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LE COIN DU LIBRAIRE : ROMAN IMPERIAL PORTRAIT PRACTICE

| 28/07/2025
Informations

ROMAN IMPERIAL PORTRAIT PRACTICE

Christian Niederhuber, Roman Imperial Portrait Practice in the second Century AD. Marcus Aurelius and Faustina the Younger, Oxford Monographs on Classical Archeology, Oxford, 2022, relié cartonné avec jaquette, XXVI + 214 p., dont 106 pl., 273 n°, ill., couleur dans le texte (monnaies et bustes). Prix indicatif : 145€ (sur commande).

Je connais le docteur Christian Niederhuber (Numisart) depuis une vingtaine d’années quand nous nous rencontrions lors de Numismata, à Munich début mars. Nous nous sommes revus depuis deux ans lors du World Money Fair de Berlin. Je suis très heureux de présenter son ouvrage, consacré à la « Pratique du portrait impérial romain au IIe siècle de notre ère » avec comme sous-titre Marc Aurèle et Faustine la Jeune.

MARC AURÈLE Sesterce TTB+/TTB

Si cet ouvrage n’est pas le premier à aborder le sujet de la comparaison et de la confrontation des bustes en marbre au regard des monnaies, il est néanmoins novateur dans le sens où il compare systématiquement le catalogue des bustes à notre disposition de l’empereur philosophe et de son épouse et cousine, la fille d’Antonin le Peux et de Faustine l’Ancienne, aux monnaies. Au départ, cette mise en perspective peut sembler démesurée au regard de la différence de taille entre le buste, le plus souvent en marbre et de taille respectable, qui a pour but de représenter le visage impérial dans les lieux officiels ou privés et la monnaie, dans les trois métaux (AV, AR et Æ) dépassant rarement les 35 millimètres de diamètre en dehors des médaillons, outils de la propagande impériale. Si les premiers, bien que nombreux, au départ, sont destinés à faire connaître et rayonner l’imago de l’Auguste ou de l’Augusta, les secondes ont pour but de diffuser auprès du plus grand nombre la même imago, mais dans les gestes de la vie quotidienne, utilisées dans les échanges économiques afin de diffuser un message lié à cette même propagande impériale. Historiens de l’art et numismates ont souvent représenté et associé dans leurs recherches les deux, mais en général comme faire-valoir de l’autre. Nous avons avec l’ouvrage de Christian, pour une des premières fois une confrontation systématique, un éclairage des uns par les autres avec la vision à la fois, d’un numismate chevronné et d’un historien de l’art. Comme l’évoque son auteur, les écoles germaniques et autrichiennes, en particulier depuis Eckhel (1737-1798) et Wilkelmann (1717-1768) se sont essayées à ce type de comparaison. L’ouvrage que nous vous présentons est issu de la thèse de doctorat de Christian soutenue à l’université d’Oxford. Ce qui ressort de l’ouvrage, c’est la place tenue par l’iconographie, que ce soient les monnaies ou les bustes qui occupent plus d’une centaine de pages dans l’ouvrage avec des photos de très haute qualité, tant pour les bustes que pour les agrandissements des monnaies. Numismate, Christian ne s’est pas limité à la seule représentation du droit des différentes monnaies, mais en illustrant aussi les revers, qui font que nous pouvons dater très précisément la monnaie quand nous ne pouvons pas indiquer les raisons et les conditions de son émission, ce qui n’est pas le cas du portrait en statuaire qui ne porte qu’exceptionnellement une dédicace. Elle oblige le chercheur à établir un catalogue, parfois évolutif, en fonction de critères stylistiques et artistiques, liés à l’âge de l’impétrant. Alors que pour la monnaie, avec la titulature du droit complétée de la légende du revers, la monnaie permet de dater chirurgicalement l’objet. Statuaire et numismatique ne sont pas antithétiques, mais au contraire, complémentaires. Le travail mené par Christian Niederhuber a été facilité par le nombre de bustes disponibles pour Marc Aurèle (26 avril121- 17 mars180) et ceux de son épouse, Faustine (c. 130-175). Si de nombreuses collections de musées ont été publiées intégralement ou régionalement, le travail reste à faire en confrontation avec les monnaies. Nous pouvons signaler celui mené par le musée Saint-Raymond de Toulouse qui possède une très belle collection de bustes (sculptures antiques de Chiragan) ainsi qu’une importante série numismatique et qui depuis maintenant deux décennies se livre à ce type de travail sous la direction de Jean-Charles Balty, mais pas systématiquement. Récemment, en 2014, à l’occasion de la célébration du deuxième millénaire de la mort d’Auguste (19 août 14), le musée du Quirinal à Rome puis le Grand Palais à Paris, au cours d’une très belle exposition, n’ont pas hésité à confronter, bustes et monnaies où les monnaies, au regard de leur taille, faisaient pâle figure face aux bustes.

L’ouvrage de Christian Niederhuber s’articule autour de dix chapitres et d’une conclusion. La table des matières se trouve aux pages IX et X et est précédée d’une très courte préface. Elle est suivie par la liste des 273 illustrations de l’ouvrage, c’est dire l’importance de l’iconographe de celui-ci (p. XI-XXIV), complétée par une liste des tableaux (p. XXV) se terminant par une liste d’abréviations (p. XXVI).

FAUSTINE JEUNE As TTB+

Le premier chapitre est consacré à l’introduction autour des objectifs et de la méthodologie (p. 1-7) bâti autour de trois problématiques en débutant par l’état de recherche (p. 2-4), suivi des questions que pose cette recherche, ses objectifs et sa portée (p. 4), enfin la méthodologie à mettre en œuvre afin d’aboutir à un résultat satisfaisant. Outre les sculptures et les monnaies, l’auteur fait aussi appel à l’épigraphie des bases de statues quand elles existent.

Le deuxième chapitre est totalement consacré à Faustine et à son monnayage concernant à la fois les monnaies, mais aussi les médaillons (p. 9-29). Christian s’attache à décrire l’évolution de la recherche historique et où elle se trouve arrêtée aujourd’hui (p. 8-9). Il s’attache ensuite à établir un lien entre typologie et chronologie à partir de dix types principaux (p. 9-12). Pour Faustine, il se consacre à l’ensemble du monnayage qui débute après la naissance du premier enfant de Faustine en 147 sur les treize qu’elle a eus de Marc Aurèle et qui prend fin après la mort de l’Augusta en 176 à Halala et à sa consécration. Il compare les titulatures de l’Augusta avec les différents portraits et répartit les bustes en deux groupes et quatre sous-groupes avant la mort d’Antonin le Pieux en mars 161 et deux après cette date dont un posthume (p. 10). Il fait de même avec les médaillons et essaie de dresser une chronologie absolue qu’avait déjà essayé de mettre en place W. Szaivert en 1986 (MIR 18, Die Münzprägung der Kaiser Marcus Aurelius, Lucius Verus und Commodus (161-192) à partir de 161 pour l’Augusta. Dans un troisième point, il étudie les différents types de portraits au nombre de dix (p. 12-23). Il s’appuie pour ce faire sur les travaux traditionnels des écoles allemande (Strack), autrichienne (Szaivert), anglaise (BMC), américaine avec la publication récente de Beckmann, publié en 2021 et pour les médaillons celles de Gnecchi (italien) du début du XXe siècle, complétées par la publication très récente de P.-F. Mittag, Römische Medaillons III, Marcus Aurelius und Lucius Verus, Stuttgart 2024, parue après la publication du livre de Christian. De cet ensemble de données, il essaie de dresser un tableau d’analyses et d’hypothèses de travail. Il affecte à chacun des dix bustes un espace chronologique entre 147/8 et 175/6. À la page 27, il donne une liste de quinze enfants possibles pour Faustine et Marc Aurèle. Le troisième chapitre en regard du premier est un miroir, cette fois-ci consacré aux portraits de marbre de l’Augusta (p. 30-46) avec la même problématique que pour la numismatique, basé sur un nombre de types de bustes identique. Dans un quatrième chapitre (p. 47-49), il confronte monnaies et statuaire.

À partir du cinquième chapitre il se livre au même travail pour Marc Aurèle, adopté par Antonin le Pieux dès 138, devenu César l’année suivante, marié en 145 avec la fille d’Antonin et qui reçoit la puissance tribunitienne après la naissance de son premier enfant à l’extrême fin de l’année 147. Son étude numismatique débute à partir du moment où Marc Aurèle reçoit le titre de César. Il met en regard monnaies et médaillons. L’auteur adjoint au monnayage impérial celui provincial de l’atelier d’Alexandrie (p. 50-59). Le travail est facilité par les monnaies datées de Marc Aurèle avec les puissances tribunitiennes car les consulats le premier en 140, le deuxième en 145, le troisième et dernier en 161 ne permettent pas de préciser quant à eux une chronologie absolue. Dans un sixième chapitre, l’auteur s’attache à faire le même travail que pour Faustine au niveau des marbres (p. 61-70) complété d’une comparaison entre monnayage et bustes dans un septième chapitre (p. 71-75) où il définit quatre types principaux de bustes entre 138 et 166. Ce travail est plus difficile à mettre en phase pour l’Auguste et se trouve plus difficile à mettre en ordre que pour son épouse.

Dans un huitième chapitre, il aborde le sujet de l’organisation de l’atelier de Rome et la mise en œuvre de la production monétaire (p. 76-79). Dans un avant-dernier chapitre, le neuvième, il se penche sur les technologies employées dans la fabrication des bustes et le travail des sculpteurs au niveau de la fabrication occidentale des sculptures et de leur reproduction (p. 80-82). Enfin dans un ultime chapitre, Christian s’attache à mettre en lumière une théorie sur les normes et les modèles dans la réalisation des portraits au cours du IIe siècle (p. 83-91). Un onzième chapitre (p. 92) sert de conclusion.

Un appendice très important (p. 93-99) est consacré à l’ensemble des bustes de Faustine (p. 93-95) et de Marc Aurèle (p. 95-99) classés typologiquement : dix pour Faustine, quatre pour Marc Aurèle avec leur style et lieu de fabrication, l’endroit où ils sont conservés, complétés parfois par les bustes qui ont été exclus de cette typologie. Nous avons au total près de 60 bustes pour Faustine et seize exclus. Pour Marc Aurèle, nous totalisons 186 bustes.

Une bibliographie vient refermer la première partie de l’ouvrage, très détaillée (p. 101-106). Nous trouvons ensuite les 106 planches photos (p. 107-212) totalisant 273 illustrations mais beaucoup plus de photos pour les bustes où nous pouvons trouver jusqu’à quatre images par portait. Faustine occupe les pages 106 à 157 (fig. 1 à 115) et Marc Aurèle, les pages 161 à 212 (fig. 116 à 273). Un index (p. 213-214) clôt l’ouvrage.

DIVA FAUSTINA Denier SUP/TTB+

La qualité des photographies tant des monnaies que des bustes est irréprochable. En revanche la qualité et le grammage du papier pour les planches est un peu faible et la tenue du livre s’en ressent, surtout que certaines de ces pages sont parfois un peu transparentes. Le livre est relié et cartonné avec une élégante jaquette. Le seul problème pour ce type d’ouvrage est de se le procurer ainsi que son prix. Dans ces conditions, si vous voulez vous l’acheter, il faudra le commander et être patient, mais l’attente et le coût seront largement récompensés par la lecture de l’ouvrage et le fait de pouvoir compulser les planches comme un livre d’art !

Laurent SCHMITT (ADR 007)

* les monnaies sont en vente sur le site Cgb.fr ainsi que plus de 300 monnaies de Marc Aurèle et de Faustine jeune disponibles à la vente sur Cgb.fr.

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