LE COIN DU LIBRAIRE : TRACING THE LOCAL(S)

TRACING THE LOCAL(S)

Edited by Saskia Kerschbaum an Hulya Vidin, Tracing the Local(s) ; The Local World of Mediterranean Landscapes in Greek and Roman Coinage, VLAC II Visual Languages of Ancient Coins, Ausonius, NA 17, Bordeaux, 2025, relié broché avec rabats, 21 x 29,7 cm, 208 pages, ill. couleur dans le texte (Introduction & 10 articles. Code : Lt 87. Prix 35€.

La publication d’un nouveau volume de la série Numismatica Antiqua, le 17^e pour ce titre, est toujours un événement et ancre les éditions Ausonius définitivement comme un acteur majeur de l’édition numismatique. Le choix du sujet, réflexion sur les identités locales au travers des monnayages gréco-romains, n’est pas anodin, mais factuel. Le choix de l’anglais pour l’ensemble des dix interventions ainsi que son introduction marque la volonté des directeurs de la collection Fabrice Delrieux et Koray Konuk, d’ouvrir la collection sur une diffusion internationale, déjà entamée sous la direction de Catherine Grandjean pour le NA 12, The Koina of Southern Greece, Historical and Numismatic Studies in Ancient Greek, Federation, Bordeaux, 2021.

Sur la quatrième de couverture, la Goethe Universität de Frankfurt am Main, la Technische Universität de Braunschweig, la commission numismatique du Land (NK), le fonds pour la publication des Künker, sont les soutiens qui ont permis l’édition de cet ouvrage, suite au colloque qui s’est tenu à Francfort les 19 et 2 novembre 2019 à la Goethe University et que rappelle l’accroche de l’ouvrage.

« Les monnaies antiques sont l’une des sources les plus fascinantes et les plus importantes lorsqu’il s’agit de réfléchir à toutes sortes d’identités locales. Celles-ci ont été frappées, entre l’époque archaïque grecque et la fin de la période romaine tardive, par toutes sortes d’émetteurs : cités, rois, tribus, ligues, etc. Tous avaient en commun, non seulement de produire des monnaies comme moyen de paiement, mais d’utiliser le petit espace disponible sur les flans pour graver des images qui, selon eux, exprimaient leur identité. Les légendes et les illustrations ayant résulté de ce besoin sont aussi nombreux et variés que les autorités chargées des frappes. »

Cet ouvrage publié dans le cadre du Visual Languages of Ancient Coins (VLAC II) s’ouvre sur la table des matières (p. 5) qui donne la liste des dix contributions de la conférence internationale. Elles sont précédées par une copieuse introduction de Saskia Kerschbaum et Hüyla Vidin qui reprend le thème de la conférence : « Location and Coinage » (p. 7-21).

« Onze auteurs issus de différents domaines de la recherche discutent du phénomène de l’expression de l’identité locale, depuis l’Antiquité grecque classique jusqu’à l’Antiquité romaine tardive, de l’Espagne à l’Asie Mineure. » Les dix contributions, neuf en anglais et une en allemand, couvrent des sujets aussi divers que variés.

Hüyla Vidin ouvre les contributions sur une étude sur l’ancienne Cyrène et le culte rendu à Apollon Karneios, originaire de Laconie (p. 23-49). Un tétradrachme de Ségeste permet à Johannes Heinisch de confronter les monnayages des deux cités voisines de Ségeste et de Sélinonte et de montrer que la seconde s’empara du modèle de la première après une victoire disputée. Annalissa Polosa s’est intéressée aux monnayages ciliciens entre le modèle mis en place par les Séleucides et les traditions locales (p. 61-71). Cet article est largement illustré par les monnaies et complété de très belles cartes. Pero Ardjanliev se penche sur le monnayage des Dassaretai et de leur centre urbain, Lychnidos à l’époque hellénistique, située sur le lac Orhid, dans l’actuelle Macédoine du Nord (p. 73-88).

Simone Vogt analyse le monnayage de Capoue et de ses alliés d’Italie du Sud face aux Romains au moment des deux premières guerres Puniques, avec des légendes osques, marqueur d’une identité locale particulière (p. 89-99). Helen M. H. MacDougall aborde quant à elle, les représentations des peuples étrangers dans le monnayage des Guerres civiles de 68-69, en particulier pour l’Espagne et l’Afrique (p. 101-115). Frank Daubner aborde le thème de Tauropolos (Europe) en particulier sur le monnayage d’Amphipolis à l’époque impériale et met en avant les particularismes amphipolitains (p. 117-129). Saskia Kerschbaum revient sur les rivalités entre les cités de Nicée et de Nicomédie à l’époque impériale qui s’affrontèrent dans la course aux Honneurs, Nicée finalement distancée par sa rivale à l’époque sévérienne (p. 131-151). Robyn L. Le Blanc s’attache à l’analyse du type monétaire du « Forum de Marsyas » et à sa diffusion dans le monde méditerranéen oriental au travers des cités de Mallos, Bostra et Néaopolis (p. 153-176). Le seul article en allemand, le dernier de cet ensemble, sous la plume de Berhnard Weisser et d’Andrea Gorys, se penche sur le monnayage d’Adramytion en Éolide, du début à la fin des émissions monétaires afin d’en mettre en valeur les influences historiques, géographiques, politiques et culturelles locales (p. 177-203). Un résumé bilingue (anglais français) des présentations complète et referme l’ouvrage (p. 205-208).

« Ce faisant, les auteurs s'interrogeront sur ce qu'est l'identité locale en soi : un phénomène lié à la culture, à la langue, à la politique, aux frontières ? En répondant à ces questions et en les discutant, le livre vise à considérer les monnaies comme un des vecteurs les plus importants des identités locales, un phénomène remarquable ayant traversé l'espace et le temps et qui, de ce fait, a été largement partagé » . 

La qualité des interventions, liée à une rigueur éditoriale, associée à une qualité d’impression indéniable, font de cet ouvrage un témoin digne d’intérêt. Le prix raisonnable, rare dans ce type de publication, en rehausse la valeur et en justifie son acquisition.

Laurent SCHMITT (ADR 007)