LES ÉPREUVES UNIFACES EN ÉTAIN FONDUS, OU « CLICHÉS »
Des pièces et médailles françaises sont connues sous la forme d’empreintes sur des flans en étain très fin avec parfois du papier au dos. Une grande partie de ces pièces sont référencées dans Histoire Monétaire et Numismatique Contemporaine (Mazard, 1965), mais sans indiquer à quoi servent ces empreintes ni comment elles ont été fabriquées.
On trouve cependant quelques informations dans des ouvrages anciens tels que le Manuel du Tourneur (Bergeron, 1816) et le Dictionnaire des Arts (Boutard, 1826). Pendant la fabrication des coins, l’empreinte d’une face peut être tirée sans avoir besoin d’utiliser une paire de coins complète et sans tremper l’outil, pour pouvoir continuer de le travailler. Cette opération, qui s’appelle « clicher », consiste à fondre de l’étain ou un mélange de plomb et d’antimoine sur du papier et le triturer jusqu’à obtenir une pâte. Le coin est alors pressé à la main ou au mandrin sur le métal encore chaud, qui fige immédiatement. L’empreinte refroidie est ensuite décollée puis découpée et limée pour ajuster sa forme au contour, elle est parfois bronzée par un traitement chimique. C’est de cette façon qu’ont été fabriquées les épreuves numismatiques très fines en étain qui retiennent parfois encore du papier au dos, dont les textes imprimés montrent que ce sont des documents du XVIIIe siècle, concordant bien avec la date du coin. En France, cette technique sur métal fondu a été utilisée principalement entre 1770 et 1800 et plus tard entre 1830 et 1870 aux États-Unis, où ces empreintes sont appelées « splasher ».
L’usage de ces unifaces est multiple. Pendant la fabrication du coin, cela sert à contrôler la gravure en cours et conserver une copie de la face du coin à différents stades de la gravure. Quand le coin est terminé, elles permettent de présenter le nouveau type monétaire en collant les empreintes sur des panneaux, dans des cahiers, ou sur un stand d’exposition.
Laurent BONNEAU - PCGS Paris
A-
A+