J’achète de préférence des monnaies gradées, je suis en faveur de ce système et cela pour plusieurs raisons :
- C’est une protection contre les pièces fausses et/ou altérées. Malheureusement l’altération des monnaies n’est pas rare et pour un collectionneur ce n’est pas toujours évident de « voir » qu’une légère strie sur la joue a été habilement effacée, ou une chevelure très légèrement retouchée… comment prendre en compte un nettoyage, est-il léger ou pas ?
- C’est une garantie pour l’acheteur qui peut être très loin.
- L’évaluation est objective et elle est reconnue mondialement pour les monnaies gradées NGC et PCGS principalement.
- Le support protège la monnaie des coups, salissures…
- Cela simplifie l’opération de vente, l’acheteur ne peut pas vous dire « c’est un TTB, elle a les défauts suivants… alors que la monnaie est gradée MS62 » et vous pouvez vendre n’importe où.
- L’estimation de votre collection est beaucoup plus précise et simple pour vous et vos héritiers ; pas besoin d’experts ou de professionnels. D’une part vous risquez moins de vous faire « rouler dans la farine » par un acheteur potentiel et d’autre part vous pouvez chercher sur internet des monnaies identiques à la vôtre apparues lors de ventes aux enchères et noter les informations qui vous intéressent. Surtout, ne pas tenir compte des sites qui vous donnent une estimation, regarder uniquement les résultats de ventes aux enchères qui sont le vrai indicateur du marché numismatique.
Il faut cependant remarquer que ce système d’évaluation de l’état d’usure d’une monnaie n’est pas parfait, ce n’est pas d’une rigueur mathématique pour la simple raison que cela ne peut pas être ainsi.
Si par exemple on fixait que pour qu’une monnaie soit considérée MS62 (SUP), il faudrait au maximum cinq petites marques, plusieurs questions se poseraient alors :
- Qu’est-ce qu’une petite marque ? Cela correspond à une certaine taille ou à une certaine profondeur ?
- Est-ce qu’une monnaie avec six très petites marques ne va pas être MS62 alors qu’une autre avec cinq marques plus importantes va être MS62 ?
En réalité, c’est impossible à résoudre pour la simple raison que ce n’est pas possible.
Personnellement, je considère que ce système est valable pour les monnaies frappées à partir de 1800 approximativement, par contre il est bien plus délicat à utiliser pour les frappes antérieures. A mon avis, on ne peut pas utiliser les mêmes critères d’évaluation pour une monnaie qui a 400 ans ou 50 ans. CEPENDANT, étant donné qu’il y a un seul et unique critère d’évaluation, c’est alors le même qui s’applique à toutes les monnaies à exception des très anciennes, romaines, grecques…et cela je le comprends parfaitement.
J’ai entendu à maintes reprises des experts et professionnels montrer leur désaccord avec ce système d’évaluation avec des propos qui se résumaient ainsi : les grandes maisons de vente ont « droit » à un grading plus soft.
Bien évidemment je comprenais cette réaction. D’une part le rôle d’expert disparaissait, et avec lui le grading : une fois qu’une monnaie est sous coque, quelle est la valeur ajoutée de l’expert ? D’autre part, on évite ainsi l’évaluation subjective du vendeur telle que TTB++, presque SUP, SUP-…
Avec le temps, j’ai pu constater que quelques monnaies qui étaient vendues non-gradées et que je savais nettoyées pour les avoir vues personnellement, réapparaissaient ultérieurement dans d’autres ventes mais cette fois gradées PF62 ou SP62. Sachant que dans le cas d’une monnaie légèrement nettoyée, celle-ci n’a pas de grade mais sera UNC- cleaned, comment est-il possible que ces monnaies que je savais nettoyées - et pas légèrement -, soient gradées ?
J’ai actuellement la réponse et je vous la soumets car il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre ce qu’il en est. D’autant que cette information peut vous être très utile au moment de faire des choix, surtout dans le cas où vous n’avez pas vu physiquement une monnaie susceptible de vous intéresser :
Comme vous le savez, il existe pour certaines monnaies une frappe pour la mise en circulation et une frappe d’essai que l’on connait sous l’appellation de flan bruni. De façon générale, les essais antérieurs à 1900 sont très recherchés et en général très chers, car ils sont dans la majorité des cas rares.
En fait, la façon de grader ces deux types de frappe est différente, c’est-à-dire que les paramètres pris en compte entre la frappe normale et l’essai ne sont pas les mêmes. Cela peut sembler paradoxal et à mon avis ça l’est, mais c’est la réalité et en voici l’explication :
Une monnaie émise pour la circulation sera évaluée par rapport à son usure due à la circulation. Par contre, un nettoyage n’est pas « normal », ce n’est pas dans l’ordre logique des choses. Maintenant, un flan bruni n’a pas été frappé pour être mis en circulation. Par conséquent, il ne devrait présenter aucune usure. Par contre, étant donné qu’il va reposer sur un plateau pour être présenté, il est logique de penser que, ma foi, la monnaie peut être nettoyée afin d’améliorer son visuel.
Pour conclure, avec le même nettoyage important sur une monnaie NEUVE de frappe courante et un flan bruni, la première sera obligatoirement UNC –cleaned, par contre la deuxième sera éventuellement PF61 ou PF62.
Donc dans le cas d’essais gradés 61 ou 62, il faut regarder de très près la monnaie car on peut avoir de mauvaises surprises. Le problème majeur surgit quand vous n’avez pas vu la monnaie en personne et que vous comptez entièrement sur le grade ; malheureusement une fois la monnaie payée, il n’y a aucun moyen de la rendre car le vendeur va s’appuyer sur le fait que la monnaie est gradée, qu’il n’a rien à voir avec l’évaluation de la qualité de la monnaie et par conséquent qu’il n’est en rien responsable.
Personnellement je n’ai rien de particulier contre les monnaies nettoyées dans la mesure où le prix de vente sera inférieur à celui de la monnaie non nettoyée et que je le sais en toute conscience. Le problème fait surface lorsque qu’une monnaie est gradée et que je pense à tort que tout est indiqué dans le grade.
Il y a également quelque chose qui me chagrine avec le grading, c’est le fait que les défauts d’origine d’une pièce ne sont pas pris en compte et cela en particulier pour les monnaies anciennes telles que les royales.
Les stries d’ajustage sont très courantes sur les monnaies royales et, selon la profondeur et la localisation des stries, cela peut être pénalisant. Je vous présente deux monnaies qui ont exactement le même grade et je vous laisse comparer.


De toute évidence le prix de vente de ces deux monnaies sera complètement diffèrent, car les collectionneurs ne sont pas aveugles, c’est bien pour cela qu’il faut bien regarder la monnaie et pas le grade.
Je ne rejette pas la faute sur les maisons de grading, car c’est très difficile dans de nombreux cas pour les royales par exemple d’avoir un certain critère cohérent, tout simplement à cause de la qualité de la frappe, des coins, des flans, l’ajustage… Il faut juste le savoir.
Finalement, j’ai entendu dire que l’on trouvait des monnaies fausses gradées, ce en quoi j’ai des doutes. Je veux bien admettre que parmi 20 ou 30 millions de monnaies gradées, quelques-unes aient des problèmes, mais il ne faut pas confondre fausse et refrappe, chose qui est tout à fait différente. Je m’explique : dans le cas des 2 sols et des demi-sols à la table de loi, qui sont des monnaies qui remontent à la Révolution française, il existe des refrappes, mais très souvent on trouve ces types de monnaies gradées or il n’est pas indiqué que c’est une refrappe. Cependant, je tiens à signaler que dans les années 80 ou 90 en France, pour de grands experts comme par exemple Jean Vinchon, dont on ne peut pas mettre son honnêteté et ses compétences en doute, car c’était un expert hors pair, ces pièces étaient considérées comme une frappe de l’époque révolutionnaire. C’est par la suite qu’il a été démontré qu’il existait une frappe postérieure que les professionnels différencient de nos jours.
Dans de nombreux domaines de collection, il faut avoir des connaissances solides et je le conseille fortement, car ces monnaies ne sont généralement pas gradées (car très difficiles à grader) et l’amateur vole donc de ses propres ailes, avec les risques que cela suppose.
Yves BLOT