RÉFLEXIONS SUR LES RÉSULTATS DES VENTES EN 2021 (par Yves Blot)

Bien que dans la majorité des médias, les nouvelles se veuillent « rassurantes » dans la mesure où les gouvernements des différents pays font face à la crise sanitaire qui d’ailleurs n’est pas encore finie, on peut se poser des questions quant aux répercussions sur de nombreux domaines économiques comme la bourse, l’immobilier et dans le cas précis que je veux aborder celui de la numismatique.

Pour entrevoir ce qui est susceptible d’arriver dans le futur, il faut donc remonter dans le temps, c’est à dire quelques mois en arrière, pour essayer de comprendre. Le déclencheur de la situation actuelle est sans aucun doute l’apparition du virus, mais le contexte de détérioration économique est bien antérieur. Afin de faire face au problème sanitaire qui a entraîné la paralysie de l’économie, la solution a été l’impression monétaire sans précèdent. On pourrait se demander quel est le rapport entre d’une part l’impression monétaire, d’autre part les économies réalisées par de nombreuses personnes à cause du confinement et la numismatique. À première vue, il n’y a aucun rapport direct, mais en fait c’est la valeur « refuge » qu’une monnaie de collection peut offrir. Quand la situation économique est florissante, cela a tendance à se répercuter sur le prix de certains actifs comme la bourse, l’immobilier et les objets d’art de certains domaines et cela arrive également lors de crises économiques, où ces mêmes actifs en plus de l’or représentent des valeurs refuges.

Il est évident que, dans le cas de la numismatique, les monnaies courantes auront peu tendance à augmenter en prix. Par contre les monnaies rares et de qualité devraient logiquement voir leur prix augmenter, mais qu’en est-il dans la réalité ?

La meilleure façon de vérifier cela est de regarder les ventes aux enchères et de suivre l’évolution des prix du marché. Il est impossible de généraliser pour toutes les monnaies mais cela va nous donner une tendance qui pourra être constatée ou pas dans le courant de l’année 2021.

Bien évidemment, les pièces présentées dans le tableau sont de qualité et pour quelques-unes exceptionnelles, de même que les prix réalisés qui sont exceptionnels !

On peut remarquer que la 2€ 2007 Monaco Grace Kelly a été frappée à 20 001 exemplaires en qualité proof. Par conséquent,  cette monnaie n’est pas rare dans les très hauts états de conservation et cependant, elle atteint déjà le prix de 2 700€ sur ebay, ce qui signifie qu’elle tourne très probablement autour de 3 200€/3 500€ chez les professionnels.

J’étais en attente de la clôture de la vente Live chez CGB pour finir cet article et je constate les très bons résultats obtenus pour quelques monnaies qui d’ailleurs ne m’étonnent pas particulièrement. La 5 francs 1815W avec une cote de 4 400€ s’est vendue 7 700€, mais c’est jusqu’à présent le plus bel exemplaire connu. Par contre le Louis d’or de Louis XVI qui est une monnaie très courante est parti à 5 300€, bien évidemment la qualité était présente. Quant à la 20 francs de 1870A de Napoléon III en FDC avec une cote de 1 200€, elle a atteint le prix de 4 000€.

Le constat est sans équivoque, de nos jours lorsqu’une pièce pas trop courante apparaît sur le marché dans une qualité hors du commun, il n’y a pas de cote possible ni d’estimation possible, cela dépasse parfois l’entendement et la logique !

Cependant, il est bon d’aller plus loin dans la réflexion et de se demander pourquoi aujourd’hui et en pleine crise sanitaire les prix s’envolent de cette façon ? En réalité, le problème sanitaire n’est pas le coupable de cette envolée des prix, mais les conséquences économiques qui en découlent et qui ont mis en évidence les dettes colossales de nombreux pays, ainsi que le remède à cette crise, à savoir l’impression monétaire illimitée des banques centrales !

Comment justifier que le taux d’intérêt du bon d’État à 10 ans de l’Espagne soit à 0% ou celui de la Grèce à 0,6 % ? Il ne faut pas oublier que ce taux d’intérêt représente la prime de risque liée à cet emprunt ! Nous savons tous que ces pays ont des difficultés économiques très importantes et que par conséquent le risque est très élevé !

Tout cela ne veut plus rien dire. Il n’y a rien de rationnel dans la situation économique actuelle. Dans ces conditions très particulières, des personnes choisissent de « placer » l’argent différemment et un de ces choix est la numismatique et en particulier le haut de gamme !
A mon avis, le prix des belles pièces va continuer à évoluer ou se maintenir à des niveaux très élevés car la demande est très forte et l’offre est limitée et non extensible !

La bonne monnaie chasse la mauvaise et c’est ce qui est en train de se passer !

Par ailleurs, j’ai constaté que les belles monnaies sont moins abondantes lors des ventes aux enchères, ce qui me fait penser que certains collectionneurs préfèrent dans un contexte économique compliqué garder leurs collections ? Il se peut également que les grandes collections aient été dispersées dans le passé et que par conséquent de nos jours les belles pièces sont éparpillées à travers le monde ?

La plus importante vente de l’année chez Heritage qui se tient en janvier aux USA a vu le nombre de lots passer de 4 000/5 000 en temps « normal » à 2 000, ce qui est très significatif.

Étant donné que le problème sanitaire n’est pas encore réglé, de nombreuses activités sont décalées ou annulées et il faut reconnaître que les ventes aux enchères numismatiques sur Paris en 2020 et en ce début d’année ont été rares et il en est de même dans de nombreux pays.

Une chose est sûre, les amateurs qui ont acheté dans le passé des monnaies de qualité ne vont pas perdre, bien au contraire.

Voici quelques images des lots référencés dans le tableau.

Image courtoisie de MDC Monaco

Image courtoisie de MDC Monaco

Yves BLOT