
SELEUCID COINS OF BACTRIA
![Seleucid Coins of Bactria [Classical Numismatic Studies, No. 1] KRITT Brian](https://images3.cgb.fr/images/librairie/ls96.jpg)
Brian Kritt, Seleucid Coins of Bactria, (SCB), CNS 1, Lancaster 1996, relié cartonné avec jaquette, 15,7 x 23 cm, X + 70 pages, dont 5 pl., ill. n&b dans le texte, cartes. Code : Ls96. Prix : 36€.
Il y a bientôt trois décennies, CNG, Lancaster, lançait la publication d’une série d’ouvrages qui allait connaître un succès mérité. Aujourd’hui, au total, nous avons seize titres dans cette collection. Elle doit une grande partie de son succès à un auteur, Brian Kritt, qui a publié à lui seul huit ouvrages de cette collection, respectivement CNS 1, 4, 8 dans le format 15,7 x 23 cm et 9, 13, 14, 15 et 16 dans le nouveau format 21 x 26 cm. D’abord en noir et blanc pour les trois premiers volumes. Ils sont depuis le CNS 9 largement illustrés en couleur. L’auteur s’est spécialisé sur l’étude des ateliers orientaux des royaumes séleucides et gréco-bactriens.
Ce premier volume comme plusieurs autres de la série sont en fait une suite d’articles réunis pour former un ouvrage ayant la même thématique. Ce sont en général des ouvrages courts de moins de 150 pages, réunissant suivant les cas, moins d’une dizaine de chapitres. Le premier volume ne déroge pas à la règle avec dix pages d’introduction dont la V pour la table des matières, trois pour des cartes (p. VI, royaume séleucide, VII, Bactriane, VIII, Mésopotamie). La préface est rédigée par Arthur Houghton, auteur de l’ouvrage de référence sur le sujet (p. IX-X) avec pour motto : « Les grands chênes grandissent à partir de petits glands. » Faut-il rappeler que ce livre est paru au millénaire précédent, à la fin du XXe siècle six ans avant la publication de la première partie du monumental ouvrage d’Arthur Houghton et de son équipe Catharine Lorber & Oliver D. Hoover, pour la seconde partie, consacrée au monnayage Séleucide : Seleucid Coins, A Comprehensive Catalogue. Part I, Seleucus through Antiochus III, ANS/ CNG, New York, Lancaster/ London, 2002.
L’ouvrage consacré au monnayage séleucide de Bactriane, devenu une référence (SCB), mais vieilli aujourd’hui, a été amendé et complété depuis. Il est articulé autour de sept chapitres. Le premier de ces chapitres est consacré à l’étude du groupe G attribué précédemment à l’atelier de Suse (p. 1-21), mis en évidence par E. T. Newell (1886-1941), The Coinage of the Eastern Seleucid Mints from Seleucus I to Antiochus III with A Summary of Recent Scholarship Additions and Corrections by Otto Morkholm, (ESM) ANS, NS 1 (original, 1938), New York, 1978 (reprint). Le catalogue de Kritt comprend 47 entrées pour l’or, l’argent et le bronze avec un catalogue des exemplaires recensés et une étude de coins pour l’or et l’argent qu’il répartit sur quatre principaux groupes. Il attribue aujourd’hui l’ensemble de cette production à un atelier bactrien. Il en place la chronologie au début du IIIe siècle avant notre ère à la fin du règne de Séleucus Ier ou de son fils Antiochus Ier.
Le second chapitre s’ouvre sur l’atelier B de l’ESM d’E. T. Newell (p. 22-34) qu’il restitue aujourd’hui à l’atelier d’Aï Khanoum, en s’appuyant sur le monnayage de bronze de cet atelier et les différentes techniques de fabrication de ces monnaies. Il complète cette vision dans son troisième chapitre (p. 35-40) où il s’appuie encore une fois sur les bronzes donnés à cet atelier pour en lier le destin aux monnaies de l’atelier A de Newell, le tout complété au chapitre IV (p. 41-42) par les liens qui relient ces pièces aux bronzes anépigraphes de l’atelier. Le cinquième chapitre s’ouvre sur les liens qui existent entre les séleucides et les monnaies royales de l’atelier d’Aï Khnaoum (p. 43-44). Ces différents chapitres constituent l’architecture de la reconstitution à laquelle se livre l’auteur pour cette cité qui fut largement fouillée et étudiée par les Français entre 1950 et 1973.
Un sixième chapitre examine les légendes monétaires et les confronte aux données que peuvent apporter les ateliers orientaux de la région (p. 45-47). Le dernier chapitre réattribue les émissions de l’atelier de Carrhae (Mésopotamie) à la tête de cheval (Bucéphale) à la Bactriane (p. 48-51). Un appareil impressionnant de 222 notes en continu (p. 52-65) accompagne et argumente les hypothèses de l’auteur, tandis que cinq planches (p. 66-70) viennent en illustrer et compléter les propos.
Aujourd’hui daté, ce premier opus de B. Kritt reste un modèle pour ceux qui veulent étudier tout ou partie de l’histoire d’un atelier et qui nous montre, si cela était nécessaire, que les attributions du passé ne présagent pas de celles du futur et qu’il reste encore beaucoup à écrire afin de comprendre l’histoire complexe de cette région, hier comme encore aujourd’hui.
Laurent SCHMITT (ADR 007)