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Si aujourd’hui, dans les manuels d’histoire, Maximien est toujours accompagné de son épisème (symbole parlant) Hercule, il est beaucoup plus rare de le rencontrer avec les oripeaux du demi-dieu, à savoir la léonté (dépouille du lion de Némée, symbole de son premier des douze travaux) et la massue. Cependant, dès la création de la Dyarchie en avril 286, la répartition des rôles semble avoir été établie entre Dioclétien, premier auguste, d’essence jovienne, rattaché à Jupiter et Maximien, d’essence herculéenne, lié à Hercule. À Lyon, nous rencontrons des bustes herculéens (G*1 ou G*2) dès la deuxième émission pour les aurei et un denier (Bastien, Le monnayage de l’atelier de Lyon, Dioclétien et ses corégents avant la réforme monétaire (285-294), NR VII, Wetteren, 1972, p. 121, n° 30-31 & 34 (aurei), 35 (denier) pl. III et quinaire (B 42α et corr. pl. II du supplément I). Il faut attendre la quatrième émission de l’atelier de Lyon (287) pour rencontrer un tel buste (G1) pour les aureliani (B., p. 140, n° 127, 130 & 131, pl. VIII-IX et 134α, pl. II du supplément I, 128, 136g du supplément II, pl. XVI.-XVII). Dès l’émission suivante (287-289), nous retrouvons le même buste (G1) associé à Maximien (B. 180, 186, 190, 197, 202, 205, pl. XII à XIV, 186a du supplément II, pl. XVII, pour la deuxième officine (S), (B. 219) pour la troisième). Après cette émission, le buste herculéen de Maximien se fait plus rare (B. 335, pl. XXIV, 384, pl. XXVII-XXVIII) pour la septième émission. Ce type n’est ensuite plus repris jusqu’à la réforme en 294 pour les cinq dernières émissions lyonnaises d’aureliani. Il n’est pas non plus utilisé par Constance, césar associé dans le nouveau système tétrarchique à Maximien et identifié aussi à Hercule à compter de mars 293.
Tout va changer avec la réforme monétaire de 294, où le buste herculéen fait son apparition lors de la troisième émission des folles lyonnais en 296 pour Maximien (buste G*1, B 38, pl. V), puis la suivante en 297 (B. 75 et 78, pl. IX) toujours pour Maximien (buste G*1). C’est encore Maximien que nous retrouvons toujours avec le buste G*1 (B 114, pl. XII). Il faut attendre la huitième émission (300-304) pour découvrir Constance, associé au même buste (B 165, pl. XVI)
MAXIMIEN HERCULE
(10 décembre 285 – février 310)
Auguste I (1er avril 286 - 1er mai 305)
Marcus Aurelius Valerius Maximianus
Maximien naît à Sirmium vers 250. Il a « le front bas, la figure ridée, le nez en trompette, le menton et le cou épais, la barbe hirsute » d’après « Les empereurs romains », p. 119. Cette description ne ressemble pas tellement aux portraits des argentei, stéréotypés et pas forcément reconnaissables. Il est choisi par Dioclétien pour le seconder. Il est d’abord césar, puis auguste à partir d’avril 286, et c’est la fondation de la Dyarchie. Maximien s’installe à Trèves et doit lutter contre les invasions barbares et l’usurpation de Carausius en Bretagne. En 293, à la création de la Tétrarchie, il est secondé par Constance Chlore. Dioclétien oblige Maximien à abdiquer le 1er mai 305. Il accepte mal la retraite et va soutenir son fils Maxence quand celui-ci s’empare de Rome le 28 octobre 306. Il reprend du service comme auguste en 307 et aide Constantin à qui il donne sa fille Fausta en mariage. Maximien est contraint d’abdiquer à la conférence de Carnuntum, le 11 novembre 308. Une dernière fois, il reprend la pourpre début 310 à Marseille avant de se suicider ou d’être assassiné.
Follis, Lyon, 300 – mi 304, 8e émission, 2e officine, 1re phase, 300-302
(Ae, 9,25 g, 27 mm, 6 h) taille 1/32 L., poids théorique : 10,15 g, 12,5 puis 25 deniers

A/ IMP C MAXIMIANVS AVG
« Imperator Cæsar Maximianus Augustus », (L’empereur césar Maximien auguste).
Buste lauré et cuirassé de Maximien Hercule à gauche, vu de trois quarts en avant avec la léonté sur l’épaule et tenant de la main droite la massue (G*1).
R/ [GENIO] POP-VLI ROMANI/ (autel)|B// PLG
« Genio Populi Romani », (Au Génie du Peuple romain).
Genius (Génie) debout à gauche, coiffé du modius, le manteau sur l’épaule gauche, tenant une patère de la main droite et une corne d’abondance de la main gauche.
C 220– RIC VI/ 85– B 196, pl. XVIII-XIX (11 ex.)
B. supp 3/ 196 e
Exemplaire sur un petit flan. Portrait magnifique au droit avec les détails de la léonté visibles sur l’épaule. Décentré au revers sur la légende. Jolie patine noire.
Très rare. SUP/ TTB+ 750€ / 1 500€
Exemplaire spectaculaire avec la représentation de Maximien en Hercule d’où son surnom. Rubans divergents : ruban antérieur descendant sur le cou et ruban postérieur descendant verticalement (type 2). Armure lisse. Malgré la rareté du type nous n’avons relevé aucune liaison de coin pertinente pour ce spectaculaire nummus. Prendra le numéro 196 e dans le Supplément III du Bastien.

Maximien Hercule, G1*
Ce type de buste est lié directement au système dyarchique (gouvernement à deux), puis tétrarchique (idem, mais à quatre), où Maximien Hercule et Constance Ier Chlore sont d’essence herculéenne tandis que Dioclétien et Galère sont, eux, sous la protection de Jupiter. Le rôle prophylactique de ce type de buste est indéniable. Hercule, héros, est invincible. Le recours à ce type de buste est lié aux opérations militaires, nombreuses, qui obligèrent Maximien à guerroyer en Gaule au début de son règne, en Afrique en 297-298, tandis que son César procédait à la reconquête de la Bretagne. Pour ce type, Pierre Bastien avait recensé treize exemplaires en 1980 dont deux seulement avec la césure POPV-LI. Le docteur Bastien signalait d’autre part que l’exemplaire du Kunsthistorisches Museum de Vienne, collection Voetter n° 67.476 - Bastien n° 196d, pl. XIX - avait un Génie portant l’himation au lieu du manteau sur l’épaule.
Cet exemplaire provient de la collection Daniel Compas, MONNAIES XXVII, n° 319 et de MONNAIES 55, lot n° 295.

Maximien Hercule, G1*
Vous l’aurez compris, le buste herculéen (G*1) est une longue péripétie avec Maximien dit Hercule associé à partir de la huitième émission de l’atelier de Lyon à son césar, Constance, d’essence herculéenne aussi. Les bustes herculéen des folles sont infiniment plus rares que ceux des aureliani. Ne vous y trompez pas et n’hésitez pas à vous procurer cet exemplaire qui n’était pas repassé en vente depuis plus d’une décennie et qui provient de l’une des collections lyonnaises les plus connues. En trois décennies, nous avons proposés onze folles différents avec un buste herculéen (G*1) dont sept pour Maximien Hercule, celui-ci compris et quatre pour Constance.
Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT
* Exemplaires en vente sur la boutique Cgb.fr