Loire-Atlantique, Terre de trésors : une exposition à ne pas rater !

L'exposition Loire-Atlantique, Terre de trésors organisée par le musée Dobrée de Nantes et Grand Patrimoine de Loire-Atlantique se tiendra du 5 avril au 29 septembre 2019 au château de Châteaubriant. L'exposition présente l’ensemble des trésors monétaires (Plus de 3000 pièces) découverts dans le département depuis 150 ans et conservés jusqu'à présent au Musée Dobrée.

Le 27 mars, Gildas Salaün, chargé des collections de numismatique et sigillographique au service Grand Patrimoine de Loire-Atlantique, nous a fait découvrir en avant-première l’exposition Loire-Atlantique, Terre de trésors dont il est commissaire. Cette exposition, à l’accès gratuit, sera présentée au public du 5 avril au 29 septembre 2019 dans le château de Châteaubriant, site géré par le Département de Loire-Atlantique (photos 597) ; la visite guidée du château est possible pour la modique somme de 3 euros.

L’espace dévolu à l’exposition Loire-Atlantique, Terre de Trésors s’étend sur 300 m². Cette exposition présente une partie des collections numismatiques du Musée Thomas Dobrée – actuellement fermé pour travaux. Pour la première fois sont présentés les différents trésors monétaires découverts depuis près de 150 ans dans le département de la Loire-Atlantique. Le visiteur n’y trouvera pas l’ensemble des dépôts monétaires découverts dans ce département, mais tous ceux conservés au Musée Thomas Dobrée et propriété du Département de Loire-Atlantique (service Grand Patrimoine), organisateur de cette exposition. Les collections sont particulièrement riches et ce ne sont pas moins de 48 communes qui sont représentées dans cette exposition au travers de 2934 pièces.

D’emblée le visiteur sera marqué par l’attention particulière apportée à la scénographie et à l’éclairage. La monnaie est souvent un casse-tête pour les scénographes en raison de sa petite taille et des deux faces. De grands panneaux explicatifs, des dessins, des agrandissements photographiques permettent une approche didactique des différents objets sélectionnés. Le contexte de découverte est systématiquement donné. Chaque monnaie rare et isolée est accompagnée d’une identification précise. Une part belle est faite aux enfants, avec des énigmes à résoudre, permettant de retrouver un code et d’ouvrir, en fin de visite, un coffre rempli de pièces en chocolat. Un espace onirique autour de contes, chansons et légendes, avec des enregistrements audios – en anglais et français – est réservé aux plus jeunes. Une salle séparée abrite des dessins de monnaies propres au coloriage, des programmes ludiques de mémorisation ou de nettoyage virtuel de monnaies qui ont été spécialement élaborés pour cette exposition.

Le cheminement de l’exposition a été organisé suivant un parcours chronologique. Sont d’abord présentés deux dépôts monétaires de haches à douille en bronze. Ces haches contenaient une telle proportion de plomb, qu’elles ne pouvaient être utilisées à des fins de coupe ; il s’agissait avant tout de réserves métalliques. À ce titre, il s’agit des premiers dépôts dits « monétaires » puisque constitués dans un esprit de thésaurisation, sans que ces haches revêtent la forme ronde des monnaies que nous connaissons actuellement.

De nombreux statères gaulois, parfois très rares et issus de trouvailles isolées, sont également exposés dans des vitrines dédiées. Le trésor de Pannecé 2 (III^e siècle) y tient une bonne place. J’ai eu plaisir de voir pour la première fois cet ensemble. Pour la petite histoire, en 2002, les inventeurs avaient contacté CGB et fait part de la découverte de poteries remplies de monnaies, l’un d’elle ayant été vidée partiellement. Nous leur avions conseillé de ne pas vider la poterie et pu les mettre immédiatement en relation avec le Service Régionale de l’Archéologie basé à Nantes pour déclaration et prise en charge. L’étude s’est révélée très fructueuse et la poterie a été découpée par bandes de 5 cm par le laboratoire Arc’Antique.

L’opération de démontage a mis en évidence la présence de 19 sacs. Le travail des restaurateurs est bien exposé et expliqué à l’aide de panneaux ou avec la présentation de monnaies nettoyées à moitié seulement. L’étude de ce dépôt monétaire, 17 ans après sa découverte, n’est toujours pas publiée et manque cruellement aux communautés scientifiques des numismates et des archéologues ! De manière à se donner une idée de la masse que représentait ce dépôt monétaire composé de plus 41200 antoniniens, Gildas Salaün a pu trouver une entreprise qui a réalisé 40000 flans de cuivre de 25 mm de diamètre pesant 108 kg.

Ces flans sont présentés dans un bac de manière à pouvoir être manipulés par les visiteurs. À défaut de pouvoir toucher les monnaies antiques de Pannecé II, le visiteur a tout loisir ainsi de se remettre dans la peau de l’ancien propriétaire de ce trésor ! Le denier unique de Tétricus II père découvert dans ce trésor est bien entendu mis en valeur. Le visiteur trouvera une galvanoplastie de l’antoninien de Domitianus (271), connu à deux exemplaires qui, absent des collections numismatiques nationales, a été mis en dépôt par le Département de Loire-Atlantique au département des Monnaies Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France (Cabinet des médailles de Paris). Cet antoninien, découvert en 1901 dans le trésor monétaire des Cléons en Haute-Goulaine, a longtemps été considéré comme un faux. En 2009, la découverte d’un second exemplaire en Angleterre a permis de lever tout doute au sujet de son authenticité. Le trésor de la Chapelle-Launay est également présenté avec son aureus de Postume, ses six cuillères en argent et une bague épigraphe. Des moules d’antoniniens découverts en octobre 1909 à Rezé sont présentés et accompagnés de panneaux expliquant les procédés de fabrication par coulée. Le Moyen-Âge et la période moderne sont bien représentés avec notamment de nombreuses monnaies ducales et les trois coupes du trésor d’orfèvrerie du Gâvre enfouit vers 1366 et découvert en 1859. Le XIX^e siècle n’est pas en reste, avec quelques monnaies du dépôt monétaire de Clisson vendu par l’intermédiaire de la CGB ou du trésor du Pouliguen, composé de 320 « napoléons » ou pièces assimilées découverts à l’occasion de travaux dans un tuyau de plomb !

Les rôles des numismates précurseurs, Fortuné Parenteau et de son disciple Paul Soullard, sont bien exposés. Les carnets Parenteau sont exposés et le visiteur pourra en consulter les différentes pages numérisées en très hautes résolution sur un écran tactile mis à disposition. Le travail de Gildas Salaün, réalisé au sein du Département de Loire-Atlantique, s’inscrit dans la lignée de celui de ces deux grands numismates.

Son action en faveur de la numismatique menée depuis plus de vingt ans est plus que salutaire, surtout à l’heure où il n’existe même pas, au sein de grands opérateurs archéologiques de postes spécialisés de numismate. Cet exposition met en avant le travail des numismates et des métiers connexes et le soin particulier qu’apporte le Département Loire-Atlantique à la préservation et mise en valeur de son riche patrimoine, en particulier de son patrimoine numismatique.

Si vous ne pouvez pas vous rendre à Châteaubriant, Grand Patrimoine du Département Loire-Atlantique a mis en ligne les différentes cartes interactives et vidéos présentées lors de l’exposition Terre de Trésors : https://grand-patrimoine.loire-atlantique.fr/carte-tresors-loire-atlantique

Le catalogue d’exposition Dépôts monétaires en Loire-Atlantique - Des trésors et des hommes est également disponible pour 18 euros et est notamment diffusé sur la librairie en ligne de www.cgb.fr sous la référence ld78.

Horaires d’ouverture : du 5 au 30 avril 2019, du mercredi au dimanche de 14 h. à 17 h. 30, du 1^er mai au 29 septembre, du mardi au dimanche de 10 h. 30 à 18 h. Visites guidées du mardi au dimanche de 15 h. à 17 h. (du 5 au 30 avril, uniquement le week-end à 15 h). Pour le groupes et les scolaires, les visites guidées se font sur réservation. Entrée gratuite.