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LES FAUX MINERVE ET HERCULE | 01/10/2020 Informations Bojarski, Cazale, Rocher, Versini, dès l'après-guerre les faussaires se sont déchaînés sur le 1 000 Francs Minerve et Hercule. La Banque de France elle-même reconnaît que ce billet n'était pas suffisamment sécurisé : Les faux Minerve et Hercule sont nombreux mais mal connus. Nous en considérerons trois catégories distinctes : ceux de grande qualité, affaire de Saint-Tropez (sur papier authentique) et Bojarski, ceux de Rocher et Versini car l'affaire est très importante et les ramifications nombreuses, et tous les autres, plus ou moins bien réussis. L'affaire de Saint-Tropez (affaire Cazale ou Casale) Sur son site, Christian Porcheron indique : « Employé aux papeteries de Rives (Isère) Roger Douin préposé à la garde des stocks du papier filigrané fabriqué spécialement pour la Banque de France se laissa entraîner par le repris de justice François Campana et en 4 mois il détourna 60 kilos de papier filigrané qu’il remit à Alexandre Doin (presque son homonyme et propriétaire d’un bar louche de Toulon), et Charles Biaggini dit : « Chalou ». Campana agissait pour le compte du gangster Ange Salicetti (propriétaire du restaurant « la rascasse ») et le fameux Lucien Scola, chef du gang des tractions avant du midi. Le gang aurait imprimé 40 à 50 millions de faux billets de 1000 F. » référence : https://www.fausse-monnaie.com/les-faux-billets/faux-billets-du-20eme-siecle/ Voir aussi l'article des archives du Monde de 1950 : Devenir faussaire à cette échelle requiert un groupe de personnes important et un cloisonnement des savoirs. Trouver du papier, réaliser une gravure, imprimer, écouler les billets, chaque étape doit être gérée de façon autonome de sorte que si l'un des maillons cède il n'emporte pas l'ensemble de la chaîne. Durant la guerre, Bojarski employa ses talents à réaliser des faux papiers, en lien avec cette équipe. Il est plus que probable qu'il réalisa tout ou partie des gravures du Minerve et Hercule. Nous sommes en présence d'un faux exceptionnel et redoutable, une impression « vulnérable » de la Banque de France et du papier authentique pour les faussaires. Si l'on ajoute à cela l'intervention plus que probable d'un certain… Bojarski, on obtient un cas unique et des faux historiques. Comment les reconnaître ? Aspect général : Au recto, l'impression n'est pas parfaite très légèrement floue, mais sur un exemplaire abîmé ou selon les émissions, la différence n'est pas toujours visible. Le verso est généralement plus flou et un peu plus orangé. Bien entendu le papier étant celui de la Banque de France, inutile de compter sur un filigrane moins net ou un craquant moins fort ! L'affaire Bojarski Bien avant son chef-d'œuvre (le 100 Nouveaux Francs Bonaparte), Czeslaw Bojarski s'est essayé à deux autres billets, le 1000 Francs Minerve et Hercule et le 5 000 Francs Terre et Mer. En contact avec les équipes de l'affaire de St. Tropez, il peut récupérer du papier Banque de France encore vierge, cela lui permettra de l'étudier avant impression et… de le reproduire ! D'après ses déclarations, il achète un poulet pour le soir de Noël 1949 avec un de ses premiers faux. Dès décembre 1950 et la chute de l'équipe de St. Tropez, il se met à son compte, imprime et écoule ses Minerve et Hercule. Son 1 000 Francs est une réussite mais la quantité émise est faible ; il renonce à le produire pour reprendre ses inventions à la fin 1953. Le billet est démonétisé le 6 décembre 1955. Les exemplaires retrouvés sont donc infiniment plus rares que ceux du 100 NF. Comment les reconnaître ? Aspect général : comme sur le St Tropez, les différences sont à peine visibles, l'impression est moins nette à certains endroits mais plus nette à d'autres, on ne peut s'y fier. Le verso est aussi un peu plus coloré et moins net que sur l'original. Comme on le sait déjà, le papier de Bojarski est exceptionnel et, à l'œil comme au toucher, il est presque impossible de le différencier de l'original. Alors, St. Tropez, Bojarski ou authentique ? Le papier ne peut pas être pris en compte, l'impression générale doit faire douter pour les deux faux dès lors qu'on les compare à un billet authentique mais ce n'est pas toujours suffisant. Il faut donc trouver des détails de gravure simples permettant de différencier ces trois types sans prise en compte de l'encrage ou de la précision d'impression en elle même. Après examen minutieux et les recherches de Yves Jeremie, il y a bien quelques différences repérables : • Le rameau en haut à gauche du recto : sur le billet authentique, les feuilles sont nettes et très rectilignes, sur le St. Tropez elles sont plus floues et plus pointues et arrondies, sur le Bojarski se sont presque des lignes simples. De plus, sur les authentiques, le bout du rameau côté droit se fond dans les feuilles suivantes, sur les deux faux, il se termine par deux petites feuilles écartées du motif de droite. Les liens entre Bojarski sont évidents, il est même très probable que la gravure des St.Tropez ait été réalisée par Bojarski.
• La pomme située au-dessus des numéros de gauche : sur le billet authentique la partie haute est divisée en deux quartiers, sur le St.Tropez comme sur le Bojarski cette division est à peine visible.
• La colonne située à droite : sur le billet authentique la partie de droite descend en arrondi, sur le St.Tropez cette partie n'est pas nette, et sur le Bojarski elle débute par un trait horizontal.
Bien entendu, d'autres détails peuvent être retenus, mais compte tenu de la qualité du travail de Bojarski, ne comptez pas sur une erreur grossière facilement repérable ! Yves Jeremie signale l'absence d'accent sur SECRETAIRE pour les faux. Sur les exemplaires rencontrés ce n'est pas forcément le cas, même chose sur le point final du texte de loi au verso. Ces détails et informations vous aideront à déterminer l’authenticité - ou non - d’un billet dont le papier est - ou semble - bon. En revanche les différences entre les St. Tropez et les Bojarski sont très difficiles à confirmer faute d’exemplaires à comparer. Nous invitons donc les collectionneurs à partager leurs découvertes et à diffuser des illustrations, afin que chacun puisse étudier et apporter sa contribution pour une meilleure connaissance de ces faux d’exception. L'affaire Rocher - Versini et Sorcio Les faux Rocher - Versini sont nettement moins bien réalisés que les précédents, mais l'affaire est très importante, la somme de faux billets imprimés est évaluée à 40 millions de francs ! Retrouvez notre article dans le Bulletin Numismatique avril 2012 p.24. Écouler 40 millions n'est pas chose aisée, il faut de nombreux complices, parmi ceux de Rocher et Versini, un certain Noël Sorcio. Ce malfaiteur était un intermédiaire grossiste et fût arrêté avec de nombreux billets comportant deux numéros différents : S.403 n° 44520 et L.504 n°23952, une affaire dans l'affaire ! Il est possible que Sorcio soit mêlé à une autre affaire et ait écoulé des 1000 Francs d'un autre faussaire. Les faux Rocher Versini sont de bonne qualité mais les faussaires ne se préoccupaient pas des concordances de date / alphabet / signatures. Généralement les dates ne correspondent pas aux alphabets, ils firent un effort sur ceux du 27 mai 1948 (B.443 n°52582 et B.422 n°92438) mais se trompèrent de signatures en mettant Cormier à la place de Rousseau. Cormier n'étant en place qu'en juin 1950, cela montre bien que la fabrication n'a débuté qu'à la fin de l'émission officielle du Minerve et Hercule. Et les autres ! Des faux assez grossiers dans l'affaire dite des « Rhodaniens » ou d'autres plutôt corrects pour l'affaire Boirayon ou Langlois. (Précision de Christian Porcheron, les journalistes de l’époque ont écorché le nom de ce faussaire qui, en réalité, se nommait Galbois). Faux MINERVE ET HERCULE, quelques numéros connus Pour les faux d'origine incertaine, nous indiquons le présumé faussaire en italique. Les faussaires privilégiant l'efficacité, il est fort probable qu'ils aient économisé leurs ressources et réutilisé le plus possible de visuels. Par recoupement, on constate que les chiffres des dates des Rocher Versini ont plusieurs réutilisations pour des alphabets différents, la concordance date / alphabet était pour eux sans importance. Nous avons noté 5 dates différentes. Sur ces 5 dates : 4 jours (tous commençant par 2), 3 années, 5 mois (dont 3 commençant par un A) : 26 août 1950, 20 avril 1950, 26 août 1948, 21 février 1946, 27 mai 1948. De la même façon, les deux exemplaires de Boirayon que nous avons notés portent des dates identiques et des lettres d'alphabets identiques. Enfin, une curiosité mériterait une recherche approfondie : B.422 du 27 mai 1948 (ref. CGB 4390237) semble bien être un Rocher Versini et le seul exemplaire vu dont la date et l'alphabet correspondent, un faux de même alphabet / date D.422 (ref. CGB 5110321) semble bien être un Bojarski. Étonnant que les faussaires aient réalisé des faux avec le même numéro d'alphabet et la même date ! Les variantes de la Banque de France : Billet vulnérable et imprimé dans l'urgence, le Minerve et Hercule a deux variantes indiquées par la Banque de France : Type 1945 adapté 1945 (BDF194511) : le papier « purs chiffons » remplace le mélange « ramie-chiffons » en mai 1945, en raison de la pénurie de matières premières. Le papier perd un peu de sa rigidité, de sa solidité à la pliure et de son sonnant. Type 1945 adapté 1948 (BDF194801) : ajout d'un dixième chiffre au numéro de contrôle (à partir de l'alphabet 401 daté du 5 mai 1948) https://www.banque-france.fr/sites/default/files/e_1000fbdf1945_minerve_hercule.pdf Cet article a été fastidieux à réaliser, il apporte quelques réponses mais pose aussi beaucoup de questions. Espérons qu’il poussera de nombreux amateurs à mieux examiner les 1000 Francs Minerve et Hercule douteux et à partager leurs découvertes. Retrouvez les recherches de deux passionnés : • Yves Jeremie : • Christian Porcheron : https://www.fausse-monnaie.com/ |
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