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LA MONNAIE ANTIQUE LA PLUS CHÈRE... | 06/10/2025 Informations LA MONNAIE ANTIQUE LA PLUS CHÈRE OU COMMENT UN AUREUS DE TITUS Dans le dernier catalogue ROME 63 qui vient de paraître, série de catalogue qui fêtera son trentième anniversaire en décembre 95, en pleine page 63, sous le numéro brm_978006, la pièce antique la plus chère, actuellement proposée à la vente. Nous vous proposons de découvrir pourquoi et en quoi ce type d’aureus n’a peut-être pas livré l’ensemble de ses secrets. Derrière le trophée du revers et les captifs qui lui sont attachés pourrait bien se trouver une double vérité : la pièce pourrait commémorer une double victoire ou au contraire, ce type de revers ne commémore réellement qu’un événement que nous avons tendance à occulter, subjugué par ce qui reste le fait d’armes le plus exceptionnel de Titus, à savoir la prise de Jérusalem le 8 septembre 70 ! En réalité, lors du début du règne personnel de Titus, qui commence le 24 juin 79, au moment du décès de son père, Vespasien, au cours de la deuxième émission de l’atelier de Rome, qui débuterait après le 1er juillet 79, nous avons un premier type de trophée, associé à un unique captif placé à droite, agenouillé (RIC II²/ 200, n° 29-31, pl. 85, pour l’aureus et le denier. D. Hendin, Guide to Biblical Coins, ANS, New York, 2021, p. 412, n° 6609a). Le trophée est dressé, constitué d’un bouclier rond, d’une cuirasse, d’un casque, d’armes entrecroisées. Le captif est agenouillé, vêtu d’une longue tunique et semble nu-tête. Ce type est associé à la neuvième puissance tribunitienne prise le 1er juillet 79 à la quatorzième salutation impériale pour Titus, reçu dans la seconde moitié de l’année 79, après le 7 février et d’une dix-neuvième pour Vespasien. Ce type se retrouve lors de la troisième émission personnelle de Titus, cette fois-ci associé à la quinzième salutation impériale sur laquelle nous allons revenir, associé avec le même revers (RIC II²/ 203, 48-50 = Hendin 6609b, toujours pour l’aureus et le denier). Quant à notre type avec l’adjonction d’une quinzième salutation impériale, les monnaies sont datées après le 8 septembre 79 (KT, p. 106 = CIL XVI, 24 ; AE 2004, 1259 & AE 2006, 1865). La neuvième puissance tribunitienne court du 1er juillet 79 au 30 juin 80. Titus a revêtu un huitième consulat qu’il a exercé du 1er au 13 janvier 80. Notre aureus a été frappé entre le 1er janvier et le 30 juin 80. Outre l’aureus et le denier avec la tête laurée de Titus à droite (O*) (RIC II²/ 206, 100 et 102, pl. 86), nous avons le même type de revers, mais avec la tête à gauche pour les deux dénominations (RIC 101, notre exemplaire et 103, le denier, pl. 86). Au revers nous trouvons une nouvelle représentation où le trophée dressé est constitué de boucliers oblongs, d’une cuirasse surmontée d’un casque ; le trophée est accosté cette fois-ci de deux captifs, assis dos à dos, la femme à gauche voilée et drapée ramenant son voile de sa main droite devant son visage, à droite du trophée l’homme est barbu, à demi-nu, vêtu de braies, les mains liées dans le dos. Tous deux sont dans l’attitude de la tristesse. En plus de cette première combinaison, les deux personnages peuvent se trouver intervertis. Cette variété est signalée pour le denier avec la tête de Titus à droite (RIC II²/ 206, 104, pl. 86) ou à gauche (RIC II²/ 206, 105, pl. 86). D. Hendin et de nombreux ouvrages et catalogues considèrent que ce type, frappé dans la première moitié de l’année 80, commémore la dixième année de la victoire sur les Juifs et la prise de Jérusalem le 8 septembre 70. Cependant une autre hypothèse peut être mise en avant, suggérée par les auteurs britanniques, comme D. Sear (RCV 2493) en particulier, qui y verraient plutôt la commémoration d’une victoire sur les Bretons, liée à la quinzième salutation impériale décernée à la fin de l’année précédente. Si l’attitude de la femme, n’est pas sans rappeler celle de la Judée (triste) des monnaies de Vespasien et de Titus, l’homme avec son habillement, le fait qu’il est barbu, nu jusqu’à la taille, le fait qu’il porte comme unique vêtement des braies, pourraient plutôt faire penser à un « barbare nordique », breton, scot ou picte, voire calédonien. Faut-il rappeler qu’Agricola, originaire de Forum Iulii = Fréjus (Cn. Iulius Agricola, 13 juin 40 – 23 août 93), bien connu par son gendre Pline le Jeune (58-120) qui lui a dédié un de ses ouvrages au titre éponyme en 98, a été légat d’Auguste propréteur de Bretagne de 78 à 85. Consul suffect en 77 avant son départ afin de prendre son commandement, il remporte de nombreuses victoires dans le Pays de Galles et le nord de l’Angleterre en poussant son entreprise jusqu’en Écosse. Désavoué par Domitien jaloux, successeur de Titus, il est remplacé et se retrouve exilé jusqu’à son décès. Avec notre pièce, nous avons deux possibilités tout aussi valides l’une que l’autre. La première placerait cet aureus dans la continuité de la guerre de Judée (66-73) frappé à l’occasion de l’anniversaire de la prise de Jérusalem. La seconde commémorerait les premières victoires d’un brillant général romain, ami de Titus, au nom de son Auguste. Le fait que nous ayons deux types frappés en 79 et en 80, bien différents dans leur composition et leur représentation, nous ferait pencher pour la seconde hypothèse, en particulier, d’un point de vue iconographique, le captif masculin faisant plus penser à un guerrier natif de l’île de Bretagne. TITUS (1er juillet 69 – 13 septembre 81) Titus, né le 30 décembre 39, est le fils aîné de Vespasien. Il a suivi son père en Judée où il est légat de la XVe légion Apollinaris. Après la proclamation d'Alexandrie, Vespasien lui laisse le soin de parachever la pacification de la Judée durant laquelle il tombe amoureux de Bérénice (cf. la pièce de Racine). Après la prise de Jérusalem à l'été 70, il célèbre avec son père le Triomphe en janvier 71. Associé au pouvoir par son père, il lui succède le 24 juin 79, ayant rompu avec la belle princesse juive en 75. Son règne n'est qu'une suite de catastrophes, l'éruption du Vésuve en 79 qui détruit Pompéi et Herculanum, puis l'incendie de Rome en 80. Il meurt en 81, peut-être assassiné à l'instigation de son frère, Domitien (Suétone). Il est décrit comme « le délice du genre humain ». Aureus, Rome 80, 4e ém. A/ IMP TITVS CAES VESPASIAN AVG P M R/ TR P IX. IMP XV COS VIII P P C – RIC – BMC – RIC II²/206, 101 (R2), pl. 86 – Calico 778 – Hendin GBC 6610a (R2) Kölner Münzkabinett 38, 18 avril 1985, n° 335 Même coin de droit que l’exemplaire du trésor de Trèves, n° 1804, pl. 233 (R/ trépied surmonté d’un dauphin) (RIC II² 127 – 7,03g 6 h). Légende partiellement ponctuée au revers. Même coin de revers que l’exemplaire du British Musem BMC/RE II, p. 230, n° 36, pl. 45, 4 (avec la cassure de coin bouchée entre le XV et le haut du bouclier ainsi que la bavure de métal au-dessus du captif. Superbe monnaie sur un flan bien centré des deux côtés. Très beau portrait de Titus, finement détaillé. Joli revers. Patine de collection. Très rare. SUP 40 000€ Type très rare avec la tête à gauche. Cet aureus commémore la victoire sur la Judée ou peut-être sur la Bretagne, lors de sa pacification. Ce type est frappé au début du règne personnel de Titus. Type très rare avec la tête à gauche. Cet aureus pourrait commémorer la victoire d’Agricola sur la rivière Tay, pour laquelle Titus aurait reçu la quinzième salutation impériale. Outre l’exemplaire de référence de la vente Kölner Münzkabinett 38, du 18 avril 1985, n° 335, nous n’avons relevé que deux autres exemplaires dans la base acsearch avec la tête de Titus à gauche : 1) CNG e-Auction 318, 15 janvier 2014, n° 644 (Or, 7,10 g, 19 mm, 7 h) ; 2) TRITON XXI, 9 janvier 2018, n° 739 (Or, 7,17 g, 18,5 mm, 7h) Avec son certificat d’exportation de bien culturel n°251125 délivré par le ministère français de la Culture. Judée ou Bretagne, cet aureus de l’empereur Titus commémore une victoire et la mainmise de Rome sur ses acquisitions récentes. Il est un vibrant témoignage de l’histoire de l’Urbs qui, avant la pérennisation de la « Pax Romana », a été marquée par de nombreuses guerres et conflits, mêlant conquête et pacification avant la romanisation qui a pu survenir bien longtemps après, quand elle a été réalisée. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT |
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