La médaille présentée aujourd'hui vient tout juste d'être en ligne et bénéficie ainsi de la rubrique Une semaine, une médaille ! ; il s'agit d'une spectaculaire médaille en or, gravée par Léonard Charles Wyon célèbre graveur britannique. Frappée en 1903 elle a été remise à Eugène Colin, quand celui-ci a reçu le prix Hanbury.

Daniel Hanbury était un botaniste et un pharmacologue, l'un des principaux experts du XIXe siècle en pharmacognosie (l'étude des médicaments dérivés de plantes ou d'autres sources naturelles). Comme le droit l'indique, il est né en 1825 et mort en 1875). Fils d'un Quaker pharmacien, Daniel Bell Hanbury (1794-1882), il rentre au cabinet de son père, "Allen, Hanbury et Barry", à l'âge de 16 ans, sachant rapidement prouver ses mérites. Sa vie a été consacrée à son travail, dans lequel il se jeta avec une grande énergie. Daniel Hanbury, qui ne se maria jamais, était végétarien, et comme beaucoup de ses contemporains durant cette époque victorienne, il était opposé à la consommation d'alcool et de tabac. Il se retira des affaires en 1870 et mourut de la fièvre typhoïde.
Au cours de sa carrière, il a servi comme président de la British Pharmaceutical Conference, comme examinateur du Bureau de la Royal Pharmaceutical Society (de 1860 à 1872), et dans plusieurs autres grandes institutions professionnelles. Il publia régulièrement le fruit de ses recherches, sur diverses plantes, sur les insectes et sur les produits chimiques...
Le prix qui porte son nom existerait depuis 1881 et remettrait de façon bisannuelle une médaille en or et une autre en argent aux lauréats pour leurs recherches originales dans l'histoire naturelle et la chimie des médicaments.

Eugène Collin, lauréat récipiendaire de la médaille d'or en 1903, n'a pas laissé de si nombreuses traces de sa vie sur Internet, si ce n'est la liste de ses publications... mais une coupure de presse de 1903 retrace sa biographie : il y est présenté comme un " éminent pharmacologiste français qui reçoit cette année la médaille Hanbury. Il est né à Carignan (Ardennes) le 23 juin 1849 : il était donc âgé de 54 ans lorsqu'il reçu sa médaille. Après un apprentissage de trois ans avec M. Cailletet, le distingué pharmacien de Charleville, dont le nom est associé à de nombreuses analyses de qualité au sujet des huiles et des savons, Mr Collin a été interne aux Hôpitaux de Paris. De 1867 à 1870 il étudia à l'Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris où il obtint son diplôme en 1871. De 1871 à 1882 il exerça à Verdun-sur-Meuse en entre 1882 et 1888 à Colombres près de Paris. Suite aux conseils du professeur Flückiger, collaborateur de Daniel Hanbury, il utilisa le microscope pour examiner des médicaments simples. Il fut le premier en France à utiliser cette méthode dans l'étude des Rhubarbes. Passionné pas ses recherches, il a consacré tout le loisir que lui laissait l'exercice de sa profession à la gravure sur cuivre et à la reproduction de la structure de toutes les substances qu'il a examinée. Après avoir quitté la pharmacie de détail, il s'occupa de collecter et d'organiser tous les manuscrits qu'il avait accumulés pendant 16 années de travail et de les publier, en partie seule et en partie en collaboration avec les professeurs de l'École de Pharmacie de Paris. Nous comprenons que la plupart des spécimens de rhubarbe sur lequel il a travaillé ont été prêtés par M. Holmes, le conservateur du musée de la Société pharmaceutique, et nous dirions en conclusion que M. Collin est digne de prendre sa place dans la liste des récipiendaires de la Médaille Hanbury avec ces travailleurs distingués..."
Notons au passage qu'il reçut aussi la médaille d'or de la Société Pharmaceutique de Bruxelles en 1880 pour un mémoire sur l'acclimatation de la culture du Cinchona (quinine) dans les Indes britanniques et néerlandaises. Parmi les publications (dont quelques unes se retrouvent sur Amazon) de notre éminent scientifique auquel il faut rendre honneur, notons par exemple :
- 1869 "Étude des gommes résines des ombellifères"
- 1871 "Des Rhubarbes", sa thèse de pharmacie.
- 1903 "Précis de matière médicale, contenant : l'origine botanique, la description, la structure anatomique, la composition chimique, les usages, le mode d'emploi et les falsifications des substances officinales d'origine végétale ou animale", l'aboutissement de ses recherches qui lui valurent le prix Hanbury !
Le jardin "Hanbury" :

Les frères Thomas et Daniel Hanbury, riche commerçant et voyageur expert de l'Orient pour le premier, pharmacien et botaniste passionné pour le second, installèrent à Mortola Inferiore un véritable jardin d'acclimatation pour le plaisir d'admirer la beauté de ces plantes venues d'autres mondes et pour mener des recherches pharmacologiques à visée économique. Plantes et semis arrivèrent d'abord du domaine familial Hanbury à Clapham Common, puis des Kew GArdens de Londres, puis de Paris, de Montpellier, des autres jardins de la Riviera française, d'Afrique, d'Australie, d'Amérique. Cecil Hanbury, fils de Thomas, finança des expéditions botaniques au Mexique, au Chili, en Inde et en Afrique du Sud.
Aujourd'hui, l'Université de Gênes continue l'aménagement du jardin ainsi que le travail de recensement botanique. Un nouveau catalogue a d'ailleurs été publié en 1996, dénombrant 7 000 espèces de plantes.

Les médailles en or de ce Prix Hanbury sont exceptionnelles. Un autre exemplaire en argent et non daté est passé en vente il y a quelques années en Angleterre, remis à M. M. Janot pour ses recherches et publications sur les drogues.