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Les nouveaux éléments sur la 1 franc Alger 1943 dite Graziani | 08/03/2019 Informations Dans le cadre de la parution prochaine de l'ouvrage Le Franc, les archives (fin avril 2019) de nombreuses recherches en archives ont été effectuées. Celles-ci ont permis de nombreuses découvertes et réajustements. Voici donc le récit de Philippe Théret, ADF 481, co-auteur du Franc, les archives, sur la 1 franc Alger 1943 dite Graziani. Cette monnaie, bien qu’elle n’ait pas circulé, suscite toujours, parmi les collectionneurs de monnaies modernes une curiosité et un intérêt bien mérités. Les informations au sujet de cette monnaie se résumaient jusqu’à présent à 3 sources principales :
Dans le cadre de la préparation de la future édition du FRANC qui sera publiée mars 2019, de nombreuses recherches aux archives de la Monnaie de Paris (situées à Savigny-le-Temple) ont été effectuées. Parmi celles-ci, nous avons eu accès au dossier du traitement du litige financier entre l’État et l’entreprise UMA (Union Métallurgique Africaine) chargée de la fabrication de cette monnaie. Ce dossier contient le rapport rédigé par l’Inspecteur des Finances, M. Mazodier qui a été chargé de l’instruction. Ce rapport daté du 5 juin 1946 trace un historique très instructif et officiel sur cette fabrication et contredit certains éléments officieux avancés par Hermann Fiori. RAPPEL DU CONTEXTE HISTORIQUE Le 8 novembre 1942, les alliés débarquent en Afrique du nord. Les envois de monnaies frappées en métropole cessent. À partir de février 1943, le Commandement en chef français Civil et Militaire devient l’organe gouvernemental dirigé à Alger par le général Giraud. En juin 1943, le Commandement fusionne avec le Comité national français, organe de direction de la France libre dirigé par le général De Gaulle à Londres, pour donner naissance au Comité Français de Libération Nationale (CFLN). Ce nouveau comité sera coprésidé un temps par les deux hommes avant que De Gaulle prenne seul le pouvoir début octobre 1943. Le CFLN sera remplacé le 3 juin 1944 par le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF).
« Dès le début de 1943, la rupture des relations avec la Métropole provoque en Afrique du Nord une pénurie de monnaies divisionnaires, dont l’approvisionnement ne pouvait plus être assuré par l’Administration des Monnaies. Pour parer à cette situation, et plutôt que de recourir à l’impression de coupures de papier que l’usage met rapidement hors d’état, les services du Secrétariat aux Finances à Alger songèrent à réaliser sur place la frappe de pièces métalliques. » [MEF-MACP, SAEF / RH20]. LETTRE DE COMMANDE AUPRÈS DE L’UMA Alger ne dispose pas d’atelier monétaire. Cependant, une société algéroise privée, l’Union Métallurgique Africaine (UMA), prétend pouvoir y parvenir.
Après diverses études préliminaires (l’emploi de l’aluminium, d’abord envisagé, fut notamment abandonné au profit du zinc par suite du refus du North African Economic Board de libérer un stock de 300 tonnes d’aluminium en raison des besoins de l’industrie de guerre), le projet parut réalisable. Et le 14 mai 1943, l’accord intervenu entre l’Administration et l’UMA fut consacré sous la forme d’une lettre de commande, adressée par le Secrétaire aux Finances à l’UMA.
Les principales clauses du contrat étaient les suivantes :
La conclusion du contrat définitif, par lequel seraient notamment fixés les prix unitaires de la fourniture, fut renvoyée à une date ultérieure « dès que votre société [UMA] pourrait soumettre à l’Administration une estimation objective des prix de revient des divers stades de la fabrication d’après les résultats des essais en cours et le prix des matières premières. » [MEF-MACP, SAEF / RH20]. Quant au métal cible, c’est le zinc qui est explicitement choisi dans la lettre de commande. L’aluminium sera néanmoins réenvisagé ultérieurement (l’illustration ci-dessus en atteste). L’ORDONNANCE DU 26 AOÛT 1943 Malgré ces retards, une ordonnance du CFLN, permettant de légaliser les futures frappes, est établie : Ordonnance du 26 août 1943 [JO N°16-04/09/43] LES RETARDS SE POURSUIVENT… Mi-décembre 1943, les retards se prolongeant, M.Tardy, le chef de service au Secrétariat aux Finances, suggère dans une note de résilier le contrat avec l’UMA pour non-respect de ses engagements. Mais cela n’est pas suivi d’effet et l’UMA est autorisée à substituer l’aluminium au zinc dans la fabrication des pièces. Néanmoins, les services de la production industrielle s’étant refusé à débloquer les quantités d’aluminium nécessaires, on en revint de nouveau à l’emploi du zinc. SUSPENSION ET RÉSILIATION DU CONTRAT Or, le jour même du 19 juillet, le Commissaire aux Finances notifiait à l’UMA avoir à « surseoir jusqu’à nouvel ordre, à la mise en fabrication que vous apprêtiez à faire jusqu’à ce qu’il m’ait été donné de me prononcer en pleine connaissance de cause sur la résiliation de cette fabrication ou sur la résiliation de la commande passée en mai 1943 ». [MEF-MACP, SAEF / RH20].
On y retrouve les deux arguments déjà évoqués dans la lettre du 19 juillet pour la suspension de la fabrication. L’accent est mis cette fois sur le fait que l’enquête effectuée par la Direction Régionale du Contrôle des Prix du Gouvernement Général d’Algérie aurait établi que le prix unitaire de fabrication des pièces de monnaie en zinc de 1 franc ressortait à 0,310 au lieu de 0,504 franc, prix demandé par l’UMA (lettre du Gouverneur Général de l’Algérie en date du 21 juillet 1944). L’écart est évidemment considérable. Le fait que l’on n’ait pas laissé à l’UMA la possibilité d’en discuter, sous prétexte « qu’un tel écart n’apparaît pas susceptible d’être comblé même par une révision des principaux postes de votre décompte » induit néanmoins à penser que cet argument était plutôt une justification de la résiliation que son véritable motif [MEF-MACP, SAEF / RH20]. Le vrai motif, il semble que ce soit dans une courte phrase de la lettre du 30 août qu’il faille le trouver : « les circonstances sont telles que cette fabrication est aujourd’hui devenue sans objet » écrit le commissaire aux Finances. Les circonstances évoquées sont bien évidemment les événements militaires depuis le mois de juin 1944 (date du débarquement sur les côtes de Normandie) qui créent une situation entièrement nouvelle, qui, en l’occurrence, se caractérise par le fait que l’Afrique du Nord n’est désormais plus coupée de la Métropole. L’Administration des Monnaies va être en mesure de revendiquer et d’exercer son monopole : « L’émission d’une monnaie divisionnaire « ersatz » fabriquée avec des moyens de fortune est donc sans objet. Tel est le fait essentiel qui, à lui seul, motivait pleinement la résiliation de la lettre de commande du 14 mai 1943, laquelle prévoyait expressément la possibilité de suspendre ou d’interrompre les fabrications pour « raison d’État ou cas de force majeure » » [MEF-MACP, SAEF / RH20]. On est loin du motif avancé par Fiori qui lui avançait, dans son article publié en 1947 dans la Revue Africaine, que : « Cet arrêté [Ordonnance du 26 août 1943] n’a existé qu’à l’état de projet. Il serait intéressant de savoir pour quel motif ce projet d’arrêté n’a pas été signé par le commissaire aux Finances. De ce fait, les pièces de 1 franc, seules fabriquées, présentaient tout le caractère d’une « fausse monnaie », de l’avis de M.Ville, à l’époque chargé de la Direction de la Monnaie d’Alger. C’est la raison pour laquelle elles ne furent pas mises en circulation et qu’elles furent détruites ». LE RÈGLEMENT DU LITIGE Le rapport de Mazodier sur le traitement du litige financier entre l’État et l’UMA, daté du 5 juin 1946, est transmis à l’Administration des Monnaies qui s’aligne sur ses conclusions : l’UMA doit récupérer en tout la somme de 1 946 182 francs et 35 centimes dont un million lui avait été déjà versé pour acompte le 7 août 1943. Pour information, l’UMA réclamait la somme de deux millions cinq cent mille francs. Afin de toucher la somme complémentaire, l’UMA doit néanmoins fournir le matériel qu’elle avait réuni pour exécuter le contrat :
Grâce au dossier [MEF-MACP, SAEF / RH20], nous apprenons que l’UMA doit remettre 27,2 tonnes de zinc sur les 31 tonnes qu’elle avait acquises. La différence s’explique par le fait que l’UMA avait livré :
Pour l’état des matrices, outillages de découpage et de frappe, le recensement donne :
Dans les justificatifs des sommes à prendre en compte en dédommagement des frais de l’UMA, on peut noter que les travaux du graveur Graziani ont représenté une somme de 72 000 francs (facture du 2 octobre 1944).
Dans le dossier [MEF-MACP, SAEF / RH20] il n’y a pas d’états des frappes réalisées pour les divers essais effectués avec les presses des établissements Carnaud puis ceux de l’Atelier Industriel de l’Air. Les informations chiffrées, 17 200 environ en zinc et 4 400 environ en aluminium, que l’on retrouve dans les ouvrages numismatiques, proviennent de la même source : un article de Hermann Fiori dans Revue Africaine, 1947, pp.315-317. L’article précise qu’aux Etablissements Carnaud auraient été produites 16 700 pièces environ en zinc et 4 400 en aluminium tandis que 500 pièces en zinc auraient été produites dans l’Atelier Industriel de l’Air.
Son nom est même évoqué dans une lettre du 25 mars 1946 du ministre des Finances adressée au Gouverneur Général de l’Algérie : « Un collectionneur algérois, Hermann FIORI, 7, Place du Gouvernement, à Alger, signale que le Comité Français de la Libération Nationale a fait frapper à ALGER, en vertu de l’article 1er de l’ordonnance du 26 août 1943, un certain nombre de pièces de 1 franc sur des coins gravés par M. GRAZIANI, 27 rue Bab-Azoun, à Alger, qui avait reproduit le modèle de M. MORLON. Peu avant le départ pour PARIS du Gouvernement Provisoire, l’ordre fut donné de refondre ces monnaies. Cependant, les coins et un petit nombre de pièces, dont certaines sont des essais, auraient été mis sous scellés au service de la Garantie, 17 rue Charres. Philippe THÉRET, ADF 481
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