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INCIDENCE DES GRANDES REFONTES DE MONNAIES EN ARGENT | 12/05/2020 Informations INCIDENCE DES GRANDES REFONTES DE MONNAIES EN ARGENT Comment se fait-il que pour la valeur faciale de 5 francs, avec plus de 21 millions de pièces frappées au type Union et Force, plus de 160 millions à l’effigie de Napoléon Ier et plus de 120 millions pour Louis XVIII, les exemplaires de très belle qualité soient si rares ? L’explication est qu’en fait il y eut au cours du XIXe siècle pour les pièces françaises, deux grosses refontes de monnaies en argent et cela pour deux raisons différentes : • Les monnaies en argent des rois Louis, ainsi que celles frappées lors de la Révolution, sous Napoléon Ier, Louis XVIII et Charles X, avaient une très faible teneur en or, de l’ordre de 0,1 %. Les méthodes d’affinage ayant été améliorées, il y eut aux alentours de 1830 une refonte massive principalement par des affineurs privés de monnaies en argent, des écus, demi-écus, 5 francs, 2 francs… afin de récupérer l’or contenu dans les pièces. Bien évidemment, pour que cela soit rentable, il fallait fondre de grandes quantités de pièces et malheureusement, cette information fait défaut, mais il est fort probable que des dizaines de millions de monnaies aient ainsi fini à la fonte. • Les découvertes d’importants gisements d’or en Californie et en Australie vers 1850 entrainent une offre considérable d’or sur les marchés, qui fait automatiquement augmenter le prix de l’argent (la quantité d’argent disponible n’ayant pas augmenté). En France, le rapport or/argent utilisé reste inchangé alors qu’il aurait dûdiminuer. En conséquence, le prix du métal argent contenu dans une pièce de 5 francs est supérieur à 5 francs. Le résultat ne se fait pas attendre avec d’une part la disparition des monnaies de 5 francs, 2 francs et autres qui sont exportées pour la refonte et d’autre part la frappe très faible des nouvelles monnaies de 5 francs. Selon les estimations, plusieurs centaines de millions de pièces d’argent furent exportées et fondues entre 1850 et 1860. Par contre, une faible quantité de pièces atteignirent les ateliers de frappe en France. Étant donné la pénurie d’argent, le gouvernement préféra alors frapper des monnaies en or de 5 francs et 10 francs à la tête laurée à partir de 1862, ce qui était aussi bien plus rentable économiquement. Si l’on consulte les catalogues, on peut voir que les quantités frappées de 5 francs à l’effigie de Napoléon III au type à la tête nue diminuent dramatiquement à partir de 1856, passant de 9 millions pour l’année 1856 à 72 614 en 1857, puis 26 734 l’année suivante et 3 357 en 1859. La monnaie de 2 francs subit un sort similaire avec 1 280 monnaies frappées en 1858 et 886 en 1859. À partir d’informations que je viens d’avoir grâce au site Numista, j’ai pu me procurer l’article « Les refontes spéculatives de monnaies au XIXe siècle » d’Henri Petit et on y trouve des informations très intéressantes dont j’extrais les textes suivants : • Un seul affineur de Paris a dans l’année 1828 fondu en lingots près de 60 millions de matières et espèces d’argent. • La valeur nominale des espèces duodécimales d’argent remises aux Hôtels des monnaies du 1er janvier 1830 au 31 décembre 1834 s’élève à 410 816 626 francs et qu’il fut versé aux changes, pendant cette même période des lingots dits « d’affinage » d’une valeur de 244 931 957 francs ; ces lingots provenaient de pièces duodécimales, de piastres, de pièces de 5 francs du premier Empire et de la Restauration fondues et affinées par l’industrie privée. Sachant que l’affinage avait commencé avant 1828 et s’est poursuivi bien après 1834, il est impossible d’établir une estimation cohérente car il n’y a aucune information complète à ce sujet, mais on peut affirmer d’ores et déjà que les quantités de monnaies refondues ont été très importantes. Il n’est pas illogique de penser que plusieurs centaines de millions de pièces d’argent (et d’or) ont fini au creuset. De nos jours, on peut cependant déduire des choses intéressantes à partir d’informations qui sont à la disposition de tous les collectionneurs. Actuellement, d’une part les catalogues de cotation le Franc et le Gadoury donnent les frappes correspondantes à tous les ateliers pour les différentes valeurs, types, ateliers et, d’autre part, les maisons de grading mettent à disposition des collectionneurs la base de données de toutes les monnaies gradées. En regroupant ces deux informations, on arrive en effet à des résultats qui confirment qu’à une certaine époque, de grandes quantités de pièces ont été retirées de la circulation. Afin de réaliser cette étude, nous avons considéré uniquement les monnaies de 5 francs par type lors de leur apparition sous la Révolution, jusqu’à la dernière frappe de cette valeur au XIXe siècle en 1889. Nous avons pris en compte uniquement les monnaies gradées SUP et plus, c’est-à-dire : Note : Le pourcentage pour les grades 58-62 et 63-64 est calculé pour 100 000 pièces frappées et pour le grade 65 pour un million de pièces, c’est-à-dire qu’un 1 dans la colonne %0000 correspondante à 65 signifie une monnaie en MS65 pour un million d’exemplaires frappés. Par exemple pour la 5 francs Napoléon Ier (F303) le pourcentage étant de 0,1 pour l’état FDC, cela signifie qu’il n’y a jusqu’à présent dans cet état de conservation qu’un seul exemplaire pour dix millions de pièces frappées. Pour la dernière série, au type Hercule (F334) il existe 4,74 monnaies en FDC par million de pièces frappées et étant donné qu’il y a eu 73 millions de pièces frappées, cela veut dire qu’il y a 4,74 x 73 = 346 monnaies FDC. Il faut cependant toujours regarder les chiffres de façon plus précise, car sur les 346 FDC, plus de la moitié correspondent à l’année 1873. À part la 5 francs Napoléon au type transitoire et celles des Cent-Jours (1815), dont les pourcentages sont relativement et mystérieusement importants par rapport aux autres frappes, on peut remarquer que toutes les frappes avant 1848 ont des pourcentages très faibles et qu’ils augmentent fortement surtout pour les types de 1870-1889. Il faut savoir en plus que de nombreux exemplaires de la série 1870-1889 ne sont pas gradés car le grading étant relativement cher et ces pièces relativement bon marché, seuls les très beaux exemplaires sont gradés. Les monnaies FDC de 5 francs au type Union et Force, à l’effigie de Napoléon Ier et Charles X, se comptent sur les doigts d’une main. Ces monnaies sont en réalité très rares et je suis toujours perplexe quand je vois les cotes ridicules de 3 000€ ou même 5 000€ pour des monnaies introuvables et que d’ailleurs les éditeurs de catalogues n’ont jamais vues ! À partir de la fin du règne de Louis-Philippe, on commence à trouver plus facilement des exemplaires FDC, en particulier pour la série Hercule de 1870/89 où on arrive à 346 exemplaires ! Les exemplaires SPL ne se trouvent pas facilement pour de nombreux types et bien qu’il existe par exemple 80 exemplaires splendides (MS63/64) pour les monnaies de Napoléon Ier à la tête laurée (F307), il faut quand même remarquer que plus de 126 millions d’exemplaires ont été frappés. Pour l’atelier de Paris et l’année 1811, il y a 24 monnaies MS63/64. Par contre, pour de nombreux ateliers et selon l’année, aucun exemplaire SPL n’existe ! On arriverait exactement à la même conclusion pour les autres monnaies en argent du XIXe siècle. Quelle que soit la valeur faciale, il y a eu sans aucun doute des refontes très importantes. Les exemplaires en argent de valeur faciale inférieure se trouvent proportionnellement dans de meilleurs états de conservation, car les monnaies sont de plus petites tailles, mais les quantités frappées étant bien inférieures à celles de 5 francs, elles sont dans de nombreux cas bien plus rares ! Il en est de même pour les monnaies en argent de Louis XIII jusqu’à Louis XVI et on peut donc affirmer que les monnaies royales de vraiment belle qualité sont extrêmement rares (à quelques exceptions près) surtout si l’on considère les problèmes de frappes de l’époque comme l’ajustage, les reformations et les frappes molles. Dans la grande majorité des cas, les exemplaires d’exception proviennent de trésors, ce qui est le cas par exemple de l’écu constitutionnel de Louis XVI, que l’on arrive à trouver en très bel état de conservation. Je l’ai toujours dit et je le maintiens, les monnaies royales en argent de très belle qualité sont sous-cotées par rapport à la rareté réelle de ces monnaies dans des états de conservation supérieure et si c’est votre domaine de collection, alors n’hésitez pas, lorsque l’on vous propose une monnaie que vous trouvez relativement chère, mais qui par contre est exceptionnelle, car vous ne la reverrez probablement jamais ! Un grand nombre de monnaies royales et du XIXe siècle en argent ont été refondues et c’est pour cette raison que finalement la connaissance de la quantité frappée par type, date et atelier, bien que très intéressante, n’apporte aucune information quant à la rareté actuelle d’une pièce de très belle qualité. Par contre, elle permet de comparer la rareté entre monnaies d’un même type. Les monnaies en or sont en revanche bien plus abondantes en très belle qualité, car elles ont été tout simplement thésaurisées alors que c’était rarement le cas pour les monnaies en argent ou en cuivre. C’est finalement extraordinaire - et cela tient du miracle - de voir certaines monnaies qui ont plusieurs siècles d’existence et qui sont pratiquement dans leur état d’origine. Sur ce point, je comprends les chanceux collectionneurs qui peuvent s’offrir de tels joyaux, et je ne peux que les admirer ! Nous ne sommes pas éternels, loin de là, et c’est un fait qu’une fois le prix oublié la qualité demeure. Qui plus est, contempler une belle monnaie chargée d’histoire est toujours un plaisir intense et inexplicable pour l’heureux possesseur. Alors, finalement, pourquoi s’en priver ? Yves BLOT |
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