Depuis quelques semaines, nous vous proposons des écus royaux provenant de l’importante collection YVAN D’ANDRE. Un ensemble de plus de 2 000 écus royaux français de 1726 à 1793 qui vont rejoindre progressivement la boutique des monnaies royales sur le site internet de Cgb.fr.
Laissons le nous présenter ci-dessous le cheminement de sa collection…
1° LES PRÉMICES
Au début des années 70, je travaillais à Pantin (dans l’administration des Douanes!) et je disposais de deux heures de liberté pour la pause du déjeuner. J’en profitais souvent pour me promener à l’Hôtel Drouot et rêver devant tous ces objets destinés à la vente. Mais le quartier de l’Hôtel Drouot est proche du quartier des numismates et de leurs vitrines. J’ai donc commencé par acheter quelques grosses pièces d’argent du XIXe siècle, très abordables. (Écus de 5 francs Louis-Philippe, Napoléon III, etc.) C’était le début, très modeste, d’une collection. J’ai acheté quelques catalogues et aussi, la revue Numismatique et Change. Puis, ce fut mes premiers achats de quelques écus de 6 livres de l’Ancien Régime. J’étais très impressionné par ce voyage dans le temps.
2° L’ILLUMINATION
C’est justement dans Numismatique et Change que mon attention fut attirée par l’arrivée en France du Livre de Sobin The silver crown of France publié en 1974. L’américain Sobin, après des années de recherche, a tenté (avec succès) de calculer le taux de survie des écus de l’Ancien Régime, par millésime et par atelier. Un travail prodigieux et sans précédent. J’ai pris conscience de la relative rareté des écus de l’Ancien Régime. Leur prix, pourtant assez modeste, résultant, en fait, de l’étroitesse du marché numismatique. Le travail de Sobin a donc concentré mon attention sur les écus de l’Ancien Régime. Ma motivation était, si j’ose dire, de « vérifier » le travail de Sobin. Mais j’ai, rapidement, été charmé – au sens fort du terme – par ces écus, leur variété, le nombre d’ateliers, etc.
3° L’ACCUMULATION
C’est vers la fin des années 70 que j’ai commencé à acheter régulièrement des écus de 6 livres. Mais en petite quantité car mes moyens étaient très réduits et j’avais d’autres priorités (acheter un logement, etc.). Le fait d’habiter la région parisienne facilitait les choses, avec sa concentration de boutiques numismatiques et ses salons spécialisés. Pendant des années mes achats resteront très faibles. Pourtant mon intérêt pour la question ne faiblissait pas et le « Sobin » restait ma bible. Je complétais, bien sur, ma documentation par d’autres ouvrages, dont les livres de Droulers, particulièrement intéressant pour l’étude des ateliers. Mais le « Sobin » restait ma référence. Je suis nul en anglais, mais j’arrivais très bien à me débrouiller avec le « Sobin ». (ce que le passion peut obtenir !) Ce n’est qu’après une longue période de refroidissement « théorique » que j’ai enfin eu les moyens d’acheter sérieusement ces fameux écus, c’est-à-dire en 1998. Le petit tableau ci-dessous précisera l’évolution du stock dans le temps. On observe une forte accélération des achats en fin de période. J’arrête d’un seul coup et de façon définitive mes achats en 2016. C’est la fin de l’accumulation.
4° MA MÉTHODE D’ACCUMULATION
Après quelques tâtonnements de débutant, ma méthode s’est fixée assez vite. Un critère unique : acheter en qualité TB ou TTB au meilleur rapport qualité/prix. Ne pas tenir compte des ateliers ou du millésime. Il faut dire, d’ailleurs, que le marché étant tellement faible, que les vendeurs ne tenaient pas compte de ces critères. Ensuite, après mes achats, j’avais le plaisir de les confronter avec les taux de survie de Sobin. Tout ceci ne pouvait que confirmer les résultats de l’extraordinaire travail effectué par Sobin. La plus grosse partie de mes achats a été réalisée lors de salons numismatiques de Paris et de sa région. Mais certains achats ont été effectués dans des boutiques. J’ai aussi utilisé les « listes à prix marqués » mais pratiquement jamais les ventes aux enchères. (sauf une fois, une vente aux enchères belge) Que dire au sujet du taux de survie de ces écus ? On peut remarquer, comme l’a fait Sobin, une certaine sur-représentation relative des écus à la vieille tête », sans trouver d’explication. Pour ne pas trop me disperser, j’ai renoncé à acheter les « écus constitutionnels ». Par contre, j’étais tout de même intéressé par les écus de 1793 (« convention »). Impressionnant témoignage de la fin tragique de l’Ancien Régime.
5° CONCLUSION
J’ai pris beaucoup de plaisir à collectionner les écus de 6 livres. Une étrange relation arrive à se créer entre des objets que l’on aime bien et soi-même. Une sorte d’envoûtement. Mais cette aventure ne pouvait pas continuer indéfiniment et j’ai arrêté brutalement cette collection en 2016. D’ailleurs, je n’avais pas d’héritier capable de s’intéresser à ce sujet et, donc, éventuellement, prendre la suite. Enfin, l’âge étant là, je souhaitais passer à autre chose : épargner et me constituer un petit capital pour augmenter ma modeste retraite (toujours la nécessité de concentrer ses forces). La décision ultime a été prise : me séparer de cette collection en 2024.
Yvan D’ANDRE