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Dans la Live Auction du 23 septembre 2025, nous avons la chance de vous présenter un rare follis ou nummus de Constance Chlore de l’atelier de Lyon avec un buste exceptionnel (J*) dans l’attitude de l’adlocution (adlocutio) ou harangue au peuple ou aux soldats. Ce buste se caractérise par le fait que l’empereur a le bras droit tendu avec la main levée. Ce type est peu courant dans la numismatique romaine et est encore plus rare pour la période Tétrarchique où, dans la collection Daniel Compas dont est issu cet exemplaire, il était l’unique représentant pour ce type de buste (Lyon, monnaies romaines. Collection Daniel Compas, p. 199, n° 315 et p. 309 pour le code buste). Cette codification des bustes repose sur l’ouvrage de Pierre Bastien, Le buste monétaire des empereurs romains, 3 vol. (I, II, III), NR XIX, Wetteren, 1994, en particulier pour le code des bustes, vol. II, p. 700-713. Dans cette nomenclature, les bustes J (J6 et J7, bustes radiés, p. 703 ; J* à J*7, bustes laurés, p. 707-708 ; J’1, J’6 et J’7 pour les bustes diadémés) sont tous caractérisés par la main levée qui se trouve au chapitre 21 de l’ouvrage, vol II, p. 559-572. Ce type de buste fait son apparition avec Géta sous le règne de Septime Sévère en 200-202.
Notre exemplaire présente l’avantage d’avoir un « pedigree » multiple. Acquis par Daniel Compas en 2001, il a été vendu en 2006, dans MONNAIES XXVII et est entré dans la collection actuelle en 2012 où il est resté jusqu’à aujourd’hui. Le fait que cet exemplaire figure aussi dans l’ouvrage consacré à l’atelier de Lyon, issu du catalogue de la collection de Daniel, est un atout supplémentaire.
CONSTANCE Ier CHLORE (1er mars 293-25 juillet 306)
CÉSAR (1er mars 293 – 1er mai 305)
Flavius Valerius Constantius
Constance est devenu césar le 1er mars 293, en même temps que Galère. Il est le césar subordonné à Maximien pendant que son collègue l’est à Dioclétien. C’est la Tétrarchie. Constance est rattaché à la filiation herculéenne. Il divorce d’Hélène pour épouser Théodora, la belle-fille de Maximien, alors que Galère épouse Galéria Valéria, fille de Dioclétien. Constance, devenu auguste en 305, passa en Bretagne pour combattre les Pictes. Il mourut à York comme Septime Sévère, le 25 juillet 306. Constantin avait eu le temps de le rejoindre, malgré l’interdiction de Galère. Constantin fit frapper un important monnayage de consécration puis de restitution en sa mémoire.
Follis, Lyon, 300 - mi 304, 8e émission, 1re officine, 1re phase 300-302
(Ae, 10,72 g, 29 mm, 6 h) tailles 1/32 L., poids théorique : 10,16 g, 12,5 puis 25 deniers

A/ CONSTANTIVS NOB CAES
« Constantius Nobilissimus Cæsar », (Constance très noble césar)
Buste lauré et drapé de Constance Ier césar à droite, vu de trois quarts en avant, levant la main droite (Adlocutio) (J*).
R/ GENIO POP-VLI ROMANI/ (autel)|A// PLG
« Genio Populi Romani », (Au Génie du Peuple romain)
Genius (Génie) debout à gauche, coiffé du modius, le manteau sur l’épaule gauche, tenant une patère de la main droite et une corne d’abondance de la main gauche.
C 126 – RIC VI/ 131- B 169, pl. XVII (3 ex.)
B. supp 3/ 169d
Exemplaire sur un flan large, bien centré des deux côtés avec les grènetis bien visibles. Portrait tout à fait exceptionnel avec main levée. Petite faiblesse de frappe au revers sur le Génie. Jolie patine marron chocolat.
Très rare. TTB+ 1 000€/ 1 800€
Rubans de type 3. Une fibule est bien visible qui vient attacher la toge sur l’épaule. Malgré l’insigne rareté du portrait, nous n’avons relevé aucune liaison de coin pertinente. C’est le quatrième exemplaire recensé avec ce type de césure. Prendra le numéro 169d dans le Supplément III du Bastien. Cependant, Bastien signalait dans son ouvrage p. 179, n° 3 que les exemplaires de la collection de G. Gautier (B. 169a, pl. XVII) et l’exemplaire de la vente Sternberg VIII, 1978, n° 678, (Bastien, n° 169c, pl. XVII), présentaient une liaison de coin de droit. Actuellement avec six exemplaires recensés pour trois césures de légende de revers, nous aurions au moins quatre coins de droit.
La huitième émission est certainement la plus importante du monnayage lyonnais. Elle s’étend sur une durée de quatre ans. Plus de 1.500 folles sont recensés dans le corpus de P. Bastien pour cette période. L’émission se décompose en deux phases bien différentes de durée comparable (300-302 et 302 - mi 304). Pour la première période, nous avons 531 folles pour les Tétrarques. Les bustes exceptionnels sont abondants dans la première phase de la huitième émission avec plus de 200 exemplaires pour la première officine et plus de 170 pour la deuxième officine. Ces deux chiffres cachent en revanche la réalité. Cette première partie de l’émission recèle des folles parmi les plus rares du monnayage lyonnais. Pour ce type de buste lauré et drapé à droite, vu de trois quarts en avant, levant la main droite (adlocutio) (J*) nous n’avons des folles que pour Dioclétien et Constance Ier Chlore césar dans le cadre de la huitième émission et pour la seule première officine. Pour Dioclétien, nous n’avons qu’un unique exemplaire recensé (B. 136, pl. XIV) et cinq exemplaires pour Constance Ier Chlore césar avec trois types de césure différentes, POPVLI (sans césure, B. 169a, pl. XVII), POPV-LI (B. 169b, pl. XVII) et POP-VLI (B. 169c, pl. XVII). Ce type de buste exceptionnel avec main levée est lié à l’adlocutio de l’empereur quand l’empereur s’adresse au peuple ou aux soldats au moment d’un congiaire ou d’un donativum. Nous ne pouvons pas rapprocher ce buste d’un événement marquant des années 300-302. Il faut néanmoins remarquer que c’est l’unique apparition de ce type de buste pendant la première Tétrarchie. Le choix d’un tel buste (J*) n’est pas anodin et devait répondre à un besoin de propagande politique.
Cet exemplaire provient de la vente Hauck & Aufhäuser 16, 16 octobre 2001, n° 473, de la collection Daniel Compas, MONNAIES XXVII, n° 315, de MONNAIES 34, n° 861 et de MONNAIES 55, n° 305.
Un premier exemplaire, le premier signalé sur le marché numismatique, avait été vendu en 1978 (Sternberg VIII, Zurich, 16-17 septembre 1978, n° 678) et avait été adjugé 700 FS + frais. Notre exemplaire apparu sur le marché en 2001 est resté six ans dans la collection Compas avant d’être proposé à la vente. Après 2012, cela faisait douze qu’il n’était pas apparu sur le marché et il reste actuellement l’un des rares exemplaires en mains privées. Ne ratez pas cette occasion de l’acquérir.
Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT