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DU FRANC BELGE À L’EURO LA BELGIQUE PRÉCURSEUR DE MONNAIE | 29/01/2020 Informations
Le franc belge a été l’unité monétaire de la Belgique, de 1832 au 1er janvier 1999, avant de devenir une subdivision de l’euro. En 1830, après l’indépendance de la Belgique, bien des monnaies étrangères circulent dans le royaume. On compte des francs français, des florins néerlandais, des pièces autrichiennes et encore les monnaies de la Principauté de Liège. Le choix d’une unité monétaire est une priorité pour le jeune État. Il faut beaucoup de temps pour produire assez de pièces pour assurer la vie monétaire d’un pays. Dans l’intervalle, il est nécessaire d’accepter ces « monnaies étrangères circulantes ».
Par la loi monétaire du 5 juin 1832, la Belgique se dote d’une unité monétaire identique à celle de la France : « cinq grammes d’argent au titre de neuf dixièmes de fin constituent l’unité monétaire au nom de franc ». Le franc belge est défini en poids d’argent. Joseph-Pierre Braemt, graveur général de l’Hôtel des Monnaies de Bruxelles, réalise les premières pièces belges en argent sur le modèle des monnaies françaises de Louis-Philippe. Dès 1832 apparaissent ainsi les premières pièces en francs d’argent avec sur l’avers la tête du roi Léopold Ier, ceinte d’une couronne de chêne à l’instar des empereurs romains, hommage au sauveur de la nation.
En 1830 la Belgique se défait du joug des Pays-Bas. Le 4 octobre 1830 le gouvernement provisoire de la Belgique proclame l’indépendance du territoire, que la communauté internationale reconnait le 20 décembre 1830.
Acquérir la souveraineté nationale, c’est une révolution. Devenir une république c’en est une autre, inacceptable en ce temps et en ce contexte… Donc, pour demeurer une monarchie il faut un trône et un « noble siège » pour s’asseoir dessus. Le Congrès élit d’abord Louis d’Orléans, duc de Nemours, deuxième fils de Louis-Philippe Ier. L’Angleterre s’oppose à ce qu’un prince français règne en Belgique et Louis-Philippe refuse le titre au nom de son fils de peur de déclencher une guerre européenne dans laquelle la France serait isolée. Le Congrès belge propose alors à Léopold Georges Christian Frédéric de Saxe-Cobourg-Saalfeld prince de Saxe-Cobourg et Gotha, duc de Saxe, veuf de la princesse Charlotte Augusta de Galles, fille de Georges IV d’Angleterre, mais aussi ami de la famille royale française, de devenir roi des Belges. Le 4 juin 1831, ce candidat idéal est élu par 153 voix sur 196 votants. Le 21 juillet 1831 Léopold Ier prête serment sur les marches de l’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg de Bruxelles.
Dans la même période, le Belge compte les premières pièces en centimes de cuivre avec le lion belge et la devise nationale, en français, « l’union fait la force ».
La loi monétaire du 31 mars 1847 fixe la parité or-argent. Dans ce contexte, la Belgique reçoit une nouvelle série de pièces en or et en argent, dessinées par Léopold Wienerest et frappées à partir de 1848 avec la tête nue (sans couronne) du roi Léopold Ier.
La Banque nationale de Belgique est créée par une loi de mai 1850 par le ministre des Finances Hubert Frère-Orban. Une première série de billets de banque (de 20 francs à 1 000 francs) est émise en janvier 1851. L’impression est de mauvaise qualité et les billets sont signés à la main par le gouverneur de la Banque nationale. La circulation des billets de banque va s’intensifier progressivement dans tout le royaume et particulièrement au sein du milieu des affaires contribuant à l’essor de la nation, à l’affirmation de sa souveraineté et à sa prospérité.
La loi monétaire du 28 décembre 1850 met fin à la frappe des monnaies en or dans le but de juguler la spéculation. Au même moment le cours légal des pièces étrangères et des anciennes monnaies est supprimé. La loi monétaire du 4 juin 1861 rétablit à nouveau la parité or-argent : « 1 gramme d’or pour 15,5 grammes d’argent ». Des pièces en or (90 %) sont de nouveau émises tandis que l’Hôtel des Monnaies de Bruxelles frappe les premières pièces en cupro-nickel (20 centimes).
LA BELGIQUE EST UN PRÉCURSEUR Les tout premiers francs sont émis en argent massif, le cuivre est utilisé pour les centimes. En 1860, la Belgique est le premier pays au monde à émettre des pièces en cuivre-nickel. L’alliage de cuivre utilisé auparavant était trop lourd pour les pièces de 5, 10 et 20 centimes, et l’argent était trop fragile. La Monnaie belge entreprend de tester l’utilisation du nickel. La pièce de 20 centimes conçue dans ce nouvel alliage est frappée au cours des dernières années de règne de notre premier roi. De nos jours, le cuivre-nickel est l’alliage le plus couramment utilisé pour la frappe des monnaies dans le monde. Le réajustement de la valeur des monnaies consécutif à la spéculation sur l’argent conduit plusieurs pays d’Europe, la France, la Suisse, l’Italie et la Belgique à conclure une convention le 23 décembre 1865 en vue de battre leurs monnaies sur un étalon monétaire identique C’est la naissance de l’Union monétaire Latine le 1er août 1866. La Grèce y adhère en 1868. Les pièces en or et en argent de ces pays auront une seule et même valeur. La pièce de 5 francs conserve son alliage de 90 % tandis que les valeurs divisionnaires en argent sont frappées avec un titre à 83,5 %. Les premières pièces et les premiers billets avec les mentions en néerlandais sont émis en 1886 et en 1887.
Pendant la Première Guerre mondiale, l’émission de billets par la Banque nationale est suspendue par les Allemands. Des émissions privées sont confiées à la Société Générale et le mark allemand devient un moyen de paiement légal. Des pièces en zinc sont frappées de 1915 à 1918. (L’émission de billets par la Banque nationale est suspendue, des émissions privées sont confiées à…, le mark devient le moyen de paiement légal…).
À la fin de la guerre, l’économie belge est en ruine et l’inflation galope. En 1926 le gouvernement Jaspar, et en particulier le ministre sans portefeuille Emile Francqui, élaborent un programme de stabilisation qui a pour but de dévaluer le franc belge de six septièmes par rapport à sa valeur d’avant-guerre. (Comment ?! dévaluer une monnaie !). La manœuvre doit améliorer la convertibilité de la monnaie belge et consolider la dette publique. L’introduction du belga comme nouvelle unité de compte fait partie de ce programme. Les opérations de change doivent désormais être réalisées dans cette nouvelle unité monétaire afin de la dissocier clairement du franc français. En effet, la Belgique vient de se retirer de l’Union Latine, à la fin de l’année 1925, ce qui signifie une véritable rupture monétaire avec la France. Un belga vaut 5 francs-or en 1926. Le belga sera mentionné sur les billets de la Banque nationale et de la Trésorerie à partir de 1927. Les pièces de monnaie n’apparaîtront que 3 ans plus tard. C’est donc en 1930 que la Monnaie royale frappe une pièce en nickel de 5 francs-1 belga. La même année, pour la célébration du centenaire de l’indépendance, une pièce en nickel de 10 francs-2 belgas est gravée. Un an plus tard, la série est complétée par une pièce de 20 francs-4 belgas, mais cette pièce de grand format en nickel est mal accueillie, de sorte qu’elle reflue en masse. En 1933 la situation économique s’améliore, une nouvelle monnaie d’argent, une pièce de 20 francs de bas titre, est émise, sans mention de valeur en belga. La nouvelle unité de compte n’aura jamais été acceptée ni sur les marchés des changes ni même en Belgique. Les Belges, par habitude et par facilité, ont continué à compter en francs, et la nouvelle appellation n’entra jamais dans les mœurs. Le belga disparaît discrètement en 1946. 1 BELGA = 5 FRANCS
Le 23 mai 1935, le Royaume de Belgique et le Grand-duché du Luxembourg établissent une association monétaire : une convention assure une parité de un pour un entre les deux monnaies et une libre circulation du franc belge au Luxembourg. Le franc luxembourgeois devient une monnaie d’appoint. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’occupant allemand impose à nouveau l’utilisation du mark allemand parallèlement à la monnaie belge. Il suspend le privilège d’émission de billets de la Banque nationale au profit d’une nouvelle Banque d’émission à Bruxelles tandis que les pièces de monnaie en zinc réapparaissent à partir de 1941 (type Rau, type Jespers). (L’émission de billets par la Banque nationale est suspendue, des émissions privées sont confiées à…, le mark devient le moyen de paiement légal…).
Lors de la libération de la Belgique, en 1944, les Alliés impriment des billets et frappent des pièces en acier galvanisé (2 francs) type « Libération ».
Le gouvernement belge en exil prend les dispositions nécessaires pour éviter une inflation pareille à celle connue en 1918 (loi Gutt ). Pendant la régence du prince Charles, toute référence à la maison royale disparaît des pièces de monnaies : les pièces en cupro-nickel avec le buste de Cérès sont mises en circulation.
Après la guerre, la Belgique adhère au nouvel ordre monétaire international. À partir de 1972, le franc belge évolue dans le serpent monétaire européen, puis en 1979 il tombe dans le système monétaire européen. Après quelques difficultés rencontrées lors des crises pétrolières et la dévaluation de 1982, le franc belge se redresse et est attaché, en tant que monnaie forte, au mark allemand en 1990 (encore…). En 1991, le sommet de Maastricht fixe les conditions d’accès à l’union monétaire européenne. Le franc belge devient une subdivision de la nouvelle monnaie européenne, l’euro, dès le 1er janvier 1999, à raison de 1 EUR = 40,3399 BEF. Les billets et les pièces en francs belges devaient perdre leur cours légal le 1er juin 2002 mais vu l’engouement de la population pour l’euro, le gouvernement décide d’avancer cette date au 1er mars. À partir de cette date, l’euro devient la seule monnaie acceptée en Belgique. L’ imprimerie fiduciaire belge de la Banque Nationale Belge fermera définitivement ses portes en 2020 et les billets euros belges émis pour le compte de la BNB seront imprimés dans d’autres pays européens par des imprimeurs privés ou publics. (L’émission de billets par la Banque nationale est suspendue, des émissions privées sont confiées à…, l’« euro » devient le moyen de paiement légal…). L’atelier de la Monnaie Royale de Belgique a fermé ses portes le 1er janvier 2018. Depuis, la fabrication des pièces de monnaies belges a été confiée à la Monnaie des Pays-Bas. « La Frappe de la monnaie belge est définitivement attribuée à la ‘Koninklijke Nederlandse Munt’/Groupe Heylen. » Mais, une communauté se choisit une monnaie en confiance, alors ses femmes et ses hommes émettent le produit de leur activité garant de leur prospérité, de leurs performances, de leurs entreprises, de leur cohésion, de leurs droits, de leur liberté, de leur sécurité, de leur indépendance, de leur souveraineté… L’atteinte d’une « Communauté » passe par l’atteinte de ce pouvoir d’émission, sa destruction par sa suppression.
L’euro devait favoriser l’émergence d’une identité européenne, mais nous savons que si les peuples créent des monnaies pour devenir des nations, aucune monnaie «tombée d’ailleurs» n’a jamais créé une nation. Pour ce qui est du sentiment d’appartenance commune, nous l’aurions rêvé…
Une banque centrale s’est arrogé le droit régalien d’émettre les billets en euros, avant de ne plus rien émettre du tout… certains États conservent la possibilité « strictement encadrée » de fabriquer des pièces de monnaies. Nous pourrions encore peser sur la proportion de pièces et de billets que nous voudrions voir circuler dans notre royaume. Mais cent pièces dans une poche ça teinte, ça pèse, ça encombre… Et surtout, c’est à la « grande éminence » qu’appartient l’autorité de fixer le volume maximum de pièces que chaque pays de la zone euro peut émettre ; ainsi, il circulerait 150 pièces par habitant en France contre 250 en Allemagne. Il ne serait donc pas permis de se bourrer les poches d’un reste de liberté. Cependant, une fois par an, il est autorisé d’émettre une pièce de 2€ commémorative, c’est-à-dire une pièce destinée à célébrer un événement important. Cette pièce a les mêmes caractéristiques techniques que les autres pièces de 2 euros avec un avers différent de la face nationale habituelle. Cette pièce a cours légal dans toute la zone euro, et peut être utilisée comme n’importe quelle autre pièce de 2 euros. Mais, ici encore, la « grande éminence » a le dernier mot quant aux quantités émises autorisées.
QUAND LA NUMISMATIQUE DEVIENT SYNONYME DE LIBERTÉ
Il existe une pièce en euros sur laquelle la « grande éminence » aurait moins d’emprise. La pièce « de collection » ; elle est conçue pour ne pas circuler, mais dans les faits elle vit allègrement dans le pays qui l’émet, dans la zone euro, dans le monde à des valeurs que nous connaissons…
En France, des pièces de 5, 10, 15, 25 ou même 100 euros ont d’ores et déjà été émises à des millions d’exemplaires. Elles pourraient parfaitement servir à payer des biens ou des services.
La désorganisation, ou peut être la destruction d’un système monétaire conduit au-delà de ses immédiates conséquences néfastes à une « naturelle » réorganisation sur les bases logiques nécessaires à la vie réelle d’une société. Ainsi, déjà, nous voyons réapparaître des euros en or et en argent, avec une véritable valeur intrinsèque, des « nouveaux assignats », des miniBots, avec le retour d’une légitimité fiduciaire articulée sur la… confiance.
Il est clair que ces monnaies ne seront que des monnaies « parallèles » mal contrôlées dans un système monétaire dépourvu de banques centrales clairement « autorisées ». Ces notions « composent » très mal avec une évolution économique saine ou viable. Il faudra entendre raison, pour que ce système monétaire retrouve le chemin de la confiance pour servir les femmes et les hommes dans leur vie de tous les jours. Sinon, toutes ces monnaies fragmenteront l’unité acquise mais pas encore construite.
Il ne faut pas se moquer des gens avant d’avoir pris leur argent. A. SFERRAZZA
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