COMMENT DÉBUTER UNE COLLECTION DE MONNAIES - 2

COMMENT DÉBUTER UNE COLLECTION DE MONNAIES
EN TOUTE SÉRÉNITÉ AVEC LES CONNAISSANCES INDISPENSABLES

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FABRICATION DES MONNAIES

Je vais brièvement expliquer les différents types de fabrications qui ont existé, car ceci est important dans le choix du type de collection. Depuis l’antiquité jusqu’à environ 1642, le procédé de fabrication se faisait en déposant une « rondelle » de métal (appelée flan) sur un moule gravé avec les reliefs que l’on voulait donner à la rondelle. On venait taper avec un marteau sur la rondelle, préchauffée ou pas, et « fabriquait » ainsi une monnaie. C’est ce que l’on appelle la frappe au marteau. Bien évidemment, les techniques ont évolué avec le temps, et les rondelles sont « devenues » plus rondes. Au lieu de graver une seule face, on a gravé les deux faces. Les monnaies frappées au marteau étaient en sortant de l’atelier de qualité très variable. La frappe n’était pas homogène, dans la plupart des cas, la gravure n’était pas nette et très souvent plus forte d’un côté de la pièce que de l’autre. Il y avait même des différences de gravure sur la même face, les monnaies n’étant pas rondes. Le problème pour le collectionneur est que, du coup une monnaie peut être neuve mais la frappe n’est pas forte. Cela est dû au procédé de fabrication, c’est de naissance et donc pour ce type de frappe, avoir des monnaies parfaites est impossible. Il faut se contenter d’une qualité qui ne sera pas parfaite. Cela dit, on trouve de belles monnaies frappées au marteau, mais ce n’est pas facile.

Vers 1642 en France la frappe au balancier fut adoptée et avec ce procédé. On ne frappait plus les flans, le marteau était remplacé par un plateau avec le motif à graver qui descendait et montait selon le désir de l’utilisateur, et cela à travers un système appelé balancier. À partir de ce moment-là, les monnaies étaient toutes bien rondes, le type de gravure pouvait être beaucoup plus compliqué, la frappe était complètement homogène (la majorité des pièces sortant des ateliers étaient très belles, mais certaines avaient des stries d’ajustage et d’autres étaient refrappées sur d’autres monnaies). De nos jours, on trouve de très belles pièces frappées à partir de cette époque. On n’en trouve pas non plus à tous les coins de rues, mais avec un peu de patience, de connaissance et d’argent on en trouve.

L’IMPORTANCE DE LA QUALITÉ

C’est à mon avis le paramètre à privilégier en tout premier lieu !

Quand pendant une conversation, vous dites que vous collectionnez les monnaies, très souvent votre interlocuteur vous demande combien vous en avez ou si elles sont anciennes, car apparemment dans l’esprit général, plus vous en avez et en plus si elles sont anciennes, plus votre collection est importante et chère.

Une belle collection se bâtit avec des monnaies de qualité, la quantité n’est pas fondamentale, la qualité l’est quel que soit le domaine de la collection.

Ce qui est très intéressant dans le catalogue Le Franc 10 en plus des prix bien entendu, c’est la référence à la collection idéale, qui indique la qualité du plus bel exemplaire connu par CGB (l’éditeur du catalogue), ainsi que les images correspondant aux différentes qualités. À partir de la connaissance de ces deux paramètres, on peut déduire la rareté relative d’une pièce en fonction de sa qualité. Prenons un exemple concret issu du catalogue Le Franc 10, les monnaies de 1 franc semeuse frappées de 1898 à 1920. Les exemplaires FDC ne sont connus que pour les dernières années de frappe et les prix pour ces années sont très bas, ce qui signifie que ces monnaies sont très courantes en très belle qualité. Par contre ce n’est du tout le cas pour les autres années, spécialement pour la 1900 qui est une monnaie très rare en très belle qualité.

Qui dit qualité, dit prix, cela va toujours de pair. Or, qu’elle est la qualité qu’il faut rechercher et est-ce que cette qualité varie selon le domaine de collection choisi ? En fait, il faut toujours rechercher la meilleure qualité possible pour une monnaie spécifique ou la qualité la plus proche de celle de la collection idéale. Si, dans une vente, vous êtes intéressé par une monnaie décrite dans le catalogue de cette vente comme superbe et si, en regardant dans Le Franc, cette monnaie existe en FDC et a une cote de 100€ en FDC, une cote aussi basse signifie que cette monnaie est assez courante en état FDC, par conséquent n’achetez pas, attendez de trouver un exemplaire FDC !

Un exemple simple pour illustrer le concept de qualité : à partir du catalogue Le Franc, pour la monnaie d’un franc Morlon de 1931 (ref. F.219/2) la cote est de 1€ en TTB et 90€ en FDC, c’est-à-dire 90 fois plus. Cela veut dire tout simplement que cette monnaie en qualité TTB est extrêmement courante, alors qu’elle ne se trouve pas si facilement en FDC. Il y a actuellement 32 monnaies gradées FDC sur une frappe initiale totale de plus de quinze millions de pièces, c’est-à-dire qu’il n’existe de nos jours qu’un seul exemplaire en FDC pour 500 000 monnaies frappées !

Il faut bien comprendre que si vous avez une collection de cent pièces de qualité TTB avec une cote totale de 1 500€ ou 2 000€ (la cote de chaque monnaie est comprise entre 10€ et 20€), le prix marché de cette collection sera de l’ordre de 150€/200€ en étant optimiste. Par contre, si vous avez une ou deux pièces qui ont la même cote antérieure et qui sont de très belle qualité, alors elles se vendront rapidement et à un très bon prix qui DÉPENDRA de la rareté et de la qualité des monnaies. Si une monnaie en état SUP est vendue 2 000€, la même monnaie en FDC se vendra probablement 6 000€ voire plus ; le fait que le prix de cette monnaie en SUP soit élevé nous indique que cette monnaie est assez rare dans cette qualité et bien évidemment pour une qualité bien supérieure, elle doit être bien plus rare, d’où le prix !

C’est un fait que plus on recule dans le temps, plus la difficulté de trouver de belles monnaies augmente, ce qui est logique à quelques exceptions près. La 5 francs Napoléon I de type empire a été frappée à plus de 100 millions de pièces. De nos jours il en existe peut-être 20 en FDC et 100 en SPL, c’est-à-dire 0,00012% ! Donc effectivement, selon le domaine de collection choisi, il est plus ou moins difficile de trouver de beaux exemplaires, mais il ne faut pas pour autant collectionner les boîtes FDC modernes car on les trouve chez tous les professionnels.

Le vrai problème de la qualité se pose quand la monnaie est rare et que les exemplaires de qualité sont introuvables car pratiquement inexistants. Bien entendu, ces exemplaires sont très chers. Notre conseil est de privilégier pour les monnaies pas courantes une bonne qualité (minimum beau TTB), c’est-à-dire avec peu d’usure, peu de coups, pas frottée. Pour les monnaies courantes, il faut choisir de préférence la très très belle qualité.

Dernière conseil quant à la qualité, n’achetez pas de monnaies nettoyées ou retouchées car elles ne seront pas gradées, donc invendables par la suite ou du moins avec une décote importante. On voit souvent des « experts » proposer des monnaies splendides mais légèrement nettoyées. Dans ce cas, achetez uniquement si le prix est « intéressant », c’est-à-dire bien en dessous de la cote.

Il faut en réalité anticiper l’évolution de la numismatique française et il faut dire que celle-ci suit l’évolution de la numismatique mondiale qui est entraînée par les Américains et donc par leur système de grading (voir plus loin dans le texte). Cela fait quelques années, tous les experts et bon nombre de professionnels en France étaient contre le grading. Depuis, il faut reconnaître que le grading gagne du terrain d’année en année, et cela indépendamment de l’acceptation ou pas des experts, c’est la réalité du marché globalisé !

Tout ce qui est écrit précédemment quant à la qualité est en fait valable à partir des monnaies frappées au balancier, c’est-à-dire à partir de 1642, ce qui correspond aux monnaies royales. Ces monnaies sont plus difficiles à trouver que l’on ne croit, mais avec patience on y arrive ; par contre pour les monnaies frappées au marteau, chercher une qualité parfaite est impossible, la frappe est toujours molle par endroit, le flan est irrégulier, la monnaie a été très probablement nettoyée. Il faut donc se « contenter » du TTB, mais la règle est toujours la même, il ne faut acheter que du beau !

C’est assez paradoxal, mais il est plus courant de trouver des aureus romains en splendide que des monnaies françaises frappées au marteau ou des royales en superbe. Pourtant, 10 siècles séparent les unes des autres.

En fait, vous n’êtes pas obligés d’acheter du « beau », mais lorsque vous regardez des monnaies sur un étalage, vous regardez les belles pièces ou les savonnettes ?

LES ÉTATS DE CONSERVATION

Nous venons de lire l’importance de la qualité d’une monnaie, mais comment discerner les différents états de conservation d’une monnaie ? En fait, ce n’est pas simple, bien au contraire. Commençons par le début.
Depuis plus d’un siècle en France, pour « quantifier » l’état de conservation d’une monnaie, on utilise cinq états différents pour les classer, le Beau (B), le Très Beau (TB), le Très Très beau (TTB), le Superbe (SUP) et le Fleur De Coin (FDC). De mon point de vue, le « Très Beau » n’a pas grand-chose de beau et le « Beau » est vraiment « moche » !

Une monnaie FDC est une monnaie NEUVE, pas de coup, pas de nettoyage, la surface intacte… la monnaie parfaite que l’on ne rencontre pratiquement jamais pour les monnaies antérieures à 1900 et après cette date, elles ne sont pas très courantes non plus pour de nombreuses monnaies !

Le Splendide qui est utilisé récemment est un état intermédiaire entre le SUP et le FDC et cela correspond réellement à l’appellation SUP à FDC. La monnaie peut avoir des coups minimes et le brillant de frappe est pratiquement présent partout, pas de nettoyage !

Dans le cas du Superbe, la monnaie peut avoir des traces minimes de frottements (usures) sur les points les plus hauts en plus de coups minimes. Il y a encore du brillant de frappe à quelques endroits, pas de nettoyage, mais en général, ça reste une monnaie très belle dans l’ensemble.

À partir de Très Très beau, les choses se compliquent, l’usure est plus visible à plusieurs endroits, le brillant de frappe est pratiquement absent…

Le GRAND problème de ces « définitions » des différents états de conservation est que cela reste « vague » et l’interprétation est un peu « aléatoire » et à géométrie variable selon que vous soyez acheteur ou vendeur :
• Quelle est la définition de coups minimes ?
• Combien de coups minimes peu avoir une monnaie SPL ou SUP ?
• Qu’est-ce qu’une trace minime de frottement ou d’usure ?
• Qu’est-ce que l’on appelle un nettoyage ?

Dans ces conditions il est difficile pour toutes les pièces de les cataloguer dans une qualité bien précise et c’est pour cela que bon nombre de professionnels et experts utilisent des signes + et -, c’est-à-dire que l’on peut trouver une monnaie décrite comme TTB+ ou SUP- (qu’elle différence y-a-t ’il entre les deux, je ne sais pas !).

Selon « l’œil » de l’observateur, le grade associé à la qualité d’une monnaie peut changer, or la cote n’est pas la même et c’est là le problème.

Seule « l’expérience » permet de déterminer de façon assez précise la qualité d’une monnaie, mais cela ne se fait pas du jour au lendemain, donc il faut bien « regarder attentivement » avec une LOUPE X10 ce que l’on achète.

NOTE : J’ai ajouté « pas de nettoyage » dans les définitions du FDC, SPL et SUP, MAIS cela n’apparaît pas dans les définitions des catalogues généraux, ainsi que dans les catalogues de ventes aux enchères qui se limitent à mettre une note sur 10, par exemple le SUP c’est 8/10. Lisez le paragraphe suivant correspondant au grading et vous comprendrez pourquoi j’ai tenu à l’indiquer dans les définitions.

Conseil à suivre scrupuleusement :
Ne nettoyez jamais une monnaie, JAMAIS !

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Yves BLOT