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MICHEL DHÉNIN (1946-2025) : SOUVENIRS, SOUVENIRS !

| 09/09/2025
Informations

Des hommages, Michel va en être paré dans de nombreux bulletins et revues à venir. C’est plus une série de témoignages personnels que je voudrais vous livrer qui vous permettra de découvrir l’homme derrière le numismate. 

Il est toujours triste d’annoncer le décès de quelqu’un. Cela vous touche encore plus, quand vous avez bien connu cette personne et qu’elle est âgée seulement d’une dizaine d’années de plus que vous. Comme je le dis souvent, je préfère honorer les vivants que les morts. Mais ce sera rendre justice à un grand Numismate que d’évoquer l’image de Michel Dhénin. Et pas n’importe quelle image, ma vision personnelle de Michel, qui si je ne l’avais pas rencontré, je ne fus peut-être pas devenu celui que je suis !

Tout débute en 1979 à la rentrée universitaire, une mauvaise chute (déjà) m’oblige à me déplacer plâtré avec des béquilles. C’est dans ces conditions que j’ai monté les trop nombreuses marches du grand escalier de la Bibliothèque Nationale de France, aujourd’hui disparu et remplacé par celui, métallique en colimaçon que nous gravissons quand nous rejoignons l’ancien Cabinet des Médailles devenu le musée du département des monnaies, médailles et antiques (BnF/ DMMA). Passés la porte d’entrée et son service d’ordre, je suis accompagné jusqu’à la salle Barthélémy où je dois rencontrer le conservateur de service. Au milieu de cette salle sombre et lambrissée, entre d’austères médailliers et la trop fameuse table des lecteurs, derrière un bureau surélevé en bois sombre, je découvre Michel Dhénin, conservateur au Cabinet des médailles de la BnF/ DMMA chargé des collections (monnaies gauloises, mérovingiennes, carolingiennes, royales, féodales et modernes) jusqu’à sa retraite.

Entré jeune au Cabinet des médailles dans les années 70, il y a effectué l’ensemble de sa carrière. Beaucoup d’entre vous ont eu l’occasion de le côtoyer, de l’interroger ou de le visiter. Toujours à l’écoute et disponible, il a formé de nombreux numismates.

C’est avec un sourire malicieux et cette voix si mélodieuse et reconnaissable qu’il m’accueille simplement et prend des nouvelles de mon état. En fait je l’ai rencontré un peu avant, à l’École du Louvre où il enseigne la Numismatique pour un cycle de trois ans. Le premier cours général où nous sommes à l’époque nombreux débute par une diapositive illustrant le trop fameux village gaulois, peuplé d’irréductibles et qui inaugure son cycle de conférences sur la monnaie celtique. Le « Prof » n’a pas trente ans. Il est fin, derrière de petites lunettes et porte les cheveux longs. Juvénile, on pourrait penser qu’il est en fait un élève. Mais dès qu’il débute son cours, derrière cet aspect, on découvre un pédagogue, un passionné qui sait rendre vivante la matière qu’il enseigne et où normalement, on rencontre des personnes beaucoup plus âgées et parfois, moins drôles.

L’objet de ce rendez-vous est une prise de contact pour le jeune étudiant en licence d’Histoire qui s’intéresse déjà aux Monnaies. Michel m’invite à m’inscrire à l’École Pratique des Hautes Études (IVe section, sciences historiques et philologiques afin de suivre les séminaires de Jean Lafaurie (1914-2008) qui y professe les mardis et vendredis après-midi, en digne successeur de Pierre Le Gentilhomme (1909-1947), la numismatique romaine et du Haut Moyen Âge. Je vais bien entendu suivre ce conseil, à l’origine de ma vocation et où quarante-six ans après, je suis toujours auditeur. Au premier cours où je me rends, je suis surpris d’y retrouver Michel, nom pas comme enseignant, mais comme participant à ce séminaire. Malgré la difficulté pour rejoindre le premier étage de la Sorbonne (Escalier E) j’ai passé dans ces salles les meilleures années de mon apprentissage numismatique y côtoyant de grands savants, des humanistes, de simples collectionneurs ou curieux, tous logés à la même enseigne, l’école de la République où seul le savoir a de la valeur, où seule la connaissance constitue vos titres ou lettres de noblesse, une école de l’Égalité et du partage. J’y ai passé quatre de mes meilleures années qui ont été formatrices, m’ont ouvert les voies qui devaient conduire à ce que je suis devenu, un numismate, du moins je l’espère.

Toujours la même année et dans les mêmes conditions, au cours de l’une de mes visites au Cabinet des médailles, Michel Dhénin m’invite à postuler afin de devenir membre correspondant de la Société Française de Numismatique (SFN) qui se réunit chaque premier samedi du mois, dans la salle Émilie du Châtelet ou plus rarement dans la grande salle du salon Louis XV du Cabinet des médailles. Fondée en 1865, elle publie le Bulletin de la Société Française de Numismatique (BSFN, né en 1945) et la Revue Numismatique (RN, créée en 1836). Présenté en novembre, je suis élu en décembre 1979 avec comme parrain, Michel Dhénin et le Bureau. Commence là aussi une très longue quête qui dure encore aujourd’hui.

Pendant les trois décennies suivantes, nos chemins vont se croiser et s’entrecroiser aux réunions de la SFN, au Cabinet des médailles de la BnF, lors des Journées Numismatiques de la SFN ou de colloques. C’est d’ailleurs à cette occasion, en 2009, lors d’un colloque à Orléans, que nous nous étions retrouvés dans une ambiance conviviale et dont sont issues les photos illustrant cet article (communiquées grâce à l’amabilité de l’Association Numismatique du Centre, ANC et de Pascal Brisson, son secrétaire). Je vais retrouver Michel Dhénin à l’EPHE pendant quelques années après qu’il ait succédé à Jean Lafaurie à la chaire de numismatique Médiévale, détenue aujourd’hui par Marc Bompaire qui a pris sa suite avec l’intitulé « Numismatique et économie monétaire de l’Occident médiéval et moderne. »

Depuis qu’il était en retraite, nous nous étions perdus de vue alors qu’il était mon voisin d’une dizaine de kilomètres. Je l’avais revu lors d’un salon au Plessis-Trévise où il cherchait des timbres sur les orchidées. Outre un numismate reconnu, il était aussi un botaniste averti et après les monnaies, aux fleurs, il a consacré ses dernières années. Nous avions eu, grâce à l’intervention d’Arnaud Clairand, le plaisir de le retrouver en février dernier lors d’une réunion mensuelle de la SFN en distanciel où il était intervenu, toujours avec la même verve, ce sens de l’humour et cette précision dans le propos.

Michel nous a quittés le 3 juillet 2025. Je l’ai souvent écrit et je le crois sincèrement, tant que nous pensons ou évoquons nos disparus, ils ne sont pas complètement morts, vivant dans notre souvenir et nos mémoires, merci Michel pour moi en particulier et la numismatique en général.

Laurent SCHMITT

 

 

 

 

 

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