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LE FRANC, LES MONNAIES, LES ARCHIVES, DÉCOUVREZ LES AUTEURS !

| 27/07/2019
Informations

Philippe Théret coordinateur de l’ouvrage Le Franc, les Monnaies, les Archives a eu la gentillesse de consacrer quelques heures de son temps pour nous faire partager l’aventure de cette nouvelle édition. Maître d’œuvre de cette encyclopédie du franc, il y a consacré deux années entières parcourant les archives et accomplissant un énorme et unique travail de catalogage.

• Vous êtes celui que l’on pourrait qualifier de chef de chantier du Franc, les Monnaies, les Archives, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs du Bulletin Numismatique ? Quel est votre parcours de numismate ?

J’ai 55 ans et de formation je suis ingénieur Télécom Paris et docteur en informatique (Intelligence Artificielle).
J’ai travaillé au début de ma carrière dans des centres de recherche de la Défense puis je suis devenu directeur de la veille technologique d’une société informatique. Avec l’éclosion d’Internet, j’ai créé une société de services informatiques puis quelques années après une société d’édition logicielle. Depuis une dizaine d’année j’ai ralenti le rythme, je me suis installé à Rio de Janeiro et j’ai gardé une petite activité d’éditeur logiciel et de consultant.
J’ai 40 ans de collection derrière moi. Très vite je me suis spécialisé sur le motif Hercule d’Augustin Dupré et les 5 Francs Union et Force. Le Bulletin Numismatique m’avait gentiment consacré un numéro spécial en avril 2008 (BN N°46). Outre des monnaies, ma collection comprend également des documents anciens : lettres, contrats et dessins d’Augustin Dupré. J’éprouve une très grande admiration pour cet artiste majeur qui est pourtant si méconnu du grand public…
L’objet le plus insolite de ma collection n’est pas une monnaie mais un petit cadre regroupant une mèche de cheveux de Dupré et un bout du ruban de la légion d’honneur que La Fayette avait réussi à lui obtenir peu de temps avant sa mort et en signe d’une reconnaissance tardive de la nation.

• Quand avez-vous découvert la série Le Franc ?

Tardivement. J’ai collectionné très jeune (à partir de 14 ans) mais ensuite, très pris par ma vie professionnelle, j’avais mis ma collection en suspens. Je ne l’ai reprise que vers 2003 et c’est là que je découvre le Franc (dans sa version V) avec plein d’informations nouvelles sur les Union et Force. C’est à cette époque que j’entre en contact avec CGB et que j’adhère ensuite à l’association des Amis du Franc.

• Le Franc, les Monnaies, les Archives est l’aboutissement d’un travail collégial débuté il y a plus de vingt ans avec la parution du premier Franc en 1995. Pour cette nouvelle édition augmentée et complétée par un vaste travail de recherche en archives, comment avez-vous réparti les rôles, notamment au sein de l’association Les Amis du Franc ?

Nous avons lancé fin 2016 le projet de rédaction d’un ouvrage à quatre avec Franck Perrin (Président des ADF), Xavier Bourbon (Trésorier) et Christophe Charve (Secrétaire). Après les décès de Michel Prieur et Stéphane Desrousseaux, l’idée n’était pas de faire une simple mise à jour du Franc mais de procéder à une refonte complète centrée sur les archives. Joël Cornu a adhéré rapidement au projet et nous a mis à disposition tout le fonds photographique CGB, les versions précédentes, et a pris en charge la relation avec les autres professionnels numismates pour les droits photos.
Pour pouvoir mener ce projet dans un délai raisonnable, j’ai mis mes activités professionnelles en suspens afin de m’y consacrer à plein temps. J’ai organisé la rédaction entre nous quatre de la manière suivante : Franck s’est consacré aux états de conservation et leurs illustrations. Christophe a débroussaillé les dossiers de concours de Louis-Philippe, 1848 et Pétain et il a pris la rédaction du chapitre sur la quatrième République. Xavier a ingurgité tous les rapports annuels au ministre des Finances de 1896 à 1947. Nous misions beaucoup sur cette source d’informations mais au final peu d’informations numismatiques y figuraient. Mais on ne pouvait pas négliger cette piste… Il a pris également en charge l’établissement des nouvelles entrées dans les lignes Dupré cuivre (son thème de collection) et il a surtout rédigé la partie 1897-1920 du chapitre sur la IIIe République traitant des oeuvres de Roty, Chaplain, Daniel-Dupuis, Patey, Lindauer…
Pour ma part, j’ai rédigé chronologiquement les chapitres un par un en intégrant au passage les contributions évoquées ci-avant de mes trois autres compères. Et j’ai terminé par la rédaction de l’introduction avec notamment une présentation des techniques monétaires et un trombinoscope des graveurs/artistes. Fin juillet 2018, le livre était rédigé dans sa première version complète.
Naïvement, je pensais une sortie possible avant les fêtes de fin d’année mais il restait à faire les relectures, les compléments et la mise en page qui ont été très chronophages.

            
Philippe Théret, Xavier Bourbon, Christophe Charve et Franck Perrin

• Quels furent les autres contributeurs remarquables à l’ouvrage ?

Stéphane Monneau a été très précieux dans l’exploitation de certaines archives. Il a fait de la retranscription systématique sur les dossiers de concours Louis XVIII et Charles X. Puis il a fait de l’indexation sur des registres de correspondance de l’Administration. Cela m’a fait gagner beaucoup de temps au moment de l’analyse des informations et de la rédaction.
Alors que l’ouvrage était déjà très avancé, nous avons découvert par hasard les talents graphiques de l’Ami du Franc Jean-Philippe Marie. Nous avions pour projet dès le début d’iconifier de manière explicite toutes les variantes possibles dans le Franc afin d’éviter toute note de bas de page et de faire en sorte que ligne soit explicite et se suffise à elle-même, pour qu’elle soit également compacte, ce qui permettait aussi de présenter les lignes en bi-colonne et de libérer beaucoup d’espace pour les informations d’Archives. Jean-Philippe a non seulement créé ces icônes mais il a accepté également de créer les dessins de tous les types. Ceux-ci illustrent le trombinoscope des graveurs, les débuts de chaque chapitre et surtout la couverture composée par Eric Prignac.
L’Ami du Franc Jean-Baptiste Storz, outre l’aide apportée à la numérisation d’archives de la Monnaie de Paris, s’est déplacé spécialement à Bordeaux et a permis de découvrir des informations d’importance sur les Cérès fabriquées en 1870 et 1871 à Bordeaux avec les coins fabriqués localement par Marchais.
Parmi les ADF, il ne faut pas oublier Christian Gor, François Sikner, Marc Bazoge et Alain Maes qui ont apporté des éléments d’expertise, effectué des relectures ou bien aidé à la numérisation.
Le périmètre de l’ouvrage incluant les monnaies commémoratives non circulantes de la Ve République, il y avait besoin d’une mise à jour des cotes qui dataient de leur dernière présence dans l’édition du FRANC V en 2003. Franck Perrin a réactualisé le recensement et Laurent Voitel a pris en charge la mise à jour des cotes.
Laurent Schmitt a joué un rôle très important également car il a participé très activement à la numérisation des archives mais également à la négociation avec l’imprimeur et ce afin d’obtenir un ouvrage de la plus belle qualité possible dans une enveloppe économique raisonnable.
Il y a eu également tout le travail d’éditeur piloté par Joël Cornu avec notamment les relectures poussées de Philippe Cornu et Arnaud Clairand permettant des corrections orthographiques, des homogénéisations de présentation du texte, des références…
Je terminerai par le contributeur sans qui cet ouvrage n’aurait probablement pas eu toutes les louanges qu’il a reçu : Eric Prignac. Avec ses grands talents d’infographiste et de photographe, il a rendu cet ouvrage très agréable voire esthétique permettant de mettre en valeur le riche mais parfois austère contenu informationnel. Le nombre de photos à traiter fut colossal puisqu’il y en a pas moins de 3 500. Et ce ne fut qu’une petite partie du travail nécessaire de mise en page !

    

• Depuis combien de temps mûrissiez-vous l’idée de vous lancer dans un tel travail de compilation d’archives ? Pourquoi entreprendre ce travail aujourd’hui et inversement pourquoi ne pas avoir souhaité l’entreprendre il y a 15 ans ?

Si je me suis lancé initialement dans l’exploitation des archives, c’est grâce à Michel Prieur. C’est lui qui m’a poussé à y aller pour approfondir mon thème de collection (les 5 Francs Union et Force). Ensuite, avec la rencontre de Xavier Bourbon qui a fait le même chemin que moi pour les Dupré cuivre puis de Franck Perrin et Christophe Charve, l’idée de la création d’un site spécialisé sur les monnaies décimales de Dupré avec une compilation des archives s’est faite naturellement. Ce premier projet mis en place, on a commencé à accumuler progressivement les numérisations d’archives sur les périodes suivantes. Nous avons commencé à les exploiter en publiant des articles dans le Bulletin Numismatique avec pour objectif un jour de pouvoir les compiler dans un ouvrage.
Néanmoins, avec ce même rythme, il nous aurait fallu encore une bonne dizaine d’années voire beaucoup plus pour atteindre notre objectif. Mais on a eu l’inconscience de se fixer deux ans pour le réaliser. On ne savait pas que c’était impossible alors on l’a fait [Mark Twain] !

• Vous semblez accorder une attention toute particulière aux états de conservation. Sont-ce les prémices d’un prochain ouvrage intégralement consacré à la graduation des monnaies et donc à la définition des états de conservation ?

S’il y a un obsessionnel des états de conservation, c’est bien Franck Perrin. Et c’est tout naturellement lui qui a pris en charge la rédaction de ces parties. Nous avons beaucoup débattu sur le choix de certaines illustrations de monnaies en SUP, SPL et FDC. Certaines FDC paraissaient moins bien que des SPL et des SPL moins bien que des SUP. Le problème à la base de cela est que l’état de conservation ne tient compte souvent que de l’usure de la monnaie et pas de l’usure du coin ni de la qualité de frappe. Or l’esthétisme des monnaies dépend des trois facteurs. Certes, pour les monnaies frappées à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, la qualité de frappe devient homogène (avec l’utilisation des presses monétaires) et on change plus facilement les coins avant qu’ils ne soient usés (leur coût de revient est plus bas qu’auparavant). Mais quid des monnaies antérieures ? Ne serait-on pas en droit d’avoir plusieurs notes et notamment une note particulière sur la qualité de frappe pour les exemplaires à partir de SUP ?
Par ailleurs, je suis souvent en désaccord sur les grades des 5 Francs Union et Force mises sous slabs. Le problème de base vient que ce sont des monnaies essentiellement frappées sans virole et que les reliefs ne sont absolument pas homogènes d’une pièce à une autre. Se baser pour ces monnaies-là uniquement sur quelques critères (comme on l’a d’ailleurs fait dans l’ouvrage) est bien trop réducteur.
Nous avons le projet avec Franck et Xavier de travailler sur de nouveaux critères (beaucoup plus nombreux) et des règles de synthèse pour établir un état de conservation plus fiable de ces monnaies particulières. Outre ce projet, il y a le fait d’élargir l’illustration des états de conservation au-delà des six états classiques pour chacun des types. Le travail est d’importance mais réalisable au sein de l’association en faisant participer des collectionneurs spécialisés et motivés.
Après je ne sais pas si cela aboutira à un ouvrage ou à un site. L’avenir nous le dira…

    
Découverte des Archives de la Monnaie quai Conti en 2005


Catalogue des fonds d’archives de la Monnaie de Paris. JM Darnis

• Pour Le Franc, les Monnaies, les Archives la structure d’origine du livre a été légèrement modifiée. La présentation n’est en effet plus par valeur faciale croissante mais par période historique. Pourquoi ce choix ? Quels autres changements ont été apportés ? Quelle place y tient La Collection Idéale ?

La structuration chronologique est en fait la seule qui permette de comprendre l’enchaînement des événements historiques et monétaires. De plus ce contexte est très généralement commun à plusieurs faciales. Si on avait maintenu une présentation principale par faciale, il aurait fallu faire des redites ou des renvois et on aurait perdu en cohérence et en compréhension.
La présentation principale par faciale est en fait très pratique pour le diagnostic et l’obtention d’une cote. Si on veut aller très vite, on utilisera donc de préférence son Franc Poche.
Toutefois la partie 2 de chaque période est organisée par faciale croissante, ce qui permet d’arriver assez rapidement à l’information sur les types et les lignes.
L’autre changement marquant concerne la notion de type qu’on a voulue moins fourre-tout et plus nuancée. On parle par exemple de type Semeuse, de type Semeuse argent, de type Semeuse 1 Franc argent. Il s’agit pourtant de niveaux différents, mais le terme « type » est toujours employé. Dans notre ouvrage, à défaut d’introduire un nouveau vocabulaire qui aurait rebuté certains, on a pris le parti de détailler succinctement cette hiérarchie par un arbre des types présenté dans chaque chapitre et une codification de couleur indiquant la nature de la nuance (variation de faciale, de métal, de poids, de retouche…) ce qui rend l’ensemble visuellement très simple à comprendre et permet d’identifier des liens immédiats entre certains « types ». Au plus haut niveau, il y a finalement peu de types pour nos monnaies circulantes : une grosse cinquantaine ! Et ce sont eux qui sont illustrés sur la couverture de notre ouvrage.
La Collection Idéale (CI) a bien sûr permis de contribuer aux illustrations. Par ailleurs, hormis pour les nouvelles lignes et les monnaies commémoratives non circulantes, les cotes sont pratiquement celles du dernier Franc Poche de 2017. Néanmoins les indications en gras dans les tableaux de cotes permettant de signaler l’état de l’exemplaire CI ont, elles, en revanche, été complètement réactualisées.

        

        
Diverses séances de numérisation dans le site actuel de conservation des archives
situés à Savigny-le-Temple

• Le travail de recherches en archives est considérable et constitue un apport unique dans l’histoire numismatique française du XXe siècle. Comment celui-ci s’est-il déroulé ?

Pour des raisons d’efficacité, les visites que nous avons effectuées aux Archives n’ont pas été dédiées à la lecture mais à la seule prise de photos numériques. Suivant la taille des documents, registres, la prise de photo est manuelle ou au contraire automatisée via une potence contrôlée par ordinateur. Au cours de nos visites, nous avons cumulé plus de 100 000 photos.
Pour les Archives de la Monnaie de Paris (localisées maintenant dans les archives du ministère des Finances à Savigny-le-Temple), on s’est reposé sur le classement réalisé par Jean-Marie Darnis. Il a été possible ainsi de se focaliser tout d’abord sur les documents qui nous sont apparus les plus essentiels. Ainsi par exemple, les dossiers des concours monétaires sont des sources à très haute valeur ajoutée où l’on était sûr de récolter des informations précieuses. De même pour les registres de correspondances, de délivrances, de livraison de coins, les dossiers des graveurs généraux, des graveurs…
Nous avons ensuite pu étendre à d’autres dossiers techniques, organisationnels, logistiques, législatifs…
En terme d’exhaustivité il nous a manqué principalement quelques registres de correspondance contaminés par des champignons et par là même inaccessibles, et quelques registres de délivrances du XXe siècle qui sont particulièrement nombreux.

    
Recherche à la BnF

Il reste du travail à faire ! Seul un travail systématique nous permettra un jour de pouvoir nous satisfaire pleinement. Les Archives de la Monnaie de Paris furent notre source principale mais il ne faut pas oublier la BnF (archives Dupré) et la quête des informations sur Camélinat qui nous a menés à Vincennes (Service Historique de la Défense), à Bobigny (Archives Départementales de la Seine Saint-Denis où sont situées des archives du Parti Communiste Français) et à Pierrefitte (Archives Nationales).
Le musée Carnavalet dispose de véritables trésors numismatiques. Nous y avons été très bien reçus et nous avons été autorisés à prendre des photos et à les publier dans l’ouvrage. Merci à Philippe Charnotet (Chargé des collections numismatiques) et à Valérie Guillaume (Directrice).


Souvenirs de Michaut

Et enfin je ne pourrais jamais oublier la rencontre avec la descendante du graveur Michaut qui nous a ouvert les archives familiales avec des informations de toute première importance !

• Quelle a été l’implication de la Monnaie de Paris et des conservateurs du 11 Conti dans ce projet ?


Jean-Luc Maréchal

Elle a été fondamentale pour la découverte initiale des Archives. Jean-Marie Darnis (conservateur des Archives) était à cette époque encore en activité et il nous a guidé dans nos première recherches. Jean-Luc Desnier (ancien conservateur du Musée) avait ouvert lui l’accès aux coins de Dupré.
Elle a été essentielle pour le projet par l’autorisation donnée par M. Victor Hundsbuckler (conservateur du patrimoine/responsable du Musée de la Monnaie de Paris) pour l’utilisation des photos prises aux archives et au Musée. Sans cela l’ouvrage aurait apporté quasiment le même niveau de connaissances mais aurait été très austère ! Dominique Antérion (chargé de conservation du Patrimoine), grand artisan du nouveau musée du 11 Conti-Monnaie de Paris, nous a particulièrement encouragés dans nos recherches et nous a fourni la photo d’une virole TRAVAIL GARANTIE NATIONALE faite sous Camélinat qui illustre notre ouvrage.
Parmi les acteurs de la Monnaie de Paris, je ne saurais oublier Jean-Luc Maréchal (maître-graveur retraité de la Monnaie de Paris) qui nous a consacré avec enthousiasme du temps pour des entretiens. Grâce à lui, nous avons eu des informations de première importance sur les techniques de gravure et sur l’origine de certaines de nos monnaies de la Ve République.

• Avez-vous fait des découvertes inattendues ? Quelle fut votre plus grande surprise ?

Ma crainte au démarrage du projet était d’aboutir à un ouvrage déséquilibré qui ferait la part belle au XIXe siècle et qui négligerait le XXe. Au final, il n’en est rien, les informations nouvelles, les « scoops » sont bien présents dans toutes les périodes. Les découvertes inattendues ont été nombreuses (un certain nombre mais pas toutes, loin s’en faut, ont d’ailleurs fait l’objet d’articles publiés dans le Bulletin Numismatique) et il est difficile de n’en retenir qu’une. Toutefois si vous me poussez à répondre, je pense qu’il s’agit de l’apparition d’André Galle dans le panorama des graveurs de nos monnaies circulantes. Et ce à double titre : comme auteur du revers de la 5 F Louis XVIII et Charles X (attribué avant à Michaut), et comme auteur du premier type monétaire produit sous Louis-Philippe (qui avait été pris de manière erronée pour un essai).

 
Œuvres d’André Galle

• Et inversement quels sont vos regrets, si vous en avez, et vos futures pistes de recherche ?

Mes regrets sont triples :
- Ne pas avoir pu accéder aux registres contaminés par les champignons. Forcément des informations d’importance y sont présentes. Comme peut-être la raison du choix de Bouvet alors que Barre était officiellement mandaté pour réaliser les pièces de 5 francs sous Napoléon III.
- Ne pas avoir pu accéder aux médailliers de la BnF qui sont enfermés dans des coffres en banque en attendant la fin des travaux. Il est dommage de devoir se contenter encore de nos jours d’illustrations issues du Dewamin.
- Ne pas avoir pu examiner les médailliers de la Monnaie de Paris.

• Avez-vous déjà des premiers retours des adhérents ou acheteurs du Franc, les Monnaies, les Archives ?

Les retours sont pour l’instant très positifs tant pour le fond que pour la forme. Cela nous fait très plaisir. Nous avons également reçu de nouvelles adhésions. C’est bien pour l’avenir et nos projets.

• Quels sont les projets de l’association pour les 20 prochaines années ? Une mise à jour du Franc, les Monnaies, les Archives est-elle déjà programmée ?

Le prochain projet à court terme va être la réalisation d’une médaille reprenant le motif que Dupré avait préparé pour ce qui aurait dû être la première monnaie en or de notre système décimal. Notre association a racheté ce dessin à l’acquéreur américain qui avait remporté un lot global issu d’une succession Dupré. Ce dessin figure dans notre ouvrage page 138.
On a déjà évoqué des travaux d’étude sur les états de conservation, il va falloir les lancer et les organiser.
On souhaite lancer également à court terme, via le forum des ADF, un recensement, par observation du marché numismatique, des exemplaires remarquables (par leur rareté ou par leur état) pour des variantes ou des types spécifiques. Cela permettrait de réactualiser et d’affiner le niveau d’information que l’on avait auparavant dans les notes de bas de pages des versions précédentes du Franc et d’alimenter aussi la base de la Collection Idéale.

Par ailleurs, il nous paraît anormal que pour un pays au passé si riche et dont les habitants sont aussi intéressés par l’Histoire (il suffit de regarder la fréquentation des musées, le succès des émissions TV sur l’histoire…), il y ait finalement si peu de collectionneurs de monnaies ! La mission de notre association est également de promouvoir la numismatique auprès du grand public. Il nous faut avancer sur ce sujet. Comment faire ? Plusieurs pistes mais la présence sur Internet et les réseaux sociaux est désormais un passage obligé pour atteindre le grand public. Avec quel contenu et sous quelle forme ? C’est encore en réflexion, en discussion… Pour ma part je préconise d’utiliser la vidéo et les talents de Laurent Schmitt, à la fois pour ses compétences d’expert mais également et surtout pour celles de vulgarisateur et communiquant sans pareil, capable de captiver son auditoire. Je ne sais pas s’il saura faire « court » mais on a assurément notre « Pierre Bellemare » de la numismatique (là il va me tuer :-) ) !

Comme évoqué auparavant et en fil rouge, il va être nécessaire de reprendre les activités de numérisation aux archives à Savigny-le-Temple.

Enfin, pour le futur (mais bien avant 20 ans !) il y a quatre sujets que l’on aimerait finaliser ou explorer :

Un livre sur Dupré. On a réalisé avec Xavier Bourbon, au travers de nos études respectives, l’ébauche d’un livre sur le graveur Augustin Dupré. On veut prendre notre temps pour qu’il soit le plus complet possible.

L’analyse des matériaux. Grâce aux compétences et au réseau professionnel de Xavier Bourbon, on a pu effectuer une première analyse sur quelques Union et Force sacrifiées sur l’autel de la science. Cette étude avait été relatée dans le Bulletin Numismatique n°148. La méthode avait été intrusive : les pièces ont été coupées en deux. Nous espérons pouvoir un jour avoir accès à des méthodes non destructives et poursuivre ces études !


Union et Force sacrifiée sur l’autel de la science

La reconnaissance d’image. L’intelligence artificielle a fait des progrès fulgurants ces dernières années et la reconnaissance d’images par réseaux de neurones est devenue une technique mature. La mise à disposition de sa technologie par Google ouvre la porte à des expérimentations dans le cadre des monnaies. Serait-elle efficace pour distinguer des variantes qui posent problème aux collectionneurs (glands/olives pour les UF, ruban large/ruban étroit pour les 100 Francs Cochet, buste fort/buste fin pour les demi-franc Napoléon Ier lauré…) ? Serait-elle pertinente pour établir des états de conservation ? Mon passé de chercheur (Docteur en intelligence artificielle) me donne vraiment envie de mener ces expérimentations. Pour ce faire, il va falloir une base d’images volumineuse et de très bonne qualité. Notre partenariat avec CGB Numismatique Paris devrait permettre d’avancer rapidement sur ce sujet.

La modélisation 3 D. Quand on voit ce que peuvent faire les scanners 3D sur des petits objets et quand on voit les animations visuelles que ça peut apporter (voir par exemple ce qui est fait dans le nouveau musée monétaire de la Monnaie de Paris), il est clair que c’est l’avenir de la présentation des monnaies de collection en permettant de présenter enfin la tranche et les reliefs. Le corollaire positif à cela sera de pouvoir envisager un jour des critères totalement rationnels sur l’usure des monnaies (en effet, on pourra appliquer informatiquement des modèles d’usure progressive et en voir le résultat). Le corollaire négatif c’est qu’à partir d’un modèle 3D et de l’évolution inexorable des imprimantes 3D, les faux risquent de devenir parfaits ! Ok, ce n’est pas pour demain mais d’ici 20 ans c’est quasi certain. Il convient donc de s’y préparer et de trouver des parades. L’une d’elle pourrait consister à faire mettre sous coque sa monnaie non plus pour en faire établir son état de conservation mais seulement pour certifier qu’elle existait avant que la technologie ne permette de la reproduire artificiellement…

Comme vous pouvez le voir, ce ne sont pas les idées et les projets qui manquent ! C’est plutôt le temps disponible et les bonnes volontés. Si des lecteurs sont intéressés par travailler sur un sujet, il leur faut contacter notre président via l’email contact@amisdufranc.org.

• Une mise à jour du Franc, les Monnaies, les Archives est-elle déjà programmée ?

Elle n’est pas programmée. Cela dépendra déjà de l’intérêt suscité par cette édition avec tout le recul nécessaire. Et, enfin et surtout, cela dépendra des nouvelles informations que nous aurons ou pas à y apporter. Au vu des réponses à votre question sur mes éventuels regrets, vous savez déjà qu’il y a plusieurs pistes.

• Question rituelle, s’il ne devait rester qu’une seule monnaie, laquelle serait-elle ?

La 5 F Union et Force bien sûr :-) !

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