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LIÈGE EN FRANCE : UNE ÉTUDE D'AGOSTINO SFERRAZZA | 01/08/2020 Informations En 1779, sous l’égide du prince-évêque François Charles de Velbrück, le chirurgien Ramoux, le physicien Villette, l’horloger Sarton, trois écrivains Bassenge, Henkart et Reynier fondent dans Liège une société littéraire et scientifique, la société d’émulation. Le prince-évêque va jusqu’à acheter la salle des redoutes pour servir de local à cette académie. Cet espace est dédié aux rencontres et aux discussions en tout genre. Ecrivains, penseurs, savants, artistes, peintres, musiciens, architectes, médecins, industriels, officiers, sous la présidence du prince-évêque partagent en ce lieu leurs idées et leurs œuvres. Liège, Athènes du Nord, ouverte à l’esprit des Lumières, recueillait le fruit de cette activité intellectuelle et se dirigeait vers le progrès matériel et intellectuel.
La Principauté depuis 1316 avait su se distinguer en matière de droit et de liberté, sa contribution à l’évolution des idées ne fut pas moins négligeable. La paix de Fexhe comme la Magna Carta jalonnent dans l’histoire le chemin qui conduit les peuples à s’émanciper de la tyrannie. La cité ardente diffuse son esprit. Le 1er février 1777 paraissait à Liège le premier journal quotidien de la Belgique, la Feuille sans titre. Plus tard, les patriotes liégeois fondèrent le Journal général de l’Europe dirigé par Lebrun, dévoué à la revendication des libertés. Entre 1789 et 1791 devaient encore paraître le Journal patriotique, le Publiciste Eburon, l’abeille politique, la nouvelle Correspondance, le Journal philosophique et chrétien, l’Ami des hommes, le Vengeur… Après la mort de Velbrück en 1784, le nouveau prince de Liège, Hoensbroeck, abusa du droit et de son pouvoir dans l’affaire dite des « casino de Spa ». Le monopole des jeux de Spa était accordé par le prince à une société dont il partageait les bénéfices… À la hauteur des antiques traditions de Liège, les ardents citoyens se soulevèrent. Le 17 aout 1789, de Chestret et de Donceel élus par des acclamations populaires imposaient au prince-évêque une organisation politique plus encline à respecter le droit et les libertés…
Hoensbroek feint de reconnaître l’heureuse révolution et accepte de porter la cocarde liégeoise, rouge et jaune avant de s’échapper pour trouver refuge dans une abbaye près de Trêves. L’Empire germanique décide de réprimer, par la force des armes, la révolution liégeoise. Le 27 avril 1790, les Liégeois sont appelés aux armes. Au son du « Valeureux Liégeois » quatre régiments sont formés et armés. Une population enthousiaste mobilise toutes ses énergies pour chasser l’étranger du pays. Reynier et Henkart allèrent en vain demander à l’Assemblée constituante de France des secours effectifs. Franz Karl von Velbrück, César Constantijn Frans von Hoensbroeck, d’aucuns pensaient à Paris que les Liégeois étaient en fait des Allemands qui parlaient français. Il était donc difficile de nous reconnaître comme un peuple frère… En 1791 une armée allemande restaure le prince-évêque et l’absolutisme en terre de Liège. Entre-temps, le comte de Méan succède à son oncle Hoensbroeck décédé en 1792, avant de s’expatrier à son tour, chassé par l’armée française commandée par Dumouriez qui devait libérer Liège le 28 novembre 1792, après la victoire de Jemappes le 6 novembre. Dans une lettre au ministre de la Guerre du 28 novembre 1792, Dumouriez écrit : « Notre entrée dans Liège est une vraie récompense. Un peuple spirituel, sensible et fier, nous a reçus avec cette fraternité républicaine que notre exemple et nos victoires propageront bientôt dans toute l’Europe. Cette nation vraiment digne de la liberté est une seconde nation française. J’espère sous peu de jours la voir organisée comme la nôtre ».
Au suffrage universel des citoyens, le peuple de Liège nomme une Convention nationale qui élit pour président Fabry, pour vice-président Bassenge. Le 20 janvier 1793, 9660 électeurs liégeois sur 9700 plébiscitent l’annexion de Liège à la République française. Au 1er janvier 1790, la population de Liège était de 50.260 habitants, la banlieue en comptait 37.877. En février 1793, les Liégeois décrètent le renversement de la cathédrale Saint-Lambert comme si la chute de ces pierres devait entrainer l’anéantissement d’une autorité dont on détruirait le siège. Comme un drapeau, comme un hymne, comme une devise qu’on abat, la perte du monument reçu des pères créera une plaie plus qu’un vide, au cœur de Liège et manquera à jamais à sa splendeur perdue, scellant la perte de son identité souveraine.
On ne se doute pas des dimensions de la cathédrale Liégeoise. Quatre mille personnes pouvaient s’y recueillir en même temps. De la place du Marché à la place de la République française actuelle, la cathédrale et ses encloîtres mesuraient 173 mètres. Le bâtiment gothique en lui-même sans ses annexes, avec ses 97 mètres, était aussi long que la cathédrale Saint-Mammès de Langres, sa largeur (37 m) était comparable à celle de Notre-Dame de Paris. Sous la clé-de-voûte, Notre-Dame-et-Saint-Lambert s’élevait à 30 mètres. On racontait qu’à Liège, chaque jour, on disait autant de messes qu’à Rome. Liège était la capitale d’un état prestigieux au passé glorieux et sa cathédrale était avec ses deux tours de sable, sa grande tour, ses deux chœurs, ses deux transepts, ses trois nefs, le circuit de ses chapelles absidiales et collatérales, son cloître et ses annexes, sa flèche de 135 mètres, le plus grand vaisseau du pays et un des plus grands du monde chrétien. En 1615, dans son Voyage à Liège, le Français Philippe de Hurges écrit de Saint-Lambert qu’elle « doibt estre réputée entre les belles de l’Europe » et qu’elle « est de superbe apparence ». Le 5 mars 1793, le sort des armes rend Liège aux « Germaniques » qui rétablissent le prince-évêque. La ville est frappée d’une contribution de guerre de 600 000 florins, payable dans les neuf jours. Jean-Luc Dengis m’apprend dans son ouvrage Les monnaies de la principauté de Liège, III, qu’immédiatement après le décès de Constantin de Hoensbroek, le Chapitre prit en main l’administration de la principauté. La direction de la Monnaie fut rendue à Melchior Dartois qui prêta serment le 7 septembre 1792 et s’engagea à livrer :
L’achèvement de ces monnaies fut annoncé au Chapitre le 12 novembre. Jacoby décéda le 23 septembre 1794 et fut remplacé, comme graveur, par Léonard Jéhotte, né à Herstal le 1er août 1772. Les monnaies dites provinciales : ducat, florin d’or, double et simple escalin, plaquette, sols de Liège (4 liards), demi-sol de Liège (double liard) et liard, eurent encore cours sous les régimes français et hollandais ainsi que sous le règne de Léopold I. La circulation de ces monnaies avait été autorisée par la loi monétaire du 5 juin 1832, n° 442 (Art. 21). En 1809, le ducat était estimé 6 florins 6 sols argent courant de Brabant, soit 11,4286 francs. L’analyse au microscope électronique à balayage révèle une teneur moyenne en or de 99% en alliage avec de l’argent. Plusieurs résultats d’analyse ont révélé un or pur. Le titre théorique s’élève à 986/1000, chiffre auquel les résultats d’analyse correspondent.
Le 26 juin 1794, la victoire de Fleurus ramène la cocarde tricolore sur le Perron, mais cette fois les troupes française prennent possession du pays, c’en est fini de notre existence indépendante. L’annexion à la République française, proclamée en 1795 par la Convention nationale, fut fatale à nos monuments, dépouilla Liège de ses œuvres d’art, les églises furent pillées, les objets de valeur furent enlevés… pour remonter la Meuse vers la France. On brisa la statue du patron de Liège, jadis posée sur le faîte de l’hôtel de ville. On arracha le plomb qui couvrait le toit de la cathédrale pour en faire des munitions. Les cloches furent emportées ou fondues ; certains de leurs débris servirent à fabriquer des décimes.
Le décime est une dénomination monétaire utilisée en France entre 1793 et 1815. Elle apparaît uniquement sur des pièces de bronze ou de métal de cloche (MDC) et est l’équivalent de 10 centimes. Le terme est issu du système décimal, mis en place par la Convention nationale et par la loi du 18 germinal an III établissant le franc divisé en 100 centimes. Ce monnayage n’eut pas un grand succès et son destin prit fin en 1815. J’ai été amusé par cette recette numismatique que je vous soumets : Cet alliage permettra la frappe des monnaies de 3, 6, 12 deniers et des pièces de 1 et 2 sols aux balances jusqu’à la création du système décimal. Les nouvelles monnaies de 1 et 5 centimes, 1 et 2 décimes seront alors réalisées en cuivre ou en bronze. Toute la finesse du pays prit le chemin de Paris. Comme Grétry, les musiciens, les artistes, les savants, les médecins, les chirurgiens, les officiers quittèrent les bords de Meuse pour ceux de la Seine. Liège subit une crise terrible. Le 1er janvier 1803, la ville ne comptait plus que 45 496 habitants. Ce fut une grande souffrance de découvrir dans les généreux libérateurs des maîtres avides. L’ancienne glorieuse capitale devint un simple chef-lieu de département, celui dit de l’Ourthe… Faisant fi de ses libertés séculaires, de son histoire prestigieuse, de ses traditions, refoulant jusqu’à son nom, la République française s’attira rapidement la haine de la nation liégeoise. L’administration française jeta, initialement, le désarroi dans nos exploitations de houille. La guerre contre l’Angleterre, le blocus continental ruinaient notre commerce d’exportation. Les familles riches quittaient Liège. La conscription emmenait les forces vives du pays sur des champs de batailles où elles devaient mourir, en grand nombre, pour un drapeau qui ne devenait pas le leur. Pourtant on compte 25 généraux belges de la République et de l’Empire dont 14 wallons. Nommons Jean Joseph Fyon et surtout Dumonceau, Lahure et Jardon, leurs noms sont gravés sur l’Arc de Triomphe. Dans un contexte d’effondrement économique, l’effervescence industrielle se maintenait tant bien que mal dans bien des secteurs et tentait de poursuivre son génie. Relevons que le gouvernement français organisa une manufacture d’armes de guerre, en mesure de livrer 27 000 fusils en une année (cette fabrique se trouvait là où se trouve maintenant l’Athénée « Liège-atlas »). Dans cette période, en 1807, Cockerill transporte à Liège ses ateliers où il fabrique les machines les plus nouvelles pour l’industrie drapière. Napoléon viendra à Liège. Il y séjourne à deux reprises, du 1er au 3 août 1803. Le consul est accompagné de son épouse Joséphine. Les 7 et 8 novembre 1811, l’Empereur présente la toute fraîche impératrice Marie-Louise. Chaque fois, il a dormi à l’hôtel de Hayme de Bomal, sur l’actuel quai de la Batte. En 1800, le préfet du département de l’Ourthe s’y était installé, transformant le lieu en préfecture, tandis que les services départementaux prenaient leurs quartiers à l’hôtel Curtius. Le bâtiment nous est bien connu, surtout parce qu’il a longtemps abrité le musée des Armes. Le musée du Grand Curtius, expose toujours avec fierté la chambre où a dormi le grand homme et son épouse du moment. Une foule immense et enthousiaste s’était massée pour acclamer Bonaparte, on s’agenouillait à son passage. Les foules voyaient en lui comme un messager de la providence, destiné à rétablir l’ordre et la paix et avec cette dernière la prospérité. De la terrasse de l’hôtel van de Steen de Jehay, hôtel particulier du Mont-Saint-Martin le Premier consul admira notre belle cité. Il proposa la construction d’un clocher pour les collégiales Saint-Paul et Saint-Jacques. Le militaire ne manqua pas d’approuver l’emplacement du fort de la Chartreuse. Il s’émut du sort fait à notre bonne cathédrale et proposa selon la formule : « l’agrandissement de Saint-Martin comme cathédrale et un réaménagement de l’abbaye de Saint-Laurent, le tout sans exagération ». Napoléon se rendit dans le quartier d’Amercoeur, ce quartier avait été ravagé et incendié par les bombardements autrichiens en 1794. Battus et chassés de la ville par l’armée française appuyée par la population liégeoise, les soldats autrichiens, en rage, cherchaient vengeance. À partir du 28 juillet, pendant trois longues journées, l’artillerie impériale écrase sous son feu le faubourg d’Amercoeur et une partie d’Outremeuse, détruisant près de 200 maisons et tuant près de 20 personnes. Profondément ému par la misère des habitants, le Premier consul décréta que 300 000 francs seraient sur-le-champ mis à disposition du préfet de l’Ourthe, le baron Micoud d’Umons, afin d’accélérer la reconstruction du faubourg. Le financement des travaux se fit partie aux frais du trésor, partie à charge de la caisse communale, partie enfin au moyen des sommes réalisées par la vente du trésor de la cathédrale (alors en voyage et en dépôt à Hambourg)… Il semblerait que les habitants de l’endroit, chaque 15 août, jour de naissance de l’empereur, perpétuent leur reconnaissance au bienfaiteur, « al binamée ». 0 mes concitoyens, que ne devons-nous pas au Héros Consul d’avoir visité les ruines d’Amercoeur ! Quel tribut d’amour et de reconnaissance pourra le payer d’avoir versé un baume consolateur dans les plaies que nous avait faites la tyrannie. Nous ne pouvons qu’implorer l’Etre Suprême pour la conservation de ses jours précieux ; il vivra dans les cœurs de nos derniers neveux. Tribut de Reconnaissance adressé au Premier consul par un incendié d’Outre-Meuse. Lors de son premier séjour en nos murs, Napoléon s’exprima en ces termes : « je suis extrêmement content de l’esprit des habitants de Liège ». À son retour à Paris, Napoléon, très agréablement impressionné par les Liégeois, voulut offrir un cadeau à la ville. Il demanda à Ingres, de réaliser un portrait de lui à Liège.
Par un rideau entrouvert, on aperçoit notre belle cité ou plus exactement la cathédrale Saint-Lambert. Au moment de la réalisation du tableau, la cathédrale démolie par deux révolutions n’est déjà plus qu’un tas de décombres. Napoléon, promené en ville, n’aura pu manquer le désolant spectacle. Il semble qu’il ait jugé cette destruction vraiment stupide ! Quoi qu’il en soit, la cathédrale, symbole de la Principauté de Liège, est encore bien là, contemporaine de la visite du Premier consul de la République française, le tableau en attestant ! Même si plus rien n’existe hormis la France, ses lois, son administration et son armée. Napoléon en pied et en bas de soie désigne - tiens ! - un acte portant sur la reconstruction du faubourg d’Amercoeur. L’homme n’est plus le général de feu de la République qui, les cheveux au vent, sabre au clair, pourfendait la tyrannie, du pont d’Arcole aux pyramides. Les cheveux coupés courts, l’épée au fourreau, le consul posé en bel habit rouge plonge sa main gauche sous son veston en signe de sagesse à l’image du philosophe grec… Il existe un autre tableau à Liège qui se réfère à la période française. Dans le grand hall de l’hôtel de ville de Liège se trouve un énorme tableau qui montre le premier ouvrier décoré de la Légion d’honneur. Légions d’honneur sous le Premier empire, différents types. Ce tableau de Bordier du Bignon figure Hubert Goffin, un maître-mineur au charbonnage de Beaujonc, à Ans de 45 ans. En février 1812, une inondation isole 127 mineurs à une profondeur de 170 mètres. Goffin refuse de remonter. Avec son fils de 12 ans, il creuse pendant cinq jours pour sauver la vie de 70 ouvriers. Un autre Liégeois avait été, en 1802, à l’âge de 61 ans, un des premiers Liégeois à recevoir la Légion d’honneur : le compositeur André-Modeste Grétry. Ce grand musicien était monté à Paris cherchant gloire et fortune. Son opéra « Zémire et Azor » présenté en 1771 devant Louis XV à Fontainebleau avait été un grand succès. Napoléon qui découvre l’œuvre en 1799 est fasciné. Un soir où il était pourtant préoccupé, après la représentation, il demande plusieurs fois à notre compatriote : « Rappelez-moi votre nom… » La cinquième fois, le Liégeois lui répond : « Mon nom, Sire, est toujours Grétry. » Napoléon lui demandera de remonter cet opéra-là où il l’avait créé, au château de Fontainebleau, et lui accordera le double de la pension consentie par Louis XV. À Liège, la maison natale de Grétry, se trouve au 34, rue des Récollets en Outremeuse. En 1804, Liège était devenue Bonne Ville de l’Empire et avait adapté ses armoiries. Lors de sa seconde visite officielle à Liège, le 8 novembre 1811, Napoléon et l’impératrice Marie-Louise visitent la fonderie impériale de canons de Liège. La fabrique avait été fondée par Napoléon en 1803. L’homme nourrissait un grand besoin d’artillerie… À ce stade de mes recherches, je découvre les salaires dont se contentaient les ouvriers d’élite formant le personnel de la fonderie. Le chef principal, qui portait le titre d’inspecteur, avait un traitement annuel de 3 916 francs. Le maître fondeur recevait 1 800 francs. Il avait sous ses ordres douze ouvriers fondeurs ou mouleurs payés chacunà raison de 1 fr. 50 par jour, plus sept manœuvres à 1 fr. 10. Les ouvriers foreurs, les forgerons et les chaudronniers percevaient chacun 1 fr. 40. Les maîtres tourneurs avaient 2 fr. 40 et les maçons et briquetiers 1 franc. Les garçons de bureau touchaient 250 francs. Parcourant le centre-ville, Napoléon est contrarié par la persistance de ce chancre en plein cœur de la ville qu’est la cathédrale en ruine. Il espérait trouver une place publique aménagée où aurait trôné une statue monumentale de sa personne. L’empereur avait cessé d’être populaire. Son ambition insatiable, les levées de troupes continuelles, les impositions de guerre, tout le régime impérial avec sa censure et sa police de fer pesait terriblement sur la population liégeoise… Cependant dans la gazette de Liège du 29 octobre 1811 on pouvait lire : Quoi qu’il en soit, la place Napoléon le grand trouvera Waterloo sur son chemin, et la place prendra du temps, beaucoup de temps… avant de faire le plaisir… de ses concitoyens… La loi française, un préfet, un maire, quatre adjoints, trente membres du Conseil réglaient l’organisation municipale de Liège et administraient un budget dont les ressources n’atteignaient que 341 240 francs, tandis que la rente de la dette constituée réclamait à elle seule 141 280 francs… L’introduction des lois françaises amena une réorganisation de l’autorité judiciaire, avec l’instauration du Tribunal de commerce (1798), du Tribunal de première instance et de la Cour impériale (1811) ; ces entités eurent à appliquer le Code napoléon. Liège comprenait alors 236 rues, 11 places, 12 portes et 17 ponts. Sous le « temps français », on rétablit un certain niveau de sécurité en pays de Liège, on se débarrassa des garotteurs, des chauffeurs, des malfaiteurs qui désolaient la région. L'éclairage des rues fut augmenté, on réorganisa le corps des pompiers et le service de la police. On entreprit de diminuer le nombre des bras du fleuve qui parcouraient la ville. À l’aide des décombres de la cathédrale, dont il fallut treize années pour démolir entièrement, on élargit le quai de la Sauvenière, resserrant le cours d’eau. On prit des mesures pour enlever les immondices et les débris de démolitions qui entravaient la circulation. L’enseignement public fut réorganisé selon le programme de l’Université de France. Napoléon fonda également à Liège un lycée en novembre 1807. Il était situé sur l’emplacement de l’université actuelle. Les lycéens étaient embrigadés, exercés et conduits en soldats. Ils sortaient précédés d’un tambour. Ils portaient un uniforme et un chapeau claque à deux pointes. La société pastorale, le conseil d’agriculture, d’arts et de commerce, l’association pour le progrès des sciences physiques et médicales intégrèrent la société d’Emulation sous le contrôle de monsieur le préfet. En 1814, Liège est occupée par les armées alliées. Selon Eugène Dognée, l’annexion à la France avait laissé de trop pénibles souvenirs pour que la joie la plus grande ne se manifestât point hautement. On espérait voir reparaître l’antique indépendance nationale sous l’égide de lois nouvelles conquises par le progrès… Le Congrès de Vienne anéantit ces espérances : le pays de Liège fut incorporé, bien contre sa volonté et au mépris de ses aspirations, dans le royaume des Pays-Bas en 1815… Janvier 1814, la France évacue Liège. Nous n’étions plus français, pas encore belges certainement pas hollandais. Depuis 1789, notre région s’est inscrite avec force dans le principe des droits de l’homme et du citoyen. Dans un contexte de guerre permanente, de blocus commercial, l’aventure tricolore aura montré des difficultés inhérente. Pourtant, la loi, une administration structurée, la réorganisation et la modernisation des « services » et des « secteurs », la régularisation, l’ouverture des frontières et des marchés avaient concédé au « savoir-faire principautaire » des espaces jamais pratiqués, jamais imaginés qui seraient le lit d’un développement et d’une prospérité formidables. Le dessin des neuf départements « belges » et la francisation, imposée par le décret du 2 thermidor an II, de l’administration, de l’enseignement et des élitessignent le destin de notre pays, décantant les têtes et les cœurs, les esprits et les volontés, les « pro. » et les « anti. », les « contre » et les « pour ». De toute évidence, l’engagement de la République avait été sincère et désormais en France les Liégeois étaient des frères ! (pas les Belges, pas les Belges, pour eux du boudin, il n’y en avait plus car…). BELGIQUE, Royaume, AE médaille, 1830, Jehotte. Charlier dit « La jambe de bois ». Droit : B. à droite, en uniforme d’artilleur. Revers : REGENERATION DE LA BELGIQUE Charlier pointant son canon vers la gauche. En dessous, BRUXELLES/ 23,24,25,26/ SEPTEMBRE. Ref. : Guioth, Rév. belge, 31 ; Tourneur, 27. Dim : 39 mm. Avec l’amicale autorisation de la maison Jean Elsen & ses Fils s.a. https ://www.numisbids.com/n.php?p=lot&sid=931&lot=1548 Si j’ai dédié cette modeste approche d’une histoire de ma ville « au temps français »… à mon ami Thierry Lentz, nous ne pouvons manquer d’avoir une pensée pour le plus célèbre des canonniers liégeois. Charlier jambe de bois, l’illustre capitaine, avait perdu une jambe à Waterloo. Le décoré de la médaille de Sainte-Hélène, le grognard de l’empereur, soldat au 4e bataillon de la 1re compagnie du 69e régiment de ligne incorporé à Liège en 1813 devait s’illustrer dans les journées de 1830 qui portèrent les Liégeois vers un nouveau destin. Charlier dit jambe de bois Médaille de Sainte-Hélène Donc, si par quelques « tout petits aspects » le 15 août pourrait apparaître « mariale » en Outremeuse ; chaque année, depuis très longtemps… l’ombre de la République à jamais enfermée en notre magique citée explose chaque 14 juillet à Liège. à Thierry Lentz. Agostino SFERRAZZA Sources et liens
Remerciement à Philippe Elsen, à Jean-Luc Dengis, à René et Bernard Wilkin.
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