
Cnide était une cité très ancienne, un grand centre économique, politique et culturel. En 476 avant J.-C., elle entra dans la ligue attico-délienne et y resta jusqu’en 412 avant J.-C., après la défaite athénienne en Sicile. Le monnayage de Cnide semble reprendre au début du IVe siècle. C’est au large de Cnide, en 394 avant J.-C. que l’Athénien Conon aidé du satrape Pharnabaze remportèrent une grande victoire navale sur la flotte spartiate de Lysandre. Aphrodite, qui était vénérée à Cnide, est censée avoir été l’inspiratrice de Conon. Vers 350 avant J.-C., Praxitèle exécuta à la demande des Cnidiens une statue d’Aphrodite qui figure sur le monnayage jusqu’à la période hellénistique, plus précisément jusqu’à la bataille de Magnésie en 189 avant J.-C.
Tétradrachme, Carie, Cnide, 387-345 avant J.-C.
(Ar, 14,37 g, 24 mm, 12 h), étalon rhodien, poids théorique : 15,36 g, 4 drachmes ou 24 oboles

A/ Anépigraphe [K-NI]
Tête d’Aphrodite Euploia à gauche, les cheveux relevés en arrière et retenus par un sphendone ; derrière la tête, une proue de galère.
R/ TIMOTEΛHΣ
(Timotelès).
Protomé de lion à gauche, la gueule ouverte, la langue pendante ; le tout dans les restes d’un carré creux.
BMC – Babelon Traité – SNG Copenhague – SNG Aulock –
R. H. J. Ashton, The Hecatomnus Hoard, CH. IX, Londres 2002, p. 115-119, pl. 11-12 (p. 118, n° 23b, pl. 12).
Beau portrait sur un flan ovale. Très joli revers avec une patine de médaillier. Légère retouche de surface.
Très rare. TTB 600€ / 1 200€
Mêmes coins que les exemplaires de la vente Sternberg XII, 1982, n° 259 (est : 5000FS). Monétaire Timotelès et de la vente CNG 42, 1997, n° 500
Ce monnayage ne commencerait pas avant la paix d’Antalcidas en 387 avant J.-C. après que Cnide se soit émancipée de la tutelle athénienne pour rentrer dans l’ère d’influence perse. L’étalon monétaire utilisé est rhodien et le nom des magistrats monétaires est au nominatif comme à Rhodes. Nous n’avons que très peu d’informations sur ces noms qui figurent à l’exergue sous le protomé de lion comme Timotelès. Ce monnayage semble prendre fin avant l’arrivée d’Alexandre III le Grand en Carie. Pour cette série, R. Ashton a répertorié 79 tétradrachmes avec treize coins de droit et trente-deux de revers pour trente-quatre combinaisons. Avec notre monétaire nous avons sept exemplaires pour un coin de droit et deux revers, seulement deux exemplaires signalés avec notre combinaison (A/ 7 - R/ 23). Notre tétradrachme partage son coin de droit avec deux autres magistrats : ΠPOTΩN (n° 21, 1 ex.) et ΣTIΦΣ (n° 17 à 20, 10 ex.). Si nous ajoutons les 7 exemplaires pour TIMOTEΛHΣ (n° 22, 5 ex. et n° 23, 2 ex.), avec 18 exemplaires pour le coin de droit (A7), nous avons un excellent indice charactéroscopique. En dehors de l’exemplaire de l’Alpha Credit Bank (Athènes, inv. N° 4075, acquis en 1992) aucun exemplaire ne figurait dans une collection publique.
Cet exemplaire provient de MONNAIES XI, n° 124, de MONNAIES XXIII, n°123, de MONNAIES XXVI, n° 85, et de MONNAIES XXIX, n° 32.
Le trésor d’Hecatomnos (CH. IX, p. 95-158, pl. 6-20) sous la plume de R. H. J. Ashton, P. Kinns, et A. R. Maedows avait déjà été signalé dans plusieurs Coins Hoards (CH V, 17 ; CH VIII, 96, CH IX, 387, TPQ : 390-385 avant J.-C.) avant de faire l’objet de cette publication. Le trésor a été découvert en Turquie en 1977, dans la basse vallée du Méandre, entre Milet et Éphèse. Il contenait plus de 342 monnaies d’argent dont 20 tétradrachmes de Cnide, dont aucun pour notre magistrat. C’est R. H. J. Ashton qui a étudié le monnayage de la cité. Pour le magistrat Timotelès, aucune monnaie n’était recensée avant 1981 et elle font leur apparition sur la marché numismatique entre cette date et 2001 avec deux périodes de prédilection 1981-1982 pour la première et 1997-2001 pour la seconde. Nous pourrions alors imaginer deux apports différents, voire deux trésors successifs dont le premier pourrait directement venir de ce dépôt.
Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT