.jpg)


Les monnaies de Basiliscus sont en général rares. Celles où il est associé à son fils Marcus le sont plus encore. Mais c’est bien la première fois en trente ans que nous présentons un solidus de cet empereur au règne éphémère, pour l’atelier de Thessalonique. William Metcalf, dans son article, Minting at Thessalonica in the Fifth and Sixth Centuries, dans Studies in Early Byzantine Gold Coinage, ANS, NS 17, New York, 1988, p. 64-109, pl. 15-24, ne signalait à la page 97 que dix exemplaires de l’atelier pour Basilicus (n° 212-221, pl. 20). Georges Depeyrot, dans son ouvrage, L’or du Bas-Empire. Inventaire justificatif des tomes 1 et 2, Moneta 40, Wetteren 2004, p. 83, n° 61/1, n’ a relevé lui aussi que dix exemplaires. Sur le site de recherche Acsearch, seulement trois exemplaires sont répertoriés dont celui-ci.
Les conditions de la prise de pouvoir par Basiliscus interviennent dans une période troublée. En Orient, à la mort de Léon Ier (7 février 457 – 18 janvier 474) lui succède son petit-fils, Léon II (18 janvier – 9 février 474), puis il règne conjointement avec son père Zénon jusqu’à sa mort le 17 novembre de la même année. Zénon doit faire face à l’usurpation de Basiliscus, frère de Vérina, la femme de Léon Ier, à compter du 9 janvier 475. En Occident, la situation n’est pas plus simple. L’Empire romain d’Occident est en pleine déliquescence et décomposition, les Augustes se succèdent rapidement en moins de deux ans : Glycère (5 mars 473 - 24 juin 474), Julius Népos (24 juin 474 – 28 août 475), Romulus Augustule (31 octobre 475 – 4 septembre 476) et enfin Odoacre, roi des Hérules (4 septembre 476 – 16 mars 493) qui dépose le dernier empereur romain d’Occident et renvoie les insignes impériaux à Constantinople.
Ces conditions favorables ont facilité l’usurpation de Flavius Basiliscus qui s’appuie sur sa sœur, Vérina et sa notoriété d’avoir été le beau-frère de l’empereur décédé Léon Ier. Gouverneur de la région Thrace où il a remporté des succès face aux Goths et aux Huns, c’est aussi le malheureux général en chef lors de la tentative de la récupération de l’Afrique romaine au détriment des Vandales en 468 qui s’est terminée par une déroute terrestre suivie d’un désastre avec la perte de la flotte byzantine. Basiliscus est alors tombé en disgrâce jusqu’à la mort de Léon Ier. Après la mort de son petit-neveu, Léon II, il organise la sédition contre son neveu par alliance Zénon et c’est le moment qu’il choisit pour se faire proclamer auguste. À la fin de l’année 475, il associe son fils Marcus au trône d’abord comme César, puis comme co-empereur, mais ce n’est pas suffisant pour empêcher Zénon de prendre la main et de reconquérir son trône après 20 mois d’exil, fin août 476. Ayant d’abord promis la vie sauve à cette famille encombrante ainsi qu’à Zenonis, épouse de Basiliscus, relégués et emprisonnés en Cappadoce sur ordre de Zénon, ils finissent tous les trois par mourir de privations et de mauvais traitements. Vérina, veuve de Léon Ier, et mère d’Ariadne, la femme de Zénon fut pardonnée, mais surveillée, ce qui n’empêcha pas l’Augusta de soutenir une nouvelle sédition en la personne de Léonce en 484. Mais cette dernière mourut peu après et ne vécut pas assez longtemps pour voir la chute de Léonce en 488 après un siège de quatre ans de la forteresse isaurienne de Papyrius où ils avaient trouvé refuge. Léonce fut exécuté à Séleucie d’Isaurie.
BASILISCUS (9/01/475-08/476)
Basiliscus seul (9 janvier fin de l’été 475)
Solidus, Thessalonique, 475
(Or, 4,44 g, 21,50 mm, 6 h, ± 980 ‰) taille 1/72 L., poids théorique : 4,51 g, 7200 nummi

A/ D N bASILIS-CYS P F AVG
« Dominus Noster Basiliscus Pius Felix Augustus », (Notre seigneur Basiliscus pieux heureux auguste).
Buste diadémé, casqué et cuirassé de Basiliscus de face, tenant de la main droite la haste qui repose sur l’épaule et de la gauche un bouclier orné d’un cavalier chargeant à droite (N’a).
R/ VICTORI-A AVGGG/ -|* THSOB
« Victoria Augustorum », (La Victoire des Augustes).
Victoria (La Victoire) debout à gauche, tenant une longue croix de la main droite ; dans le champ à droite, étoile à huit rais.
RIC X/ 302 1012– Depeyrot p. 228, 61/1 – MIRB 11 – RCV 5/ 21478 (3500$)
Superbe exemplaire, centré des deux côtés. Petit graffiti dans le champ droit au droit. Très beau buste ainsi qu’un revers finement détaillé. Patine de collection.
Très rare. SUP 1 500€ / 2 500€
Notre exemplaire outre la marque particulière d’atelier THSOB pour Thessalonica Obrysium (Or pur de Thessalonique) semble présenter un double grènetis séparé par un filet qui n’est pas issu d’un tréflage, mais qui ressemble plutôt à une couronne.
Pour ce type, J. P. C. Kent, The Roman Imperial Coinage (RIC) volume X. The Divided Empire and the fall of the Western Parts, 395-491, Spink, London, 1994 avait recensé 3 variantes différentes pour Basiliscus à l’atelier de Thessalonique, p. 302, n° 1610-1612. Les trois présentent une unité pour le revers avec la légende VICTORI-A AVGGG/ -|*// THSOB. Les différences portent sur la légende de droit avec D N BASILIS-CUS PP AVG (RIC 1010), D N BASILIS-CYS P F AVG (RIC 1011) et D N BASILIS-CUS P F AVG (RIC 1012). L’ensemble de ces variétés sont toutes rares. Cependant dans son inventaire des monnaies de Thessalonique W. Metcalf, sur les sept monnaies photographiées, 20 ne semblaient pas avoir fait la différence, sur les 10 exemplaires recensés, il avait relevé huit coins de droit et neuf coins de revers. D’après les photos seuls deux exemplaires présentaient la forme P F (n° 212 et 216 de son catalogue, pl. 20). Un seul exemplaire semblait avoir la légende avec BASILISCYS (n° 215). Quant à Georges Depeyrot, Les monnaies d’or de Constantin II à Zénon (337-361), MONETA 5, p. 228, n° 60/1, pl. 22, il n’illustre qu’un exemplaire (celui de Paris, BnF/ DMMA) avec la forme BASILISCYS P F AVG. Quant à notre exemplaire, il présente bien la variante BASILISCVS P F (RIC 1612).
Sept exemplaires sont conservés dans des musées : deux à l’Ermitage (Leningrad), un au British Museum (Londres), un à l’ANS (New York), un à Vienne (Kunsthistorisches Museum), un à Birmingham, un à Paris (Bnf/ DMMA). Huit exemplaires sont passés en vente avec peut-être un ou deux doublons auxquels il faut ajouter les deux exemplaires d’Acsearch et le nôtre. L’exemplaire de la collection Tolstoi (n° 80, pl. 11) pourrait être un des exemplaires du musée de Léningrad.
W. Metcalf, op. Cit., p. 85 estime que pour cette émission, une vingtaine de coins ont pu être mis en œuvre. C’est peu pour une durée de règne de 20 mois, ce qui ferait un coin par mois. Basiliscus ayant été vaincu et ces derniers ayant toujours tort, son monnayage a dû être largement refondu par son vainqueur, Zénon. C’est la première fois en trois décennies que nous proposons à la vente un solidus de Basiliscus à la vente pour cet atelier alors que nous avons dans le même temps vendu seize solidi pour Basiliscus seul et trois autres, associés à son fils Marcus. C’est donc une occasion qu’il ne faudrait pas laisser échapper !
Monnaie provenant de la vente iNumis 13, n° 205
Marie BRILLANT & Laurent SCHMITT