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LA GUERRE DE LA VACHE DE CINEY

| 06/04/2022
Informations

On est bête parfois et même souvent. La guerre est à l’homme ce que l’air est aux poumons. Pour Voltaire, La guerre, c’était la routine. Selon lui, l’humanité, n’a jamais connu la paix ; seulement des entre-deux-guerres. Pour Bossuet, l’homme est né pour la paix, et il ne respire que la guerre. Pour Einstein, deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, il n’en avait pas acquis la certitude absolue.

Le droit de s’éventrer légalement en bandes organisées sera à jamais la marque la plus laide laissée par l’humanité pour tout ce qui restera de mémoire. Mais, s’étriper pour une vache en Pays de Liège… ça alors ?

En 1275, un certain Engoran, paysan de Jallet, vole une vache à Ciney dans le Condroz, en terre Liégeoise.

À Andenne dans le comté de Namur, il y avait joutes de chevaliers, pendant une semaine. En même temps, s’y tenait une foire où les paysans apportaient leurs bœufs, leurs moutons, leurs porcs et leurs vaches.

Andenne se trouve sous la juridiction de Gui de Dampierre, marquis de Namur et comte de Flandre.


NAMUR - MARQUISAT DE NAMUR - GUI DE DAMPIERRE Esterlin
(1264-1297) billon Diamètre : 17,5 mm Axe des coins : 9 h. Masse : masse 1,20 g. Degré de rareté : R1
AVERS [+ MA]RCHIO NAMVRC. Buste habillé de face, le cou accosté de deux sautoirs.
(Marquis de Namur). REVERS G CO-MES - FLA-DRE. Croix coupant la légende, cantonnée de trois groupes de trois besants posés en triangle et au 3 d’un quadrilobe évidé : (Guillaume, comte de Flandre). NAMUR - MARQUISAT DE NAMUR - GUI DE DAMPIERRE À la fin du XIIe siècle, le comté de Namur fut rattaché à celui de Hainaut suite au mariage d’Alix de Namur avec Baudouin IV, comte de Hainaut. En 1199, Philippe, second fils de Baudouin IV, obtint le comté de Namur qui fut érigé en marquisat par l’empereur Henri VI. Gui de Dampierre n’entra en possession du marquisat de Namur qu’en 1264, lorsqu’il se maria avec Isabelle, fille du comte de Luxembourg. En 1280 il hérita, du côté de sa mère, du comté de Flandre. En 1297, il laissa le comté de Namur à son fils, Jean. Il mourut en captivité à Paris au mois de mars 1305.
https://www.cgb.fr/namur-marquisat-de-namur-gui-de-dampierre-esterlin-ttb,v26_1279,a.html

  
1/2 Esterlin à l’Ecu - Gui de Dampierre Caractéristiques Comté de Namur (Pays-Bas féodaux) Pièce courante 1263-1297 Valeur (1/6) Gros (-1429) Argent 0,47 g Frappe au marteau Références VanH Atlas# G 2161 Avers  NA MVC ENS Revers  GM AR Ch IO Atelier monétaire Namur, Belgique (590-1719) © Fritz Rudolf Künker GmbH & Co. KG, Osnabrück and Lübke & Wiedemann KG, Leonberg.
https://fr.numista.com/catalogue/pieces304601.html

Notre voleur pensant y faire une bonne affaire, y conduit la vache qu’il a volée  quelques jours auparavant. Mais pour son malheur, le propriétaire de la vache, un bourgeois de Ciney nommé Rigaud Corbion, est lui aussi à Andenne et reconnaît sa vache.

Il exige qu’on lui fasse justice ! Le maïeur de Ciney et bailli du Condroz, Jean de Hallois, est présent à la foire mais se trouve hors de sa juridiction. Engoran avoue son crime et le bailli le convainc de rapporter la vache à Ciney en lui promettant l’impunité.

Engoran se fie à Jean de Halloir et entreprend de rapporter la vache là où il l’avait prise. Mais, manquant à sa promesse, dès qu’il fut en terre du Condroz le bailli l’arrête, le condamne et le fait pendre.

Engoran, paysan, voleur, crédule était un manant du seigneur de Goesnes, inféodé au prince de Liège, ce qui signifie qu’il était assujetti à sa justice.

Jean de Beaufort, seigneur de Goesnes avec ses parents et alliés, participait à la joute des chevaliers de Andenne.

Jean de Halloir qui n’avait aucune autorité à Andenne dans le comté de Namur, amène par fourberie Engoran, sujet de Jean de Beaufort, sur ses terres condruziennes où avait eu lieu le crime, et le fait pendre sans consulter son seigneur qui était le seul habilité à lui rendre justice.

Cet acte de justice brutal, expression des querelles de droit féodal entre deux suzerains, va constituer l’affront que Jean de Beaufort avec sa famille et ses alliés vont devoir laver. Il était dans les prérogatives du seigneur de Goesnes de juger Engoran.

Jean de Goesnes, Raes, châtelain de Beaufort, et Richard, seigneur de Fallais, avec les seigneurs de Celles et de Spontin, de leurs propres initiatives, prennent les armes, détruisent le château de Halloy, pillent Ciney et brûlent tout dans les alentours.

De bonne guerre, Jean de Halloy réplique en ravageant les terres de Goesnes. Il pille et brule le hameau de Jallet.

Les frères, les neveux, les alliés du seigneur de Goesnes amènent des renforts considérables. Quoique vassaux du prince de Liège, ils vont demander l’aide du marquis de Namur, Gui de Dampierre, du comte Henri V de Luxembourg puis de son fils Henri VI, du duc de Brabant, et des comtes de Flandre.

Denier - Henri V le Blondel

   
© smy77
Avers Chevalier galopant à gauche brandissant une épée de la main droite et se couvrant d’un écu au lion luxembourgeois de la main gauche. La légende est écrite à l’envers et débute près des pattes arrières du cheval. Le S, séparé du reste de la légende se trouve près de la tête du cheval. Le tout entouré par un grènetis extérieur. Inscription : hΛИRI S Traduction : Henri Revers Château sommé d’un donjon crénelé, surmonté d’une tête de guetteur de profil à droite. À gauche de la tour une fleur de lys, à droite une croisette. La légende débute sur le côté gauche du châtel.
Grènetis extérieur. Inscription : LVSE NBOR Traduction : Luxembourg Tranche Lisse Commentaires Pièce rare, non datée, frappée à l’atelier de Luxembourg-ville.
Peu de variantes au niveau des légendes connues, trois légendes différentes pour le droit, deux pour le revers dont une où le O a été gravé au moyen d’un poinçon V retravaillé pour l’occasion. Avers : a. HΛnRI S b. hΛИRI Sc. hAИRI S Bernays et Vannerus mentionnent un exemplaire au lys remplacé par un fleuron (BV, p. 36). Weiller conteste l’existence de cette pièce (musée de Bruxelles) et explique que la partie en question « est mal venu, mais pareille à toutes les autres pièces » (Weiller, p. 195). Probst ne mentionne pas cet exemplaire, ni aucune variante. Henri V, fils d’Ermesinde, reprit la succession des comtés de Luxembourg, Laroche et le marquisat d’Arlon. Il agrandit durant son règne considérablement le territoire du comté de Luxembourg. Son mariage avec Marguerite de Bar lui apporta la seigneurie de Ligny. Par différents conflits et par inféodations, il acquit les territoires de Marville, Arrancy, Salm-en-Ardenne, la deuxième partie de Diekirch ainsi que les seigneuries d’Amblève, Saint-Vith et Neundorf.

https://fr.numista.com/catalogue/pieces80753.html

Denier - Henri VI au fleuron

  
© WAG Online Auktions
Luxembourg Henri VI (1281-1288) Pièce courante 1281-1288 Denier Comté - Florin (963-1353) Argent 0,53 g Références L# 14-1, Weiller# 10, BV# 12, Bd# 1862 Avers Écu luxembourgeois, à simple nervure, champ burelé de 9 pièces au lion rampant et couronné, à la queue simple trilobée, à gauche, entouré par la légende débutant à 12 heures et un grènetis extérieur. x+x xhCO MES Henri comte Revers Châtel à quatre créneaux, à toit angulaire, surmonté d’un fleuron et flanquée de deux ouvrages défensifs. Légende entre un filet intérieur et un grènetis extérieur. xx DELVCEB de Luxembourg Tranche Lisse Ce denier fut frappé à l’atelier de Luxembourg-ville, ce qui était le cas pour toutes les pièces frappées sous Henri VI (6 deniers, 2 oboles). Le poids moyen de 51 pièces était de 0.53 g (Weiller, p. 13). Bernays et Vannerus mentionnent des poids extrêmes de 0.43 g. et 0.65 g. (BV, p. 51), selon eux, le numéraire d’Henri VI se caractérise par un sensible affaiblissement du poids comparé au frappes antérieures.

https://fr.numista.com/catalogue/pieces80899.html

Devant cette escalade de destruction et de violence, les gens du Condroz, de Dinant et de Huy se tournent vers leur suzerain le prince de Liège, Jean d’Enghien.

LIÈGE - ÉVÊCHÉ DE LIÈGE - 
JEAN D’ENGHIEN Esterlin n.d. Huy


Estimation : 750.00 €
Esterlin Huy billon 19 mm Axe des coins : 3 h. 1,10 g. R2 RÉFÉRENCE OUVRAGE :Ch.207 - Mig.207AVERS: X I-OH-ANNE-SX EPCX. Lion à gauche tenant l’épée haute, dans un écusson triangulaire. (Jean, évêque). REVERS: 
X LE-ODI-EN-SIS, (N BOULETÉE). Croix coupant la légende, cantonnée au 1 d’un I, au 2 d’une h, au 3 d’un Y, au 4 d’un O (HOYI).
(de Liège).LIÈGE - ÉVÊCHÉ DE LIÈGE - JEAN D’ENGHIEN (1274-1281)Jean d’Enghien succéda à Henri de Gueldre à Stavelot et Liège. Il entra à Liège le 31 octobre 1274. Il mourut le 24 août 1281, victime d’un guet-apens.
https://www.cgb.fr/liege-eveche-de-liege-jean-denghien-esterlin-n-d-huy-ttb-ttb,v33_1488,a.html

Jean d’Enghien est un intellectuel obèse et indolent peu coutumier du fait militaire. Sa mollesse, la médiocrité de son intervention, vont exaspérer les Liégeois qui décident de partir en campagne malgré lui. Les milices urbaines et rurales, les vassaux de l’Église de Liège, sont convoqués sous le commandement de Burchard d’Avesnes chanoine de Saint-Lambert.

Les forces du comte de Namur entrent en Hesbaye pendant que le comte de Luxembourg ravage Ciney. De l’autre côté, les Dinantais attaquent Spontin, les Liégeois et les Hutois pénètrent sur les territoires des confédérés.

Pendant 3 ans, cette terre va connaître une guerre affreuse faites de pillages, de ravages et de massacres. On aurait compté jusqu’à vingt mille victimes et la mise à feu et à sang d’une soixantaine de villages du Condroz.

En 1278, après tant de dévastation, chacune des parties épuisées, ayant perdu beaucoup et n’ayant rien gagné, accepte la médiation du fils de Saint Louis, Philippe III dit le hardi, roi de France, et finissent par conclure une trêve. Tout rentra dans l’ordre qui existait avant les hostilités.

PHILIPPE III LE HARDI -Gros tournois n.d.


Gros tournois. 1270-1280  argent 958 ‰ 25 mm Axe des coins : 9 h. 4,14 g.  R1 RÉFÉRENCE OUVRAGE :C.- - L.- - Dy.202A AVERS+ PHILIPVS. REX ; LÉGENDE EXTÉRIEURE : + BNDICTV: SIT: NOME: DNI: NRI: DEI: IHV. XPI, (PONCTUATION PAR TROIS POINTS SUPERPOSÉS). Croix. (Philippe roi ; que le nom de notre seigneur Jésus-Christ soit béni).
REVERS + TVRONV.S. CIVIS.: Châtel tournois sommé d’une croisette coupant la légende ; bordure extérieure de douze lis. (Cité de Tours) 380€.
PHILIPPE III LE HARDI (25/08/1270-5/10/1285) Né en 1245, second fils de Saint Louis, Philippe III lui succéda à l’âge de vingt-cinq ans. Ayant ramené en France l’armée croisée entraînée par son père devant Tunis, il hérita dès 1271 des terres de son oncle Alphonse : Poitou et comté de Toulouse. De Pierre, cinquième fils de Saint Louis, il hérita du Perche. Il acheta les comtés de Nemours (1274) et de Chartres (1284). Mais la politique de Philippe fut essentiellement tournée vers le Midi. En 1272, il s’emparait de Foix. En 1273, Édouard Ier lui prêtait hommage pour ses fiefs et, six ans plus tard, le roi de France lui céda l’Agenais. En 1274, il cédait le Comtat Venaissin au Saint Siège. À partir de 1276, Philippe III se mêla des conflits liés aux successions des royaumes de Navarre et de Castille. En 1275, par le traité d’Orléans, Blanche d’Artois, reine de Navarre, fiançait sa fille, Jeanne, au futur Philippe le Bel, préparant la réunion de la Navarre à la France. En Castille, le roi de France prit le parti des infants de la Cerda contre Sanche, fils d’Alphonse X, mais ne put passer les Pyrénées. Enfin, à l’instigation du Pape et de Charles d’Anjou, Philippe prit la tête d’une croisade contre l’Aragon après que le roi Pierre III ait suscité le massacre des Vêpres siciliennes (1282) contre les Angevins de Naples et ceint la couronne de Sicile (1283). En 1285, l’armée française conquit le Roussillon et passa les Pyrénées. Après le difficile siège de Girone, le roi de France dut bientôt battre en retraite. C’est pendant cette retraite que Philippe mourut, à Perpignan, le 5 octobre 1285. Philippe conserva les ministres de son père, mais éleva ses favoris, tels Pierre de La Brosse, et laissa des intrigues de cours se nouer autour de son épouse, intrigues qui peuvent expliquer les erreurs de sa politique méridionale. Son règne fut marqué par les premiers anoblissements accordés par le roi et par l’interdiction faite aux féodaux d’anoblir leurs vassaux. Veuf d’Isabelle d’Aragon, Philippe épousa, en 1274, Marie de Brabant. De sa première épouse, il eut le futur Philippe IV et Charles, tige de la maison de Valois. De la seconde, il eut notamment Louis, tige de la maison d’Évreux.

https://www.cgb.fr/philippe-iii-le-hardi-gros-tournois-n-d-ttb-,bry_688083,a.html

Et donc, en nos régions entre 1275 et 1278 on va s’éventrer, s’étriper, massacrer, brûler, détruire, ravager allégrement pour le respect du droit féodal, pour une vache…

SFERRAZZA Agostino

Récit fait par Jean d’Outremeuse
ML POTAIN Hist. De l’ancien Pays de Liège. T2 p9 à 15
https://www.rtbf.be/vivacite/emissions/detail_viva-week-end/accueil/article_c-est-l-histoire-d-un-animal-quand-les-animaux-declenchent-la-guerre?id=10780873&programId=5905
https://www.scarymommy.com/cow-jokes-puns/

 

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