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IL Y A 50 ANS FERMAIT L’ATELIER DE LONDRES

| 19/09/2025
Informations

En 1975, fermait l’atelier de Londres au profit de l’atelier de Llantrisant au Pays de Galles qui à partir de cette année concentre toutes les productions monétaires de la Royal Mint.

L’atelier monétaire de Londres, connu sous le nom de Royal Mint, a une histoire remontant à plus d’un millénaire, de ses origines autour de la Tour de Londres jusqu’à sa fermeture en 1975.

ANGLETERRE - ROYAUME D ANGLETERRE- ÉDOUARD III Penny n.d. Lincoln TTB+

ORIGINES ET INSTALLATION À LA TOUR DE LONDRES

La frappe monétaire à Londres démarre au IXe siècle avec des pièces telles que le penny d’argent sous le règne d’Alfred le Grand. Cependant, c’est en 1279, sous le roi Édouard Ier, que les divers ateliers monétaires locaux sont centralisés à la Tour de Londres pour constituer la Monnaie royale. La Tour, forteresse sécurisée, devient alors le cœur de la fabrication monétaire pour l’Angleterre, où l’or et l’argent étaient stockés et façonnés par des artisans appelés « monnayeurs ».

Au fil des siècles, les méthodes évoluent lentement, passant du marteau à la mécanisation : dès le XVIIe siècle, des tentatives d’introduire des techniques innovantes (comme la presse au moulin de Nicolas Briot ou les cannelures de Pierre Blondeau) se succèdent, malgré les réticences des monnayeurs traditionnels.

ANGLETERRE - ROYAUME D ANGLETERRE- ÉDOUARD III Noble d or n.d. Londres SUP

INNOVATIONS ET CÉLÉBRITÉS

La Royal Mint fut le lieu de plusieurs avancées techniques et hébergea des personnalités de renom. Entre 1700 et 1727, Isaac Newton occupa le poste de Master of The Mint, supervisant la production et protégeant la qualité de la monnaie. Au XVIIIe siècle, Matthew Boulton introduit la frappe au balancier à vapeur, amenant une nouvelle ère de précision et de sécurité, notamment contre la contrefaçon.

DÉMÉNAGEMENT VERS LE ROYAL MINT COURT

La Royal Mint quitte la Tour de Londres vers 1811 principalement en raison de l’exiguïté et de l’inadaptation des locaux historiques aux nouvelles exigences de la production. La demande en monnaie était croissante, stimulée par l'expansion économique et les besoins de l'Empire. L’atelier traditionnel, établi dans la forteresse, devenait incapable d’accueillir les nouvelles machines à vapeur de Matthew Boulton, bien plus volumineuses et bruyantes que les anciennes presses manuelles.

Le transfert répond également à la nécessité d’accroître la sécurité et l’efficacité des flux de travail. Le bâtiment du Royal Mint Court établi sur Tower Hill près de la Tour de Londres, conçu par James Johnson puis Robert Smirke, offrait un espace moderne, des logements pour le personnel et une meilleure organisation des ateliers. Cette réorganisation permet une circulation plus rationnelle des matières et accélère fortement la croissance de la production nationale.

Avec le développement de l’empire colonial britannique au XIXe siècle, la Royal Mint ouvre aussi des succursales. La première d’entre elles est celle de Sydney en 1853 dont l’activité est boostée par la ruée vers l’or. Suite à ce succès, deux autres succursales sont ouvertes, toujours en Australie, à Melbourne et à Perth respectivement les 2 juin 1872 et 20 juin 1899. Sous contrôle du Royaume-Uni depuis 1763, le Canada connaît aussi un important développement. À partir de la moitié du XIXe siècle, un long débat naît sur le choix d’un système monétaire, à savoir une livre canadienne calquée sur celle existante au Royaume-Uni ou un dollar canadien comparable au dollar des États-Unis avec lesquels les relations économiques sont croissantes. Le débat est tranché en 1858 avec l’adoption du dollar canadien. Pour faire face à la demande et satisfaire une population canadienne désirant disposer de son propre atelier monétaire, l’atelier d’Ottawa est ouvert le 2 janvier 1908. Une sixième succursale est ouverte à Bombay le 21 décembre 1917 en plein conflit mondial afin de satisfaire la demande en souverain en or.

ROYAUME-UNI Double Souverain Edouard VII 1902 Londres TTB+

VERS LLANTRISANT (PAYS DE GALLES, 1968-1975)

La Royal Mint reste à Tower Hill jusqu'à la fin des années 1960, à une époque où la production britannique explose : on passe de 70 millions à plus de 150 millions de pièces frappées chaque année dès le début du XXe siècle. Mais après la Seconde Guerre mondiale, les infrastructures vieillissent, deviennent obsolètes et difficiles à moderniser sur place.

Les raisons majeures du déménagement vers Llantrisant incluent :
• Besoin d’un site beaucoup plus vaste et adaptable à la production industrielle de haut volume en particulier en perspective de la décimalisation de la Livre Sterling
• Modernisation des procédés et automatisation rendue impossible dans le tissu urbain dense de Londres.
• Problèmes de pollution, de bruit et de gestion logistique au cœur de la capitale.
• Expansion du marché mondial de la Royal Mint, y compris pour les commandes de pièces étrangères ou d’investissement.

Le déménagement se déroule entre 1968 et 1975, date à laquelle la dernière pièce frappée à Londres est un souverain d’or de 1974. À Llantrisant, la Royal Mint s’équipe de chaînes ultra-modernes et peut désormais répondre à la demande nationale et internationale sur des volumes records.

ROYAUME-UNI Série 5 monnaies - Premier monnayage des pièces décimal 1971 SPL

Durant cette période, la Royal Mint est confrontée à la difficile épreuve de la décimalisation de la Livre Sterling. La décimalisation est un vieux serpent de mer britannique. A l’instar du dollar américain (1792) et du Franc Germinal (1795), la décimalisation est pressentie dès le XIXe siècle mais sans cesse repoussée. Proposée en 1824 par John Wrottesley mais refusée, elle ne cessera de faire l’objet d’un vaste débat avant qu’elle ne s’impose comme une incontournable nécessité économique dans les années 1960. Le Decimal Day (jour de la décimalisation) est fixé au 15 février 1971 pour le Royaume-Uni et l'Irlande, le mois de février étant le plus calme pour les banques, les commerces et les transports. Cependant, une longue préparation est mise en place tant au niveau monétaire qu'au niveau pédagogique, les Britanniques de nature plutôt traditionnaliste étant étrangers au système monétaire décimal. Les monnaies de 5 pence et 10 pence  frappées aux modules respectifs de 1 shilling et 2 shillings sont émises dès avril 1968, et en octobre 1969 sont introduites les monnaies de 50 pence.

Dans le même temps, l'atelier de Londres est manifestement inadapté alors que la demande et la production de monnaies ont explosé. La construction d'un nouveau site industriel s'impose. Une vingtaine de villes sont envisagées avant que la petite galloise de Llantrisant située à 16 km au nord-ouest de Cardiff soit choisie. Les travaux commencent en août 1967 et la première partie opérationnelle du site est inaugurée le 17 décembre 1968. Cette solution sera aussi adoptée par la Monnaie de Paris, manifestement à l'étroit dans l'Hôtel de la Monnaie du quai Conti et qui ouvre en 1973 l'établissement de production de Pessac près de Bordeaux.

Entre 1968 et 1975, les deux sites fonctionnent en parallèle avec la montée en charge du site gallois et la lente et inexorable fin du site londonien. Sur cette période, si certaines frappes sont très clairement localisées à Londres ou à Llantrisant (ce qu'on peut retrouver dans les catalogues numismatiques), d’autres frappes sont plus difficilement localisables et porteront comme origine « Royal Mint ». En novembre 1975, la dernière monnaie frappée à Londres sera un  souverain en or à l'effigie de la reine Élisabeth II.

ROYAUME-UNI 1 Souverain Élisabeth II 1974 Royal Mint, Llantrisant SPL

FERMETURE ET HÉRITAGE (1975)

Après des siècles d'activité, l’atelier du Royal Mint Court ferme ses portes en 1975. La production est alors transférée à Llantrisant, au Pays de Galles, où la Royal Mint poursuit aujourd’hui la frappe de la monnaie britannique et internationale. Ce déplacement marque la fin symbolique du chapitre londonien de la Monnaie royale, qui reste une institution respectée du patrimoine britannique.

 

 

 

 

 

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