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INCIDENCE DE L’ATELIER DE FRAPPE SUR LE PRIX D’UNE MONNAIE - partie 1

| 20/07/2020
Informations

INCIDENCE DE L’ATELIER DE FRAPPE SUR LE PRIX D’UNE MONNAIE
PARTIE 1

Il faut séparer les monnaies antérieures au Franc et celles émises en Franc (pratiquement à partir de 1800).

Les monnaies antérieures au Franc

Les monnaies royales ont été frappées dans divers ateliers sur toute la France : dans les différents catalogues, elles sont cotées par atelier. Cependant, force est de constater que les cotes diffèrent très peu pour un même type. Un collectionneur va donc prendre en compte la qualité d’une monnaie royale plutôt que l’atelier de frappe, c’est-à-dire qu’il préfèrera acheter une belle monnaie de Paris plutôt qu’une de qualité médiocre de Nantes. L’atelier d’origine n’a finalement que très peu de répercussion sur le prix.

Les monnaies en Franc

Pour les monnaies en Franc, les choses changent radicalement, mais pas de façon homogène pour toutes les séries et l’on peut dire qu’il y a deux éléments qui jouent sur la cote d’une pièce selon l’atelier de frappe :
a- La quantité frappée dans cet atelier.
b- L’emplacement géographique de l’atelier.

Rappelons tout d’abord que la qualité de la monnaie reste fondamentale quel que soit l’atelier. Une monnaie en état B trouvera difficilement preneur à moins que ce soit un atelier particulier et une monnaie très rare, connue à quelques exemplaires.

• La quantité frappée par atelier.

Il existe des ateliers dont les quantités frappées à l’époque sont très faibles. Sachant que le « taux de survie » d’une monnaie frappée vers 1800 peut être de l’ordre de 1/1000, il est facile de comprendre que sur les 10 000 exemplaires frappés en 1805 il n’en existe plus qu’une petite douzaine de nos jours ! C’est le cas en général des types qui ont été frappés dans de nombreux ateliers, comme par exemple le type Union et Force frappé à presque 22 millions d’exemplaires ou de la 5 francs Napoléon Ier au type Empire qui a été frappée à plus de 126 millions d’exemplaires et qui était une monnaie tellement courante bien après la chute de l’Empire que personne n’a pensé à garder les ateliers rares, car ils ne connaissaient probablement pas leur existence.

Les monnaies émises dans un contexte historique particulier sont par contre plus « thésaurisées » que les autres et l’on constate à titre d’exemple que la 2 francs 1815A émise à 6 783 d’exemplaires n’est pas de nos jours une monnaie très rare. Par contre la pièce de 2 francs 1807A « tête de nègre » frappée à 24 000 exemplaires est beaucoup plus rare et pourtant la frappe a été quatre fois plus importante.

• L’emplacement géographique de l’atelier.

En général, c’est dans les ateliers qui sont en dehors de la France que les frappes ont été les plus faibles. Cela peut se comprendre du fait de l’éloignement (problèmes de transport, de personnel qualifié…) et disons aussi pour des raisons d’ordre « politique », car une monnaie à l’effigie d’un souverain étranger pouvait ne pas être bien acceptée, bien au contraire car c’était un « envahisseur ».

En fait il y a peu d’ateliers implantés à l’étranger. Dans le cas de la frappe des monnaies de cinq francs Union et Force, l’atelier se trouvait à Genève et dans le cas des frappes des différentes valeurs de Napoléon Ier, on trouvait en plus trois ateliers en Italie (Gênes, Rome, Turin), et un atelier dans les Pays-Bas à Utrecht, ceci étant une conséquence des annexions successives.

Etant donné que les monnaies de 5 francs sont plus collectionnées que celles de dénominations inférieures, on voit rarement proposer dans les ventes aux enchères des monnaies de 2 francs ou un franc par exemple d’ateliers rares ; il faut signaler aussi que les monnaies divisionnaires sont en général bien plus rares.

À continuation, les quantités frappées selon les ateliers :

GENÈVE (Différents : G et Lyon ou Poisson)

Les monnaies qui existent de nos jours de ces ateliers étrangers sont très rares et très souvent en mauvais état de conservation, et malheureusement les amateurs doivent se contenter de ce qu’il y a.

Pour le type Union et Force, on connait pour l’AN9 et l’AN10 une dizaine d’exemplaires en tout, pour une frappe totale de plus de 10 000 monnaies et l’on retrouve alors le taux de survie estimé de 1/1000.

Union et Force AN9G 6 500€

GÊNES (Différents : CL et Proue de navire)

UTRECHT (Différents : Mât avec drapeau et Poisson)

Les quantités frappées dans l’atelier de Gênes sont parmi les plus faibles de l’époque napoléonienne et certaines valeurs sont rarissimes. Des états au-dessus du TTB seraient un miracle et trouver un vrai TTB tient de l’exploit.

Voici une très rare 5 francs de 1814 de Gênes, proposée par CGB en 2015 avec un prix de départ de 20 000€ et restée invendue.

Unique apparition en vente en dix ans chez CGB !!

Certaines valeurs de l’atelier d’Utrecht se trouvent assez facilement (sans tenir compte de la qualité), tout simplement par le fait qu’elles ont été frappées en plus grandes quantités.

2 francs 1813 de l’atelier d’Utrecht

5 francs 1813 de l’atelier d’Utrecht

ROME (Différents : R et Louve allaitant Romulus)

5 francs 1812 Rome

Les très beaux exemplaires de l’atelier de Rome sont très rares et on doute qu’il y ait des exemplaires SPL ou FDC.

TURIN (Différents : U et Cœur)

Dans le tableau, pour Turin, nous avons indiqué uniquement les frappes faibles.

Turin est l’atelier à l’étranger qui a frappé le plus longtemps des monnaies Napoléoniennes ; mais elles restent toutes aussi rares ou très rares dans certains cas.

Le monnayage en Italie sous l’Empire est « compliqué » et important car il y a des états italiens qui ont émis des monnaies à l’effigie d’un membre de la famille de Napoléon Ier et d’autres qui frappent exactement les mêmes monnaies que celles frappées en France à l’effigie de l’empereur.

On trouve pour les monnaies dites napoleonides (la famille de Napoléon Ier), des monnaies frappées en valeur locale (lire, carlini, etc.), dans le cas du royaume d’Italie des monnaies à l’effigie de Napoléon Ier, le Duché de Parme avec Marie-Louise, la principauté de Lucca et Piombino avec Elisa Bonaparte, le Royaume des deux Siciles avec Joseph Bonaparte et Joachim Murat.

Apparition en ventes aux enchères sur une période de 10 ans de ces ateliers, de quelques valeurs faciales et de quelques années, que nous avons pu relever parmi les plus importantes maisons de vente (les quantités réelles d’apparition en vente doivent être à peine plus élevées) :

À partir du tableau antérieur, on peut constater que les exemplaires de ces ateliers en qualité SUP sont vraiment très rares et on pourrait par exemple penser à trouver de nos jours de très beaux exemplaires de la 5 francs de l’atelier de Rome avec une frappe de presque 50 000 exemplaires, mais sur les quinze dernières années un grand maximum de 20 exemplaires sont passés aux enchères sans trouver aucun exemplaire vraiment beau.

Le prix pour une 5 francs de l’atelier de Rome en TTB peut osciller autour de 1 500€/2 000€, mais en SPL le prix peut grimper à 8 000€/10 000€.

Des monnaies en qualité SPL ou FDC pour ces ateliers sont excessivement rares et il faut vraiment oublier les cotes catalogues car elles ne veulent rien dire (prix trop bas) !

Gênes est de loin l’atelier le plus rare de tous, avec très souvent moins de cinq exemplaires connus actuellement. En 2015 CGB a proposé lors d’une de ses ventes la très rare 5 francs de 1814 en état TTB avec un prix de départ de 20 000€ (un peu trop élevé à notre avis), mais cette monnaie est restée invendue. En 2019 MDC à Monaco a proposé un autre exemplaire de meilleure qualité (presque SUP), très probablement le plus bel exemplaire connu qui s’est vendu 30 000€.

Tous ces ateliers sont très recherchés, non seulement par les collectionneurs français, mais aussi suisses et italiens principalement.

Après la chute de l’Empire, tous les territoires annexés ont été « perdus » et les ateliers correspondants ont cessé de frapper les monnaies au « type français ». À partir de louis XVIII, tous les ateliers de frappe correspondent à des villes en France et il en sera ainsi jusqu’en 1900, où toute la frappe à partir de cette date sera centralisée à Paris.

Il y a aussi des ateliers en France à partir de 1800 dont la frappe a été très faible, mais il faut reconnaitre que l’intérêt des collectionneurs est surtout centré sur les monnaies en or dont les ateliers de frappe sont bien moins nombreux que pour les monnaies en argent et les quantités frappées de façon générale sont bien plus faibles.

Il faut cependant que la monnaie soit d’une qualité « correcte » pour qu’elle soit intéressante pour les amateurs : une « savonnette » même très rare reste difficile à marchander.

Ateliers rares des frappes de 40 francs sous Napoléon Ier :

40 fr 1807I
Gradée PCGS XF40
Vendue 8 200€
Gadoury vente 12/2017
Cote : 1 800€/3 500€

40 fr 1808U
Gradée TTB
Vendue 13 600€
MDC vente 12/2017
Cote : 13 000€

Ateliers rares des frappes de 20 francs sous Napoléon Ier :

Dans le tableau ci-dessous, sont présentés quelques résultats de monnaies d’ateliers rares, relevés dans des ventes aux enchères récentes. En plus du prix adjugé (plus frais) vous trouverez la cote actuelle correspondante, ce qui permet de comparer et d’en tirer certaines conclusions intéressantes :
a- La 40 francs AN14U (Turin) a été proposée dans les trois ventes :
  - Deux en état TTB, une vendue à 4 100€ et l’autre invendue avec un prix de départ de 6 000€ et une cote de 6 000€.
  - Une en état SUP vendue 8 100€ pour une cote de 10 000€.

Avec une frappe de 1 199 pièces (il y a des doutes quant à cette quantité), la 40 francs AN14U n’est apparemment pas aussi rare que l’on pourrait le croire et si on regarde du côté des maisons de grading, PCGS et NGC en ont gradées 8 jusqu’à présent, ce qui donne matière à réflexion.

b- Pour toutes les autres monnaies de 40 francs et 20 francs, aucune n’a été proposée par ces deux maisons de vente, ce qui montre bien leur rareté.

c- Quelques résultats à remarquer :
  - 40 francs 1807I en TTB vendue 8 200€ avec une cote de 3 500€. Unique et dernière apparition récente retrouvée, vente Rossini d’avril 2012 en état TB vendue 750€.
  - 20 francs 1808U en TTB vendue 18 600€ avec une cote de 8 000€. Unique et dernière apparition récente retrouvée, vente Rossini d’avril 2012 en état TB à TTB vendue 7 500€.
  - 20 francs 1811U en SPL (gradée MS63), vendue 8 000€ avec une cote de 3 500€. Ce n’est pas une monnaie « rare » à proprement parler, mais elle est rare en cette qualité, plus haute gradée par PCGS et NGC et unique avec ce grade...

Retrouvez la suite de cet article le 17 juillet !

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