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LE COIN DU LIBRAIRE : COMTES DE RETHEL, DUCS DE MAZARIN, PRINCES DE MONACO | 05/06/2025 Informations COMTES DE RETHEL, DUCS DE MAZARIN, PRINCES DE MONACO C’est un magnifique catalogue, riche en couleurs et aux nombreuses illustrations, qui décrit la somptueuse exposition d’un grand intérêt organisée du 7 mars au 8 juin 2025 au prestigieux musée de l’Ardenne à Charleville-Mézières, un des plus beaux musées de France où sont conservées quelque 25 000 monnaies dont la plus belle collection de monnaies ardennaises après celle du Cabinet des médailles de la BnF. Ce musée est remarquable, tant par la richesse de ses collections que par la haute qualité de ses expositions d’intérêt national. Charleville-Mézières est en effet un témoin historique privilégié, tant des guerres européennes visibles à Mézières que du rayon de soleil de l’Italie et de son incomparable Renaissance apportés par les princes de Gonzague qui fondèrent Charleville en 1606-1608, enfin par la présence du plus illustre de ses enfants après les Gonzague, le génial poète Arthur Rimbaud. Il est omniprésent à Charleville-Mézières et il y a son propre musée aménagé dans un ancien moulin à eau sur la Meuse construit en 1626 par le prince de Gonzague Charles Ier. Le patrimoine historique et culturel du département des Ardennes est à la fois considérable et méconnu. Il est l’héritage des puissantes familles qui ont possédé le comté de Rethel dès l’époque carolingienne (Xe siècle), territoire érigé en duché-pairie pour les Gonzague (1573-1581) puis devenant duché de Rethel-Mazarin après son achat en 1659-1661 par le cardinal Mazarin pour la dot de sa nièce, la « Mazarinette » Hortense Mancini, première duchesse de Mazarin. Un siècle plus tard, la dernière duchesse de Mazarin, descendante directe d’Hortense, épousa le prince héritier de Monaco, faisant ainsi tomber le duché de Rethel-Mazarin dans l’escarcelle des Grimaldi. C’est ainsi que le prince Albert II de Monaco, héritier en ligne directe d’Hortense Mancini, est le duc de Mazarin aujourd’hui. C’est la passionnante histoire de ce territoire, le Rethélois, déroulée sur près d’un millier d’années, que nous fait revivre cette exposition à travers son catalogue de très grande qualité. Il nous fait revivre par les documents d’archives et les objets d’époque, notamment les monnaies, cette terre du Rethélois réunissant une partie de la Tiérarche et une partie du massif ardennais, traversée par la Meuse qui rejoint plus loin le Rhin dans la mer du Nord et l’Aisne qui se jette dans l’Oise. Ce Rethélois qui appartint successivement aux comtes de Flandre, à la famille d’Albret-Orval, à celle des Clèves-LaMarck, aux Gonzague venus de Mantoue, aux Mazarin héritiers du cardinal, enfin aux Grimaldi de Monaco avant de former le département des Ardennes à la Révolution. Rethel reprit alors son nom ancien qui avait été remplacé par Mazarin pendant plus d’un siècle. À l’occasion d’une nouvelle visite dans le département des Ardennes du prince souverain Albert II de Monaco, accompagné de sa sœur aînée la princesse Caroline de Hanovre, le Conseil départemental des Ardennes, à l’initiative de son président M. Noël Bourgeois, homme de grande culture et fin connaisseur de l’histoire, en même temps qu’administrateur avisé, a décidé, en partenariat avec les Archives et la Bibliothèque du Palais de Monaco, d’organiser pendant une période de 3 mois (7 mars-8 juin) une exposition de haut niveau faisant revivre ce millénaire d’histoire passionnante avec tous les témoins matériels d’autrefois. La maîtrise pratique de cette exposition a été assurée, par délégation du président N. Bourgeois, à Léo Davy, directeur des Archives départementales des Ardennes, commissaire général de l’exposition, en liaison avec le Palais de Monaco. Parmi les institutions prêteuses, outre les Archives des Ardennes et les Archives du Palais princier de Monaco, il faut signaler spécialement les collections de S.A.S. le Prince de Monaco, les Archives nationales de France, la Bibliothèque nationale de France (Cabinet des médailles et autres départements), le musée de l’Ardenne, les Archives d’état de Mantoue (Italie), le musée de Sedan. Le catalogue, riche de 350 pages illustrées, est divisé en parties, précédées d’une introduction de Léo Davy, elle-même précédée d’une Préface de S.A.S. le prince Albert II de Monaco et d’un avant-propos du président Noël Bourgeois (pp.1 à 29). Partie I : Xe-XVe siècles Sont successivement étudiées la construction du comté, la projection de la famille de Rethel sur la scène occidentale, les relations entre les comtes de Rethel et les archevêques de Reims. Dans cette partie, une notice du grand numismate ardennais Jean Diel, président de l’Association numismatique ardennaise (A.N.A.), professeur agrégé d’histoire et géographie (e.r.), est consacrée aux monnaies médiévales des comtes de Rethel (1315-1384) dont Louis II de Male, comte de Flandre. 7 monnaies sont ainsi exposées dont 4 de la BnF (Cabinet des médailles) illustrées dans le Catalogue. Partie II : 1563-1659. Entre fastes et malheurs du Rethélois, Sont successivement étudiés « Le Rethélois au cœur des guerres de la premières modernité (1520-1650) », « Les Nevers et le Rethélois, un exemple d’investissement politique », « La destinée de deux princes de Gonzague, ducs de Rethel, évoquée par leur monnayage carolopolitain au XVIIe siècle » (voir plus loin la synthèse de cet article numismatique illustré pp.124 à 143), articles complétés par des notices : lettres patentes de Henri III (1581) érigeant le comté de Rethel en duché-pairie, maquette du château de la Cassine (1572), fondation du couvent des Cordeliers, embellissement de l’église de Mézières, portrait de Charles de Gonzague, armes sculptées de Charleville, création de greniers à sel, création d’une forge et de halles, bois de Montcornet, etc. Partie III : 1659-1789. L’administration du duché par Mazarin et ses successeurs Sont successivement étudiés : « Mazarin et Rethel, une relation singulière », « Entre calamités et embellissements : Rethel après les affres de la guerre (1660-1789) », « La Bonne Union au château, Honoré IV de Monaco et la loge maçonnique de Rethel (1785-1788) », articles complétés par des notices : portrait du cardinal Mazarin, portrait d’Hortense Mancini à cheval, contrat de mariage d’Hortense Mancini, érection du duché de Rethélois en duché-pairie de Mazarin, armoiries, procès-verbaux, réglements et terriers, pièces d’orfèvrerie, etc. Partie IV : Historiographie et héritage du comté de Rethel Sont successivement étudiés : « Amour princier dans les Ardennes sous la Restauration », « La publication du trésor des chartes du comté de Rethel et du fonds du duché de Rethel-Mazarin (1882-1928) », « Le Musée du Rethélois et du Porcien », articles complétés par des notices : comptes de 1789, portrait de la duchesse d’Aumont-Mazarin, documents administratifs et correspondances, mémoires de famille. Enfin, l’ensemble est complété par des Annexes (pp.330 à 350) comprenant un historique allant du Xe siècle à 2018, des tableaux généalogiques et un index. Les monnaies des Gonzague frappées à Arches-Charleville Deux grandes vitrines leur étaient consacrées : l’une contenant 121 monnaies, 6 médailles et un jeton, l’autre contenant les documents d’archives relatifs à ces monnaies (baux monétaires, ordonnances royales, arrêts de la Cour des monnaies : originaux manuscrits et imprimés du XVIIe siècle). Le détail de ces vitrines a été donné dans le n°251, avril 2025, du B.N., page 32. Il n’est donc pas nécessaire de le répéter ici. En revanche, il convient de souligner l’exceptionnel intérêt des monnaies exposées qui constitue une première mondiale, nouvelle référence pour les monnaies carolopolitaines qui se substitue à celle de l’exposition de 1995 à Mantoue. Ces 121 monnaies, 6 médailles et un jeton ont été présentés comme suit le 23 avril 2025 au Conseil départemental des Ardennes : « Les monnaies racontent l’histoire » a écrit Jean Babelon en 1962. C’est vrai car elles sont les témoins privilégiés et irréfutables de l’époque à laquelle elles ont été émises. C’est vrai pour les ducs de Rethel, au XVIIe siècle, qui nous ont transmis un somptueux monnayage émis pendant un demi-siècle (1606-1656), riche d’enseignements tant en ce qui concerne leur destin politique que leurs conceptions artistiques issues de la Renaissance italienne. Battre monnaie est un droit régalien, une des prérogatives essentielles d’un pouvoir souverain. C’est pourquoi les Gonzague, après l’avoir réaffirmé en 1575 et émis un jeton d’argent contemporain de la ville de nouvelle (1606), l’ont exercé dès 1607 avant même d’appeler celle-ci Charleville. Leur demi-siècle de monnayage est un pactole pour les historiens : par le choix évolutif de leurs espèces au fil du temps, par leurs légendes changeantes, par leurs armoiries constamment modifiées, c’est tout le déroulement politique de Charles de Gonzague (1601-1637) et de son petit-fils et successeur Charles II (1637-1665) que l’on peut suivre, année après année. Les monnaies des Gonzague nous font revivre la fondation de Charleville, l’affaire de la succession des duchés de Clèves et de Juliers, la puissance de Charles de Gonzague sous la régence de Marie de Médicis, la marche progressive de ce prince d’Arches-Charleville vers les duchés de Mantoue et de Montferrat où il succède à ses cousins décédés, la guerre de succession de Mantoue avec la première apparition de Mazarin à Casale (1630). Toutes ces étapes ont leur traduction monétaire en même temps que celle-ci nous fait connaître les principales espèces circulant en Europe, constamment imitées à Charleville. Quant au petit-fils Charles II, après sa participation, comme d’autres grands seigneurs, à la spéculation sur le cuivre à la fin du règne de Louis XIII, il se livre durant la Fronde à d’outrageantes imitations du jeune Louis XIV, lui empruntant jusqu’à son portrait et sa devise SIT NOMEN DOMINI BENEDICTVM. Venus d’Italie, avant d’y retourner en 1627, les Gonzague étaient pétris de l’art de la Renaissance italienne dont la ville de Mantoue, leur berceau et celui de Virgile, reste encore aujourd’hui un témoin très privilégié. Les Gonzague aimaient le beau, on le constate à Mantoue. C’est pourquoi, à Charleville, ils firent appel aux meilleurs artistes de l’époque : le célèbre Nicolas Briot qui leur livra son chef-d’œuvre, une double pistole d’or en 1608, son assistant le maître orfèvre et graveur carolopolitain Nicolas Marteau qui lui succède avant d’exercer son talent auprès de l’évêque de Verdun, peut-être enfin, durant la Fronde, l’illustre Jean Warin. Il y a trente ans, en 1995, ces trésors furent somptueusement exposés à Mantoue lors d’une manifestation mondiale exceptionnelle. Hormis quelques exemplaires de plusieurs grands musées (Londres, Berlin, Vienne, St Petersbourg…) les monnaies carolopolitaines des Gonzague, montrées au public, furent celles de la BnF (16 exemplaires). Grâce à un prêt exceptionnel de la BnF (33 ex. au lieu de 16), le pari de faire au musée de l’Ardenne mieux qu’à Mantoue a été gagné. Ce n’est pas tout. Pour la première fois la collection de la BnF est complétée par celle du musée de l’Ardenne (2e collection mondiale), celle de S.A.S. le Prince de Monaco et deux importantes collections privées. L’exposition du musée de l’Ardenne ainsi éclipse celle de Mantoue en ce qui concerne les monnaies carolopolitaines. Enfin, conformément aux exigences les plus modernes de la recherche, la présentation des monnaies est accompagnée des documents d’archives de leur époque, uniques ou rarissimes qui les concernent directement : baux monétaires des Briot et de Marteau, ordonnances royales et arrêts de décri prononcés par la Cour des monnaies. Ce n’était pas le cas à Mantoue. Comtés de Rethel, Ducs de Mazarin, Princes de Monaco, Département des Ardennes & éditions invenit, Charleville-Mézières 2025, 350 pages. Catalogue de l’exposition au musée de l’Ardenne à Charleville-Mézières (7 mars-8 juin 2025). Couverture cartonnée. Très nombreuses illustrations en couleur dans le texte, principalement photographies. Préface de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco. Avant-propos de M. Noël Bourgeois, président du Conseil départemental des Ardennes. 33€. Christian CHARLET |
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