LE PORTE-LOUIS…

Qu’est-ce que la Monnaie… par définition c’est un moyen de paiement. Avant une époque récente, où on s’est mis à payer avec des chèques, des Cartes Bancaires, puis des téléphones ou des montres connectées, le porte monnaie accompagnait quasi systématiquement notre moyen de paiement métallique ! Une large exposition à la Monnaie de Paris « Chic et utile, l’Art du porte-monnaie » lui a fait la part belle, avec plus de 200 pièces variées issues principalement de la collection Henri Joannis-Beberne qui couvre la période 1830-1930.

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Le Porte Louis, à l’époque où le Napoléon de 20 francs or avait cours, était l’apanage ou l’ornement des individus (masculins ou féminins) d’une certaine classe aisée : posséder et avoir sur soi l’équivalent souvent de 150 francs or (et parfois plus) n’était pas monnaie courante.
Ces objets sont particulièrement variés et paradoxalement relativement rares. Il en apparaît de temps en temps ici et là, et, bien plus rarement, une collection est dispersée (au mieux un petit ensemble dispersé par an).

Le Porte-Louis dont le principe pourrait être qualifié de « distributeur de monnaie de poche » consiste en un ou plusieurs compartiments qui reçoivent des monnaies d’une taille donnée avec un mécanique à ressort qui permet en général d’obtenir la monnaie du dessus par glissement en laissant celles du dessous dans leur compartiment.

Les Porte-Louis adoptent différentes formes ; les plus simples sont de forme ronde avec une bélière, imitant la montre à Gousset, et peuvent contenir en général 5 pièces de 20 francs. C’est un juste retour des choses, le gousset ne désignait-il pas anciennement cette petite bourse qui était placée sous la ceinture du pantalon ? D’autres (largement majoritaires) ont deux compartiments, l’un pour les pièces de 20 francs et l’autre pour celles de 10 francs, sont de forme ovale. Mais on en trouve aussi plus rarement de forme triangulaire ou ronde (mais plus large) avec trois compartiments. Cet objet du quotidien d’une population bourgeoise ou relativement aisée pouvait être porté en châtelaine. Il cumulait parfois plusieurs fonctions, avec par exemple un compartiment à timbres, une boite à allumette, une montre ou carrément une pochette de bal, un miroir ou un poudrier pour les élégantes…

Il y en avait donc pour toutes les bourses et pour tous les goûts, tant en ce qui concerne leur matière que leurs décors. Certains (fort rares) sont en or, d’autres en vermeil ou argent massif, la plupart en métal argenté et parfois (paradoxalement plus rarement) en cuivre ou en fer.

L’époque correspond à celle de la circulation des monnaies de 20 francs mais la datation précise est parfois difficile. Certains sont exceptionnellement datés quand ils sont en relation avec un événement fameux et vendus en tant que souvenirs, d’autres sont signés d’un graveur (par ailleurs graveur de monnaies et médailles) et d’autres peuvent êtres datés grâce aux poinçons d’orfèvres. La grande majorité semble être de la seconde moitié du XIX^e siècle et du début du XX^e siècle avec une grande variété au tournant de ces deux siècles. Cet objet était alors un support idéal des courants artistiques Art Nouveau et Art Déco.

Les décors sont variés tant dans la forme que dans le fond. La coque est parfois lisse, sa surface peut-être martelée, guillochée, moirée, ciselée, niellée… mais le plus souvent les coques sont mises en forme et présentent ainsi un bas relief.

© BRITISH MUSEUM

Plutôt que d’en parler et de décrire les différents modèles existants, le plus simple est de se faire l’œil avec cette exceptionnelle sélection qui donne un bon échantillon représentatif de ce fabuleux et méconnu domaine de collection. L’ensemble dispersé sur la boutique CGB est probablement aujourd’hui la plus grande concentration au monde de Porte-Louis proposés au public !

Samuel GOUET