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Fatima MAHFOUDI

C’est à Thasos que s’est éteint Olivier Picard ce vendredi 1er septembre 2023. Lieu où il avait passé tant de temps, qu’il appréciait beaucoup et dont il avait dirigé les fouilles pendant de longues années. Issu d’une dynastie d’historiens et d’archéologues, il était né le 4 mars 1940. Sa carrière fut brillante et diversifiée. Il succéda à Pierre Amandry à la direction de l’École française d’Athènes, de 1981 à 1992. Professeur à l’université de Paris IV - Sorbonne, il dirigea en 2004 l’école doctorale « Mondes antiques et médiévaux ».

Il fut élu en 2009 comme membre de l’Académie des inscriptions et belles lettres. Il assurait la présidence l’Institut de France pour 2023. Commandeur de l’ordre des Palmes académiques et de l’ordre national du Mérite, il était aussi chevalier de la Légion d’honneur.

Pour nous, c’est surtout le souvenir du numismate que nous conserverons. Membre d’honneur de la Société Française de Numismatique (SFN) depuis 2014 et dont il avait été président de 1995 à 1997, il participait encore à nos séances et ses commentaires étaient toujours écoutés et recherchés. Il avait publié de nombreux articles dans la Revue Numismatique (RN) et dans le Bulletin de la Société Française de Numismatique (SFN).

Auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages et d’une multitude d’articles, il avait publié entre autres, Chalcis et la Confédération eubéenne, étude de numismatique et d’histoire, en 1979 (BEFAR). Il avait dirigé la publication L’exception égyptienne ? Production et échanges monétaires en Égypte hellénistique et romaine, parue en 2005 (IFAO). Il était avec Jean-Noël Barrandon (lui aussi disparu), l’auteur d’un ouvrage consacré au monnayage de Marseille, Monnaies de Bronze de Marseille, analyse, classement, politique monétaire, en 2007 (CNRS). Il avait aussi conduit à la publication avec Thomas Faucher et Marie-Christine Marcellesi de Nomisma, la circulation monétaire dans le monde grec antique, publié à Athènes en 2007 (EFA) et co-dirigé avec une équipe pluridisciplinaire Les monnaies des fouilles du Centre d’Études Alexandrines. Les monnayages de bronze à Alexandrie de la conquête d’Alexandre à l’Égypte moderne, publié en 2012.

Nous garderons l’image d’un homme rigoureux, mais aussi chaleureux, toujours prêt à partager la connaissance. C’est une grande perte pour la numismatique et nous présentons nos sincères condoléances à sa famille.

Laurent SCHMITT (ADR 007)

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L'équipe cgb.fr

LES GRANDES DATES DE L’HISTOIRE MONÉTAIRE ET DU MONNAYAGE  DE LA PRINCIPAUTÉ SOUVERAINE D’ARCHES-CHARLEVILLE  EN ARDENNE (1564-1659)

1564 – À la suite de la mort en 1561 du prince François de Clèves-La Marck, duc de Nevers, comte de Rethel, marquis d’Isle, prince souverain de Boisbelle en Berry, prince souverain d’Arches et de Château-Regnault en Ardenne, pair de France, suivie de la mort de ses deux fils peu après (1562-1563), ses possessions en France et dans l’Empire (Château-Regnault) sont partagées en 1564 entre ses trois filles, Henriette, Catherine et Marie de Clèves.

L’aînée, Henriette de Clèves (1542-1601), reçoit le duché de Nevers et le comté de Rethel, assortis de la pairie de France, ainsi que la petite terre souveraine d’Arches-sur-Meuse, en terre d’Empire, détachée de la principauté souveraine de Château-Regnault, et la principauté de Boisbelle.

Sa sœur puînée, Catherine de Clèves (1548-1633), reçoit la principauté souveraine de Château-Regnault sur la Meuse, en terre d’Empire, amputée du petit territoire d’Arches-sur-Meuse attribué à sa sœur aînée Henriette. Catherine sera successivement l’épouse du prince Château-Porcien, Antoine de Croy (1541-1567), chef du parti protestant en Champagne, puis, après la mort de ce dernier, celle, en 1570, d’Henri de Lorraine, duc de Guise, dit « le Balafré », chef du parti catholique en France (La Ligue) ; à la Noël 1588 « le Balafré » ainsi que son frère, le cardinal Louis de Lorraine-Guise, seront assassinés à Blois sur l’ordre du roi de France Henri III. À l’occasion de ses deux mariages, Catherine de Clèves abjure d’abord le catholicisme au profit du protestantisme puis abjure ce dernier et revient au catholicisme, lorsqu’elle épouse « le Balafré ». Elle est la mère de Louise-Marguerite de Lorraine-Guise (1577-1631), turbulente princesse de Conty à partir de 1605, célèbre pour son monnayage frauduleux en principauté de Château-Regnault ainsi que pour ses intrigues politiques, notamment contre Richelieu, qui la fit exiler en 1631 après la Journée des Dupes.

La benjamine, Marie de Clèves (1553-1574), reçoit le marquisat d’Isle (l’Isle-Adam proche de Pontoise). Elle épouse en 1572 Henri de Bourbon, prince de Condé, chef du parti protestant en France et meurt deux ans plus tard en couches.

1565 (2 et 4 mars) – Henriette de Clèves épouse Ludovic appelé également Louis, de Gonzague, prince de Mantoue en Italie, troisième fils du duc régnant de Mantoue, Frédéric II (1519-1540). Ludovic de Gonzague (1539-1595) a été, depuis 1549, élevé comme page à la cour du roi de France, ce qui l’a « francisé ». Henriette lui apporte ses possessions et les titres y afférents : duché de Nevers (Nivernais) comté de Rethel (Rethelois), pairie de France, principauté d’Arches-sur-Meuse.

1573 – Le comté de Rethel est érigé en duché. Cette décision royale sera confirmée en 1581.

figure 1

1575 (vers) – Une couronne d’acier ouverte, insérée dans une couronne d’or, qui sera produite en 1701 et 1708 comme preuve du caractère souverain de la principauté d’Arches, aurait été fabriquée vers 1575 à titre de justificatif des droits souverains de Ludovic de Gonzague et de son épouse Henriette de Clèves sur la principauté d’Arches (fig.1). À la même époque, leur beau-frère le duc de Guise, « le Balafré », rend le 12 avril 1575 une sentence générale des terres souveraines de Château-Regnault dans laquelle il affirme son droit de battre monnaie dans cette principauté. C’est également en 1575-1576 que la princesse Françoise de Bourbon, régente de la principauté protestante souveraine de Sedan, affirme les droits de la famille de La Marck, apparentée aux Clèves-La Marck de Rethel, Arches et Château-Regnault, comptant notamment le droit de battre monnaie dans la principauté de Sedan. Le 11 septembre 1577 elle donne une ordonnance souveraine prescrivant la frappe de monnaies (espèces de billon et de cuivre) au nom de son fils mineur (14 ans) Guillaume Robert de La Marck.

C’est donc dans la principauté de Sedan que débute le monnayage seigneurial ardennais dès 1577. Il faudra attendre 1607 pour que les Gonzague en fassent autant dans la principauté d’Arches et 1613 pour qu’il en soit de même dans la principauté de Château-Regnault. Dans ces deux dernières terres souveraines, le monnayage sedanais sert alors de référence et de modèle.

1581 – Le roi de France confirme l’érection du comté de Rethel en duché.

1588 – Après la mort du duc de Guise, dit « le Balafré », assassiné à Blois le 24 décembre 1588, le roi Henri III confie à Ludovic de Gonzague, duc de Nevers (Nivernais) et duc de Rethel (Rethelois), la charge prestigieuse de « gouverneur pour le roi » de la province de Champagne et de Brie. Ludovic demande et obtient du roi que cette charge soit accordée en survivance à son fils Charles de Gonzague de Clèves (1580-1637).

1595 (22-23 octobre) – Alors qu’il guerroie en Picardie contre les Espagnols en faveur de Henri IV, Ludovic de Gonzague tombe gravement malade et meurt à Nesle dans la nuit du 22 au 23 octobre 1595. Son fils Charles de Gonzague de Clèves lui succède dans sa charge de gouverneur de Champagne et de Brie ainsi que dans ses possessions territoriales (duchés, principautés, etc.) sous réserve des droits de sa mère Henriette de Clèves.

1598 (26 avril) – Lettres patentes du roi Henri IV données à la princesse Henriette de Clèves, duchesse de Nevers et duchesse de Rethel, confirmant ses droits souverains sur la principauté de Boisbelle en Berry, comportant notamment le droit de battre monnaie. Enregistrement par la Cour des aides le 26 septembre 1598.

1599 (23 février) – Contrat de mariage est signé devant les notaires de Soissons entre Charles de Gonzague de Clèves et Catherine de Lorraine (17 ans), fille de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, frère du « Balafré » et donc parente par alliance. Le mariage est célébré en la cathédrale de Soissons.

1601 (24 juin) – Mort de la princesse Henriette de Clèves, mère de Charles de Gonzague. Celui-ci devient alors définitivement duc de Nevers, duc de Rethel, prince souverain d’Arches, prince souverain de Boisbelle, pair de France.

1605 (31 août) – Après un tour d’Europe à partir de 1602 ainsi que la participation à des combats contre les Turcs en Hongrie, Charles de Gonzague vend à Maximilien de Béthune, marquis de Rosny, futur duc de Sully (1606) sa principauté de Boisbelle en Berry. En 1609, prenant exemple sur Charleville, Sully y fera construire une ville nouvelle, à l’image de Charleville, qu’il appellera Henrichemont en l’honneur de Henri IV. Il y battra monnaie après y avoir réaffirmé son droit de monnayage en 1613.

Cette vente du 31 août 1605 prouve qu’à cette date Charles de Gonzague ne pense pas à exercer ses droits de prince souverain possesseur d’une principauté. La création de Charleville ne figure pas alors dans ses projets.

1606 (mars-avril) – Ancien compagnon d’armes de Henri IV pendant les guerres de religion, le prince Henri de la Tour d’Auvergne, maréchal de France, prince souverain de Sedan portant le titre de duc de Bouillon, se rebelle contre le roi et se réfugie dans sa forteresse de Sedan, le plus grand château-fort d’Europe (35 000m²). Henri IV lève alors une armée dont il prend la tête, le commandement effectif étant confié à Sully, grand maître de l’artillerie assisté de Charles de Gonzague, gouverneur de Champagne et de Brie. Lorsqu’il arrive devant Sedan, Henri de la Tour d’Auvergne fait sa soumission, se souvenant sans doute qu’en 1604, deux ans plus tôt, Henri IV n’a pas hésité à faire trancher la tête du maréchal de Biron, autre de ses anciens compagnons d’armes entré également en rébellion contre lui.

1606 (6 mai) – Le jour de son anniversaire (26 ans), Charles de Gonzague, de retour de Sedan où il a accompagné Henri IV, annonce la construction d’une ville nouvelle dans sa principauté souveraine d’Arches où n’existe alors qu’un village.

Le prince ne donne aucune explication, aucune justification de sa décision. Il dispose pourtant de châteaux dans le duché de Rethel (Rethélois), à Mézières, à Rethel même, ainsi qu’une magnifique résidence à la Cassine, château que son père a fait construire en 1572. Les textes sont muets concernant les raisons de la décision de Charles de Gonzague. D’où l’hypothèse émise par certains auteurs d’un lien possible avec l’expédition de Sedan qui fit grand bruit à l’époque.

figure 2

1606 – Un jeton d’argent unique, aux caractéristiques d’un quart d’écu d’argent, est conservé depuis le XVIIe siècle dans la collection du Cabinet des médailles de la BnF. Il figurait déjà dans la collection de Louis XIV puisqu’il est répertorié dans l’inventaire de cette collection dressé en 1685-1686 (fig.2) : sans doute a-t-il été donné au roi de France Louis XIII ou à son frère Gaston d’Orléans, grand numismate, par Charles de Gonzague lui-même. Ce jeton est le seul témoin d’une fabrication monétaire en 1606 (date vérifiée). Il interpelle.

Ses motifs et ses légendes sont en effet insolites. À l’avers, on peut lire (en abrégé) : Charles de Gonzague duc de Nivernais et de Rethélois, prince souverain d’Arches, 1606 entourant une croix feuillue (cf. les quarts d’écu français de l’époque). Toutefois, cette croix est exceptionnellement très ornée, entre les 4 feuilles, de quatre fois 4 C (pour Charles). Le revers est encore plus insolite : l’écu aux armes de Charles de Gonzague est accosté de deux fois 2 C entrecroisés. Il est surmonté d’une couronne ducale accompagnée de la légende OLYMPOS (écrite en grec = Olympe) et, dans la couronne elle-même, est dessinée une colline (le Mont Olympe) au sommet de laquelle est érigé un petit autel qui divise la légende FIDES (foi). Cet écusson est entouré de la légende (en abrégé) : rosace PARCERE. SVBIECTIS. ET. DEBELLARE rosace SVPERBOS. Il s’agit d’un vers extrait de l’Enéide de Virgile (6,853), à savoir le discours où Anchise, que son fils Énée est venu consulter aux enfers, fixe la ligne de conduite que devront suivre Énée et ses descendants les Romains : « A toi romain de diriger les peuples sous ton empire […] et de donner des règles à la paix (vers 851-852) et d’épargner les soumis, ainsi que de dompter par la guerre les orgueilleux ». L’allusion à la récente expédition de Sedan est transparente.

On peut ainsi penser que la création de la ville nouvelle de Charleville en principauté d’Arches fut prise d’un commun accord entre Henri IV et Charles de Gonzague afin de créer, en face de Sedan la rebelle protestante, une principauté catholique fidèle au roi. Le jeton, peut-être gravé par Nicolas Briot, mal frappé (au marteau), serait alors commémoratif de l’annonce de la ville nouvelle. Le roi et le prince Charles auraient estimé conforme à la raison d’État le secret observé quant aux motifs de la création de la ville nouvelle.

1607 (22 septembre) – Création de la monnaie de la principauté d’Arches. Charles de Gonzague accorde un bail monétaire, sans doute de deux ou trois ans, au maître monnayeur Didier Briot qui est originaire de Damblain en Bassigny dans le duché de Bar. Didier Briot est assisté de son fils le célèbre graveur Nicolas Briot, déjà à l’époque tailleur général des monnaies de France. Ultérieurement, Nicolas Briot sera également graveur général des monnaies du duc de Lorraine à Nancy puis du roi d’Angleterre après 1625. Les Briot introduisent en principauté d’Arches la fabrication mécanique qui remplace l’antique fabrication manuelle au marteau et permet d’améliorer la qualité de la fabrication des monnaies.

Consulté en 1942 par E. Baudson aux Archives nationales (Minutier Central, étude Bontemps, LXXIII/266), ce document a aujourd’hui disparu avec la plupart des documents relatifs au second semestre de l’année 1607. Baudson le cite sans en communiquer le contenu.

figure 3

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1607 – Apparition des premières monnaies de la principauté d’Arches, frappées au nom et à l’effigie de Charles de Gonzague. Ce sont deux espèces de cuivre : liard-jeton imité du liard frappé dans les Pays-Bas espagnols et l’évêché de Liège (fig.3), double tournois imité du double tournois français (fig.4). Leur fabrication est parfois défectueuse, le réglage des machines laissant encore à désirer. Le liard-jeton montre au revers une légende de jeton plutôt que de monnaie : SIGNACVLVM. CORDIS rosette MEI rosette DEVS (Tu es Seigneur le sceau de mon cœur).

1608 (14 janvier) – Articles de Charles de Gonzague accordés à Didier Briot en complément du bail du 22 septembre 1607. Ces articles accordent d’importants pouvoirs à Briot ainsi que des privilèges pour lui-même et ses ouvriers (cf. texte dans C. N. 1989 n°99 pp.460-462 et Mazerolle 1902, tome II, pp.304-306, n°392).

1608 (23 avril) – Charles de Gonzague annonce que sa ville nouvelle, en cours de construction dans la principauté d’Arches, portera son nom c’est-à-dire Charleville (la ville de Charles). Choisi par le prince, l’architecte Clément Métezeau ordonne la ville autour d’une somptueuse place centrale, la place ducale, sœur jumelle de la place royale (aujourd’hui place des Vosges) construite à Paris par son frère aîné Louis Métezeau.

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1608 – Nantis de leur bail et des articles complémentaires de janvier 1608, les Briot saluent le « baptême » de la ville nouvelle (son appellation Charleville) par une magnifique production monétaire d’une rare qualité. C’est ainsi que sont créées en or la double pistole (fig.5) et la demi-pistole (fig.6) sur le modèle lorrain ainsi que peut-être la pistole qui n’a pas été retrouvée à ce jour mais qui est connue par les archives pour les millésimes 1610 et 1614. En argent est créé le quart d’écu sur le modèle du quart d’écu français (fig.7) ainsi qu’une pièce de bas-argent (billon) de 6 blancs appelée « 6 blancs de Nevers » (fig.8). En cuivre sont frappés le liard (fig.9) avec un portrait similaire à celui de la double pistole et dont certains exemplaires rarissimes sont signés NB (Nicolas Briot), ainsi que le double tournois (fig.10) avec un nouveau portait, accompagné du denier tournois (fig.11). On remarquera sur la couronne de la double pistole, de la demi-pistole et du quart d’écu, la présence du Mont Olympe surmonté d’un autel, emblème de Mantoue, qui figure sur les monnaies mantouanes à partir de 1530. Ce Mont Olympe est bien, en 1608, celui de Mantoue car ce n’est qu’en août 1611 que Charles de Gonzague achètera à sa cousine germaine Louise-Marguerite de Lorraine, princesse souveraine de Château-Regnault, épouse de François de Bourbon-Condé, prince de Conty, la colline dite du « Châtelet » située en face de Charleville, de l’autre côté de la Meuse. Charles de Gonzague la fortifiera et en fera son Mont Olympe de Charleville.

1609 – Poursuite de la fabrication du quart d’écu d’argent, de la pièce de 6 blancs et des trois espèces de cuivre.

1610 (14 février) – Charles de Gonzague, par acte notarié signé à Paris, accorde à Didier Briot, représenté par son fils Nicolas Briot qui signe en son nom, un nouveau bail monétaire pour une période de deux ans. On peut ainsi en déduire que le bail du 22 septembre 1607 (disparu des Archives nationales) complété par les articles du 14 janvier 1608, portait également sur une durée de deux ans. Ce nouveau bail prendra effet le 1er avril 1610 et prendra fin le 31 mars 1612. Didier Briot devra installer un hôtel des monnaies en un lieu commode de Charleville dans les immeubles que le prince de Gonzague y fait construire. Selon Alain Sartelet, cet hôtel des monnaies occupait « deux pavillons bâtis aux frais des communes de Chauny et d’Ay » qui correspondent aujourd’hui aux nos 45-47 et 49-51 de la rue du Moulin.

figure 12

figure 13

figure 14

1610 – Création d’une série de pièces d’argent au motif à l’aigle couronnée, imitée de l’Empire : pièce de XXX sols équivalant à 2/3 de thaler impérial (fig.12), XV sols (fig.13) et X sols (fig.14). Cette série sera ensuite imitée à Sedan par le duc de Bouillon. Extrêmement rare en 1610, la pièce de XXX sera frappée en quantité importante en 1611. Les divisionnaires de XV sols et X sols, extrêmement rares, ne sont connues qu’au millésime 1610.

1611 (30 août) – Par acte notarié dressé à Paris, Charles de Gonzague achète à sa cousine Louise-Marguerite de Lorraine la colline du « Chastelet » située en face de Charleville dans la principauté de Château-Regnault. Il la relie à Charleville par un pont jeté sur la Meuse, y construit une forteresse et l’appelle Mont Olympe, comme à Mantoue, sur lequel se dresse un autel. Le 3 octobre a lieu le bornage de cette propriété nouvellement acquise « place et mothe vulgairement appelée la place du chastelet assize et située sur la rivière de Meuse dans la dicte souveraineté de Chasteau Regnault ». On connaît un rare méreau du Mont Olympe au millésime 1639.

1611 (16 décembre) – À Fontainebleau, accompagné du prince de Condé, Charles de Gonzague rencontre Louis XIII et lui annonce qu’il a l’intention de modifier la légende de ses monnaies. Selon le médecin de Louis XIII, Jean Héroard, qui relate cette rencontre dans son Journal, Louis XIII répond que cela lui est égal pourvu que les monnaies de ce prince d’Arches-Charleville ne circulent pas en France. Jusqu’alors, Charles de Gonzague avait adopté la légende : « Charles de Gonzague, duc de Nivernais et de Rethélois, prince souverain d’Arches ». La nouvelle légende, qui apparaîtra en 1613, sera « Charles, duc de Nivernais et de Rethelois, par la grâce de Dieu, prince d’Arches ».

figure 15

1611 – Pour des raisons restées inconnues, Charles de Gonzague fait graver et frapper à ce millésime un thaler d’argent au buste, sans doute en frappe d’essai (fig.15), connu à un seul exemplaire. Les armoiries du prince montrent exceptionnellement un petit écu en cœur contenant un soleil, armes de Charleville, qui remplace un petit écu en cœur aux armes de Saxe. Le soleil de Charleville n’était alors connu que sur la série des monnaies de XXX, XV et X sols à l’aigle nées en 1610. On le retrouvera plus loin sur des monnaies de cuivre au buste du prince des années 1630. Rappelons que le Mont Olympe gravé dans la couronne ducale est accompagné du mot OLIMPOS écrit en grec et surmonté de FIDES (foi). Les Gonzague étaient en effet des champions de la cause catholique.

1612 (31 mars) – Fin du bail de Didier Briot, contrat qui n’est pas renouvelé (raisons inconnues). Le nouveau bail de la Monnaie de la principauté d’Arches est accordé à un maître orfèvre et graveur de Charleville, Nicolas Marteau. Ce dernier, associé à Pierre Esberard, sera ainsi maître (directeur) et graveur de la Monnaie de Charleville jusqu’à sa première fermeture en 1615. Marteau sera ensuite maître et graveur de la Monnaie du prince-évêque de Verdun, Charles de Lorraine-Chaligny, de 1619 à 1621, dans l’atelier de Mangiennes (Meuse). Dépossédés de la Monnaie de Charleville, les Briot se mettent alors au service du prince de Sedan, duc de Bouillon, où ils créent la pièce de XXX sols à l’aigle sedanais.

En raison du changement de titulaire à la direction de la Monnaie de Charleville, on ne connaît pas d’espèces frappées au millésime 1612 à l’exception de quelques liards de cuivre rarissimes.

figure 16

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figure 20

1613 – Nicolas Marteau, nouveau maître et graveur de la Monnaie de Charleville, fait frapper, avec la nouvelle titulature « Charles, duc de Nivernais1 et de Rethelois, par la grâce de Dieu prince d’Arches », la série des pièces d’argent à l’aigle : XXX sols (fig.16), XV sols (fig.17)2 et X sols (fig.18) ainsi que le liard (fig.19) et le double tournois de cuivre (fig.20). La frappe de la pièce de XXX sols ainsi que celle du liard du cuivre sont poursuivies en 1614. On connaît également, par les archives seulement, la frappe de la pistole en 1614.

figure 21

1614 – Comme les Briot l’avaient fait en 1611, Nicolas Marteau fait frapper en essai un thaler d’argent, exemplaire unique (fig.21). Les raisons de cette fabrication sont restées inconnues, on ignore si elles sont en rapport avec la convocation des États Généraux.

1614 (5 décembre) – Déclaration royale portant règlement général des monnaies. À l’exception de la double pistole et du quart d’écu de 1608, œuvre de Briot, ainsi que des thalers uniques de 1611 et 1614, toutes les monnaies de Charles de Gonzague en or, argent et cuivre, frappées à Charleville sont décriées : pistole, pièces à l’aigle, pièces de cuivre. Cette déclaration prend effet en janvier 1615 : elle entraîne la fermeture de la Monnaie de Charleville.

figure 22

1615 – Juste avant la fermeture de l’atelier de Charleville sont encore frappées des pièces de XXX sols à l’aigle dont on connaît un seul exemplaire (fig.22, collection Tissière n°2048).

1616 (19 décembre) – La Cour des monnaies de Paris rend un arrêt de décri des monnaies de billon et de cuivre d’Avignon, Orange, Sedan, Château-Regnault et Charleville, ces dernières monnaies étant appelées monnaies du « duc de Nevers ». Cet arrêt devient exécutoire en janvier 1617.

Entre 1615 et 1624 – L’atelier monétaire de Charleville est fermé après une dernière fabrication en 1615 de pièces de XXX sols d’argent à l’aigle ainsi que de liards. Ces pièces avaient été décriées le 5 décembre 1614 avec effet en janvier 1615. Ce décri royal est confirmé par la Cour des monnaies de Paris le 19 décembre 1616 avec effet en janvier 1617 pour les espèces de cuivre. Le maître de la Monnaie de Charleville, le graveur Nicolas Marteau, officie alors au service du prince-évêque de Verdun, de 1619 à 1621, dans son atelier monétaire de Mangiennes (Meuse).

Vers 1624-1625 – Une ordonnance monétaire du 25 novembre 1625 fait savoir que Charles de Gonzague de Clèves a passé un contrat (=bail) concernant le fonctionnement de sa monnaie de Charleville (Arches), préalablement à la signature de cette ordonnance. La date et le bénéficiaire de ce bail sont inconnus, le bail ayant pu être accordé en 1624 ou en 1625 (cf. le bail précédent de 1607 précisé en janvier 1608). Ce contrat (bail) n’a pas été retrouvé mais c’est peut-être celui qui fera l’objet d’une cession en 1628 (voir infra). Selon cette ordonnance, il autorisait la fabrication de ducats d’or ainsi que de pièces de 45 sols d’argent à 9 deniers de fin.

1625 (25 novembre) – L’ordonnance monétaire donnée ce jour par Charles de Gonzague de Clèves décrit les ducats d’or dont la frappe a été autorisée par le contrat (bail) évoqué ci-dessus. Ces ducats sont d’un côté aux armes de Charles de Gonzague ; de l’autre côté ils montrent soit un aigle à deux têtes soit un homme armé. Leur valeur est fixée à 4 livres tournois.

figure 23

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figure 28

Ces deux pièces ont été retrouvées, elles figurent dans les collections du Cabinet des médailles de la BnF : un exemplaire à l’aigle à deux têtes couronné (fig.23) et deux exemplaires à l’homme armé qui porte dans un cas un bouclier (fig.24), dans l’autre un soleil (fig.25). Il est vraisemblable que ce ducat à l’homme armé, dont le portrait est celui de Charles de Gonzague, et aux armes de ce prince au revers, a été précédé de la frappe d’un premier ducat, toujours à l’homme armé mais casqué, tenant un bouclier, le revers montrant un cartouche orné au nom de Charleville (fig.26). Ce ducat au cartouche est connu également par deux autres variétés : l’une avec également un homme armé casqué mais coiffé d’un morion qui lui masque entièrement le visage et au lieu de tenir un bouclier dans la main gauche, il tient un faisceau de flèches (fig.27) ; l’autre où l’homme armé, qui tient également un faisceau de flèches, est désormais tête nue (fig.28). On peut suivre ainsi l’évolution de la fabrication de ce ducat, de la tête casquée à la tête nue ressemblant au portrait de Charles de Gonzague et du motif au cartouche à celui des armoiries. La présence du cartouche et du faisceau de flèches montre que les ducats au cartouche et au faisceau de flèches sont des imitations des ducats hollandais des Provinces-Unies ; en revanche, les ducats aux armoiries sont spécifiques à Charleville.

En ce qui concerne la monnaie à l’aigle couronné à deux têtes, il semble bien qu’il ne s’agisse pas d’un ducat (malgré le texte de l’ordonnance) mais d’un écu d’or, les deux espèces étant très proches de poids et de titre. Par ailleurs, la pièce désignée comme étant de 45 sols d’argent à 9 deniers de fin semble bien être un patagon d’argent, lequel est connu au millésime 1627.

figure 29

Enfin, un douzain unique (fig.29), identifié grâce à ses armes et ses légendes comme faisant partie des fabrications des années 1624-1625, a été retrouvé en 2015 dans les collections du Cabinet des médailles de la BnF. Il convient de le rattacher au bail évoqué par l’ordonnance du 25 novembre 1625 qui est antérieur à cette ordonnance. De même convient-il de rattacher à ce bail non retrouvé l’escalin d’argent (billon) de 6 sols au lion connu au millésime 1627 selon Poey d’Avant (n°6138, collection de Crouy à Compiègne).

On remarquera, en dernier lieu, que l’ordonnance du 25 novembre 1625 est postérieure au bail accordé en février-mars 1625 par la princesse de Conty au maître et fermier de sa monnaie de Château-Regnault. En revanche, le bail carolopolitain visé par cette ordonnance est sans doute antérieur au bail castelreginaldien.

figure 30

1627 – Frappe du patagon de 45 sols (au lieu de 48 pour les Pays-Bas), 2 ex. connus selon De MEY. Exemplaire Henri Meyer (vente 1902, n°2101) non retrouvé3. Frappe du thaler de 55 sols (non millésimé), imité du thaler de Francfort (fig.30). Frappe de l’escalin au lion de 6 sols (Poey d’Avant n°6138).

1627 (25 décembre) – Mort à Mantoue de Vincent II, duc de Mantoue et de Montferrat, proche cousin de Charles de Gonzague et de Clèves. Ce dernier est son plus proche héritier. Dès qu’il apprend la nouvelle de la mort de son cousin, Charles de Gonzague se met en route pour l’Italie afin de prendre possession des duchés de Mantoue et de Montferrat.

1628 (17 juillet) – Le bail accordé à une date inconnue, à René Dumoustier, sieur du Puis, est transféré sur sa demande au marchand Jehan de la Noue, demeurant à Charleville, moyennant le paiement par quartiers de la somme de 500 livres par an. Ce nouveau contrat est signé à Charleville devant notaires en présence du procureur de Charles de Gonzague, Raoul Cauchon. La demande de la Noue était motivée par les absences de Du Moustier ainsi que par des difficultés d’écoulement de l’escalin de 6 sols (titre trop élevé).

figure 31

1628 – On connaît, à ce millésime, l’escalin au lion de 6 sols, connu également pour 1629, ainsi que la pièce de 3 sols (1 ex. retrouvé en 2014). Par ailleurs le thaler sans date imité du thaler de Francfort, frappé en 1627, montre désormais une légende avec « duc de Mantoue et de Montferrat ». Il est ainsi frappé en 1628 et peut-être les années suivantes (fig.31).

1628-1630 – L’empereur refuse de donner à Charles de Gonzague de Clèves son investiture pour les duchés de Mantoue et de Montferrat. Dès le 28 mars 1628 l’armée espagnole du Milanais met le siège devant Casale, capitale du Montferrat, les Espagnols étant les alliés de l’Empereur. Casale subira 3 sièges de 1628 à 1630, le dernier suscitant l’intervention de Mazarin au nom du pape. Mantoue sera assiégée à partir de 1629 et mise à sac en 1630. Charles de Gonzague est absent d’Arches-Charleville.

1628 (mai) – Des individus transportant des fausses monnaies dans les Pays-Bas espagnols, secteur des Ardennes irrigué par la rivière Semois, affluent de la Meuse, sont arrêtés à Orchimont. L’enquête révèle que ces fausses monnaies ont été frappées au lieu-dit La Vanette, dépendant des Hayons, au détriment d’un certain Lambert de Duras, seigneur des lieux dont Jean de la Noue est le maître et fermier de sa monnaie en même temps que de Charleville (cf. supra). Ce trafic de fausse monnaie est également pratiqué à La Tour-à-Glaire dans la principauté de Château-Regnault. Le graveur de la monnaie de cette principauté, qui est alors en même temps le graveur de la monnaie de Sedan, est impliqué dans ce trafic de fausse monnaie. Jean de la Noue est alors arrêté à la suite des faussaires d’Orchimont et malgré une offre de 4 000 écus présentée par le gouverneur de Mézières, La Chapelle, il aurait été pendu en vertu d’un jugement du 21 février 1629.

Cette exécution du maître et fermier de la monnaie de Charleville, Jean de la Noue, et les sièges mis en Italie devant Casal en Montferrat et Mantoue, expliquent l’arrêt de la fabrication monétaire à Charleville après 1629. Pour ce millésime, on ne connaît que l’escalin au lion mais peut-être que des thalers sans date, imités de ceux de Francfort, furent frappés au cours de cette année 1629.

1630-1634 – La monnaie de Charleville est alors en chômage. Il faut toutefois signaler, pendant cette période, la frappe de doubles tournois de cuivre à Sedan en 1632 et 1633 par le prince Frédéric-Maurice de la Tour d’Auvergne, prince souverain de Sedan portant le titre de duc de Bouillon ainsi que par la princesse Henriette de Lorraine en 1633 et 1634 dans sa principauté souveraine de Phalsbourg et Lixheim. La Cour des monnaies de Paris prononce alors des arrêts de décri de ces doubles tournois respectifs.

figure 32

figure 33

figure 34

1634 – À la suite de son voisin le prince de Sedan et de la princesse de Phalsbourg et Lixheim, Charles de Gonzague, devenu Charles Ier de Mantoue, fait frapper à son tour des doubles tournois de cuivre imités du double tournois français. Ses premiers doubles tournois montrent au revers les armes de France (3 lis) dont le troisième lis a été remplacé par un alérion (symbole de Mantoue) couronné. On distingue deux portraits du prince : au buste avec une grande collerette (fig.32) et au buste au col fraisé (fig.33). Les légendes sont écrites en français : Charles I duc de Mantoue souverain d’Arches et double tournois. Certains doubles tournois montrent une légende en latin : CAROLVS. GON. D. M. ET. PRIN. AR. (fig.34). Le portrait du prince et le motif aux deux lis accompagnés de l’alérion couronné sont inscrits dans un cercle perlé ou lisse.

figure 35

Dès 1634, sans doute en vue de prévenir une réaction hostile du roi de France, le motif du revers est modifié : les deux lis accompagnés de l’alérion couronné sont remplacés par les armes d’Alençon qui figurent dans le blason complet des Gonzague, à savoir trois lis entourés d’une bordure chargée de huit besants (fig.35). On connaît un petit nombre de ces doubles tournois avec la légende latine et le col fraisé, un exemplaire unique montrant en outre un petit soleil au revers. Les autres exemplaires sont au col fraisé ou au col plat avec la légende CHARLES. I. DVC. D. MANT. S. DAR.

figure 36

1635 – Le double tournois prend le nom de double de la Souveraineté d’Arches et un soleil est inscrit entre les trois lis des armes d’Alençon. Ce soleil est l’emblème de Charleville. Ces doubles de la souveraineté d’Arches sont frappés avec le buste à la fraise ou avec celui à la grande collerette (fig.36). On connaît un exemplaire à la fraise avec la légende latine.

figure 37

1636 – La légende double de la souveraineté d’Arches est remplacée par double de Charleville. Ce nouveau double est frappé avec les deux bustes, col fraisé et col de dentelle (fig.37).

1636 (4 juin) – Arrêt de la Cour des monnaies de Paris portant décri des doubles et deniers de cuivre frappés dans les villes et principautés de Sedan, Charleville, Cugnon, Henrichemont, Avignon, Orange et autres.

1636 – Dans le courant de l’année, le soleil de Charleville inclus dans les armes d’Alençon disparaît.

1637 – La frappe des « doubles de Charleville » sans le soleil inclus dans les armes d’Alençon est poursuivie. On assiste par ailleurs à la reprise de la légende double de la souveraineté d’Arches sur certains exemplaires.

1637 (24 avril) – La Cour des monnaies de Paris confirme son décri de l’année précédente prononcé à l’encontre de la fabrication des doubles, imités des doubles tournois français, frappés dans les villes d’Avignon, Dombes, Sedan, Charleville, Cugnon, Henrichemont et Stenay. Les doubles frappés à Stenay sont intitulés « doubles lorrains » ; ils sont fabriqués dans cette ville du Barrois, confisquée au duc de Lorraine, par le comte de Soissons, prince du sang, cousin de Louis XIII, gouverneur de Champagne et de Brie.

1637 (septembre) – Mort à Mantoue de Charles de Gonzague devenu dix ans plus tôt Charles Ier de Mantoue. Son petit-fils Charles II (1629-1665), alors âgé de huit ans, lui succède sous la régence de sa mère Marie de Gonzague. La régence dure pendant dix ans, de 1637 à 1647.

figure 38

1637 – À une date indéterminée de l’année, la fabrication des doubles reprend, au nom désormais de Charles II, avec la légende « double de la souveraineté d’Arches » et les armes d’Alençon sans le soleil. Ce double de Charles II est alors frappé de 1637 à 1641, en grande quantité en 1639 et 1640 (fig.38).

1638 (26 juillet) – La régente Marie de Gonzague accorde à Charles Malembée, bourgeois de Paris, un bail de 6 ans concernant la Monnaie de Charleville, commençant le 1er novembre 1638. Le bénéficiaire du bail pourra faire fabriquer les espèces suivantes : doubles de cuivre, liards de billon imités de ceux de Marie de Dombes, gros imités des gros de Lorraine, escalin de 6 patards au lion, pièces de 3 patards de billon rixdales de 55 sols d’argent, ducatons au buste de 60 sols, doubles pistoles et demi-pistoles en or, florins d’or.

De toutes ces espèces, seuls ont été retrouvés les escalins au millésime 1639 et les gros d’argent non millésimés imités des gros lorrains. Toutefois, les exemplaires retrouvés de ce gros, imité du gros lorrain, relèvent plutôt du règne de Charles Ier où ils sont habituellement classés (bail de 1628), que de celui de Charles II. En fait, ce bail de 1638 semble être le même que celui de 1628 compte tenu des espèces retrouvées frappées en 1628 (cf. supra). Il est possible qu’à partir de 1638 seuls les escalins de 6 sols aient été frappés.

figure 39

1639 – On connaît depuis 1862 (Poey d’Avant n°6178) l’escalin à ce millésime de la célèbre collection Jean Rousseau. Un autre exemplaire est conservé au British Museum de Londres ; il a été exposé en 1995 à Mantoue (Palais du Té, catalogue p.302, n°L15) (fig.39).

1641 – Bien que le bail de 1638 ait été accordé pour une durée de 6 ans, la régente Marie de Gonzague accorde le 23 octobre 1641 au sieur Artus de la Mine, bourgeois marchand de Charleville, un bail de 3 ans pour la fabrication des doubles et deniers tournois de cuivre. On constate un changement d’effigie en 1642 sur les doubles : peut-être est-il la conséquence de ce bail.

figure 40

1642 – Un nouveau portrait de Charles II apparaît sur les doubles frappés à ce millésime. Ce portrait est conservé en 1643 (fig.40)

1643 (5 août) – Arrêt du Conseil d’État du Roy confirmant un arrêt précédent du 25 juin sur le même sujet. La fabrication de l’ensemble des doubles royaux et seigneuriaux, notamment ceux de Sedan et de Charleville, devient interdite et les moulins et presses nécessaires à leur fabrication devront être rompus et démolis. La valeur des doubles en circulation est réduite à un denier. Cette décision royale met fin définitivement à la frappe de tous les doubles, tant royaux que seigneuriaux.

figure 41

1643 – Afin de ne pas perdre le stock de cuivre constitué en vue de la frappe des doubles désormais interdite, Charles II fait frapper des demi-liards de cuivre dits « gigots » imités de ceux frappés dans l’évêché voisin de Liège. Le « gigot » vaut alors un denier tournois et demi alors que la valeur du double a été ramenée à un denier. Le « gigot » est du même module que le double (fig.41).

figure 42

1646 – Après une interruption des émissions monétaires, de 1643 à 1646, suite à la destruction des moulins et des presses nécessaires à la frappe mécanique, Charles II reprend la frappe monétaire désormais assurée au marteau (frappe manuelle) jusqu’en 1650. Il fait ainsi frapper des escalins au lion à ce millésime ainsi que des douzains de billon non millésimés (dits « sols ») qui imitent le sol de 15 deniers français créé en 1641. Ces sols de Charleville sont décriés début 1647 (fig.42).

figure 43

1647 (17 janvier) – La Cour des monnaies de Paris rend un arrêt portant décri « d’espèces de sols de nouveau fabriqués en la principauté de Charleville ». Cette décision judiciaire est rendue exécutoire le 19 janvier.

figure 44

figure 45

1649 – On connaît à nouveau l’escalin de 6 sols au lion frappé à ce millésime (fig.43). On peut par ailleurs formuler l’hypothèse que le patagon non millésimé connu à quelques exemplaires a été également frappé en 1649. On connaît deux variétés de ce patagon rarissime publié pour la première fois par J. F. G. Meyer en 1849 dans la Revue belge de numismatique, vol. V. C’est vraisemblablement ce même patagon (avec deux C couronnés et la lettre E remplacée par un F) que l’on retrouve en 1878 dans la collection Regnault (n°482), puis dans la collection Hoffman en 1887 (n°577), en 1902 dans la collection du docteur Henri Meyer (n°2106) et enfin dans la collection du comte Magnaguti de Mantoue en 1957 (VII, n°894) et publiée à nouveau à Milan en 2002 (collection de la Banque Agricole de Mantoue, ancienne collection Magnaguti, n°88). C’est aussi apparemment ce même patagon apparu en 1849 qui est photographié dans Davenport, European Crowns 1600-1700, p.257, n°3841. On connaît également une variété de ce patagon, avec la légende correcte (E non remplacés par des F) et un motif floral couronné au lieu des deux C couronnés : cette variété est connue à trois exemplaires (BnF Cabinet des médailles, ancienne collection de Louis&nbs

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L'équipe cgb.fr
| 02/10/2023
Informations

MONNAIES ROYALES INÉDITES

LE LOUIS D’OR AUX ÉCUS OVALES ACCOLÉS, À LA TÊTE CEINTE D’UN BANDEAU DE LOUIS XV, FRAPPÉ EN 1747 À REIMS (S)

Monsieur Paul Samson nous a signalé début août dernier, un louis d’or frappé en 1747 à Reims, non retrouvé dans notre ouvrage consacré aux monnaies royales françaises et de la Révolution (1610-1794). Ce louis d’or est proposé sur le site internet de la maison Gadoury de Monaco. D’après nos recherches inédites en archives, ce sont 6 468 louis qui ont été frappés en 1747 à Reims pour un poids de 215 marcs 3 onces 20 deniers 15 grains et 14 exemplaires ont été mis en boîte. Ils ont été mis en circulation suite à cinq délivrances entre le 17 janvier et le 29 décembre 1747.

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Arnaud CLAIRAND

La date du décès d’Hélène fait débat : certains parlent de 328, le RIC retient 329, et d’autres tiennent pour le 18 août 330. Le lieu est aussi discuté : à Rome (sa résidence habituelle) ou à Nicomédie (entourée des siens). Son fils inaugura Constantinople le 11 mai 330 : nous pensons qu’il l’aura fait en compagnie de sa mère, et que celle-ci ne sera pas retournée à Rome avant sa mort. En effet, une rarissime folle - dont on ne connaît que deux exemplaires - fut émise pour elle à Constantinople, au droit anépigraphe et dont le revers présente Tyché assise sur un trône, tenant une corne d’abondance et un rameau, une proue de navire à ses pieds : cette représentation particulière de Tyché se voit aussi sur un médaillon constantinien d’inauguration de la ville, au droit anépigraphe également, réalisé dans le pur style des tétradrachmes du second siècle avant notre ère.

Hélène, Constantinople, RIC - (ex-coll. Ramskold, vente Leu 26 lot 5440)

Constantin I, médaillon, RIC 53 (vente Triton VIII lot 1249)

Le choix de Tyché pour cette dédicace rituelle de la ville tombait sous le sens dans ce monde oriental romain. Dans le mythe de la fondation de Byzance, Byzas aurait consacré Rhéa comme Tyché de la ville, les combinant toutes deux en une seule déesse dénommée Tyché Poliade. De façon plus générale, elle était la divinité de la Fortune, de la Prospérité et de la Destinée d’une cité. Il est intéressant de noter que la Tyché représentée sur ces deux témoignages numismatiques constantiniens est une synthèse de la Tyché Poliade (corne d’abondance) et de la Tyché d’Alexandrie (épi de maïs dans une main et proue de navire au pied) : peut-être Constantin aura-t-il ainsi voulu signifier que Constantinople devenait la capitale de l’Empire d’Orient, dépassant son statut antérieur de métropole provinciale.

Nous apprenons par le Chronicon Paschale, dont l’auteur du VIIe siècle puisa ses informations dans des sources antérieures (dont Eusèbe de Césarée), que Constantin aurait consacré la ville à Tyché au cours d’un sacrifice non sanglant et qu’il émit un décret stipulant que lors des célébrations marquant l’anniversaire des premiers jeux dans le nouvel hippodrome, une statue de bois qui le représentait tenant une statue de Tyché dans la main droite devrait y être amenée en grande pompe dans un chariot qui ferait un tour de piste et s’arrêterait devant la loge impériale, où l’empereur du moment devait se lever et lui rendre hommage.

Cette rarissime folle pour Hélène fut certainement émise au même moment que les émissions exceptionnelles d’inauguration de la ville. Nous retenons donc l’hypothèse de la présence d’Hélène à Constantinople en mai 330 et de son décès trois mois après au palais impérial de Nicomédie, mais toute autre date ou lieu ne modifierait en rien le raisonnement qui suit.

Constantin n’élèvera pas sa mère au rang de diva, en dépit des liens qui semblent l’avoir lié à elle. A-t-elle voulu s’inscrire en rupture avec cette tradition païenne romaine, considérant qu’une chrétienne ne peut prétendre à la déification ? La conséquence en est qu’aucune monnaie de consécration à son effigie ne semble avoir été émise. Il faudra attendre 337 pour qu’une monnaie de restitution PAX PVBLICA soit émise par ses petits-fils.

SÉRIES « PORTE DE CAMP » PROVIDENTIAE ET VIRTVS AVGG : POURQUOI DEUX G ?

En septembre 324, à la suite de sa défaite militaire contre Constantin, Licinius doit abandonner le pouvoir. Il perd son statut d’Auguste, son fils Licinius II perd son titre de césar, et tous deux sont envoyés comme simples particuliers à Thessalonique, où ils seront assassinés peu après. Demeurant seul Auguste pour la première fois depuis la tétrarchie, Constantin fait alors émettre de 324 à 330 dans tout l’empire le fameux type « porte de camp », que Licinius avait fait frapper dans le seul atelier d’Héraclée de 316 à 320, avec deux légendes : PROVIDENTIAE AVGG et VIRTVS AVGG.

Pourquoi Constantin fait-il inscrire sur ces revers « AVGG » alors qu’il est l’unique Auguste de l’empire ? La seule explication plausible nous semble être qu’il y associe l’Augusta senior Hélène, dans la même période où il honore les deux Augusta par des émissions qui leur sont consacrées. On notera d’ailleurs un indice numismatique de la préséance d’Hélène sur Fausta par l’absence de bustes diadémés pour cette dernière (hormis quelques exemplaires à Thessalonique où le buste d’Hélène est associé à la titulature de Fausta). Les deux G demeurent présents au revers de 326 à 330, bien après le décès de Fausta. Il se peut toutefois qu’il ait associé les deux princesses sous un seul et même G qui aurait symbolisé un pluriel sans précision de nombre, de même que CAESS concernait ses trois fils.

L’association Auguste / Augusta par « AVGG » dans une légende (en l’absence d’un second auguste) a des précédents sur des monnaies émises alors qu’un seul auguste « mâle » régnait : on la trouve sans surprise sur les CONCORDIA AVGG pour Julia Paula (RIC 216), Julia Mamaea (RIC 330), Orbiana (RIC 319 et 320), Tranquillina (RIC 249, 250, 252, 340a et b) et Severina (RIC 3, 16 et 17).

De même pour les types CONCORDIA AVGG (RIC 119, 125) et PIETAS AVGG (RIC 120 à 122) d’Otacilia Severa émis de 244 à 246, avant l’élévation de son fils Philippe II au rang de second auguste en 248 (lors des jeux séculaires). De façon plus spectaculaire, l’usurpateur Regalianus éleva son épouse Dryantilla au rang d’Augusta pour asseoir sa légitimité pendant son très éphémère règne, émettant des monnaies aux revers CONCORDIA AVGG, LIBERALITAS AVGG, LIBERTAS AVGG, ORIENS AVGG et PROVIDENTIA AVGG pour lui, AEQUITAS AVGG, PROVIDENTIA AVGG et III COS PENTIA AVGG pour elle !

Cette émission porte de camp connaît sept phases à Arles. L’avant-dernière introduit de façon abrégée en exergue la nouvelle appellation d’Arles, CONSTANTIA (RIC 318). La dernière, frappée en 329 (selon le RIC), comporte les lettres T-F dans le champ (RIC 325 et 336). Hormis ces lettres de champ, elle diffère également des précédentes par le fait qu’elle ne mobilise que deux officines pour le prince, Hélène et les césars, contre quatre auparavant. Elle débute avec le buste diadémé (perles) lancé en 327 dans l’antépénultième phase (RIC 310), en rupture avec le traditionnel buste lauré :

RIC 325, AMA 486 (Roma Numismatics, E-sale 88 lot 1414)

Puis un tout nouveau buste est très vite introduit dans une seconde sous-phase, qui sera repris dans la série ultérieure GLORIA EXERCITVS : le buste est cuirassé et drapé, le diadème perles est remplacé par un diadème lauriers/rosettes.

Ce buste très élégant, plus doux et probablement assez éloigné de la physionomie réelle du prince, avait été créé l’année précédente à Constantinople pour la superbe série CONSTANTINIANA DAFNE :

RIC 35, Constantinople (coll. OG)

RIC 326, AMA 487 (coll. OG)

Dans cette dernière phase T-F, la production de l’officine S est nettement inférieure à celle de la 1re officine. Le recensement de Ferrando pour l’ensemble des 4 personnages donne 132 exemplaires pour la 1re officine (14 références) contre 38 pour la 2nde (6 références). Pour le seul Constantin I, on a 66 ex. de l’officine P (7 références) pour seulement 6 exemplaires de l’officine S (une seule référence). La seconde officine n’a pas émis le type T-F VIRTVS AVGG : elle aura donc été mise en sommeil au cours de la dernière émission « porte de camp ».

AVGG PERD UN G EN FIN D’ÉMISSION ARLÉSIENNE !

Dans la dernière sous-phase, une singulière variante apparaît dans la seule officine P, où la légende « perd » un G :

Arles, RIC -, AMA 489, PROVIDENTIAE AVG (coll. OG)

Arles, RIC -, AMA 512, VIRTVS AVG (vente CGB 23/10/2008)

Cette variante AVG apparaît cinq fois plus rare que la variante AVGG d’après les 101 exemplaires PROVIDENTIAE ou VIRTVS off. P examinés par Ph. Ferrando ou enregistrés dans la base nummus-bible II (constituée postérieurement à l’édition de l’A.M.A. de Ferrando) :

Ce tableau peut comporter quelques doublons entre les recensements de Ferrando et de la base nummus-bible II, mais ceci n’affecte probablement pas le rapport de rareté relative des deux variantes. En revanche, le rapport des productions est en réalité probablement plus en faveur de la variante AVGG, dans la mesure où les collections tendent à sur-représenter les variantes rares.

Les exemplaires AVG présentent une variété de coins de revers qui exclut l’hypothèse d’une double erreur de graveur (sur chacun des types PROVIDENTIAE et VIRTVS). Il convient donc d’en déduire que la disparition de ce 2nd G correspond à une décision officielle, excluant toute initiative de graveur.

On observe par ailleurs – d’après les 13 exemplaires photographiés dans la base nummus-bible II – que ces monnaies AVG ont guère circulé et que leurs coins étaient souvent frais. Ceci nous conduit à conclure :

- qu’elles ont été produites en toute fin d’émission. Les séries « porte de camp » furent remplacées par des séries de célébration (VRBS ROMA et CONSTANTINOPOLIS) et GLORIA EXERCITVS d’un poids réduit de 20% : ceci aura provoqué un retrait officiel massif et une rapide thésaurisation des « porte de camp » avant qu’elles n’aient beaucoup circulé, ce qui est particulièrement visible sur les AVG ;

- qu’une proportion significative des coins de l’émission AVG n’ont pas été utilisés jusqu’à usure, ce qui atteste d’une courte série.

SERAIT-CE LA SEULE TRACE NUMISMATIQUE DU DÉCÈS D’HÉLÈNE ?

Le décès d’Hélène intervient au cours de cette phase T-F. Nous suggérons donc que le double G associait le prince et l’Augusta senior dans ces légendes et que la disparition du 2nd G serait directement liée à ce décès.

L’absence de la 2nde officine dans cette variante AVG pourrait d’ailleurs s’expliquer par sa mise en sommeil dans l’attente de la série suivante, l’émission du type SECVRITAS pour Hélène étant arrivée à son terme du fait de la disparition de l’Augusta. La production de la variante AVG serait donc à situer dans une période transitoire de quelques mois séparant le décès d’Hélène de la première émission du nouveau type GLORIA EXERCITVS (datée de 330 par le RIC), la seule officine P étant alors en activité. Si Hélène est décédée en août 330, cette variante aura donc été produite au 3e trimestre de 330, les monnaies de célébration et GLORIA EXERCITVS apparaissant au dernier trimestre.

Singulièrement, les autres ateliers de l’empire ne modifieront pas la légende des types « porte de camp » en fin d’émission : ils maintiennent AVGG jusqu’au bout. L’atelier arlésien aura-t-il achevé cette émission quelque temps après les autres ateliers, de sorte qu’il aura pu corriger la légende de ses derniers coins ? On sait que les émissions du IVe siècle ne suivaient pas un calendrier précis, mais collaient au besoin local en numéraire.

Cette « disparition » du second G du fait du décès de l’un des conjoints impériaux eut un important précédent lors de l’interrègne assumé par Séverine en 275 : sur le type CONCORDIA émis de 270 à 274, le revers des monnaies affiche AVG car Séverine n’est pas encore élevée au rang d’Augusta. Après son élévation, Séverine apparaît au droit de monnaies, dont la légende de revers devient CONCORDIA AVGG. Enfin, lors de l’émission 7 d’Antioche consacrée à la seule Séverine (après le décès d’Aurélien), la légende de droit intègre les épiclèses P(ia) F(elix) – inhabituels pour une impératrice - et la légende de revers redevient CONCORDIA AVG, tandis que le personnage masculin a perdu ses attributs impériaux et que le personnage de Concordia voilée est remplacé par l’image de Séverine non voilée (1).

AVG : 270-274 (CGB n°brm_793069)

AVGG : 274-275 (vente H.D. Rauch n°88 lot 590)

AVG : fin 275 (université d’Eichstaett-Ingolstadt)

Cette rare variante AVG des émissions arlésiennes « porte de camp » nous semble donc porter la trace du décès d’Hélène en août 330 : de ce fait, elle revêt un intérêt historique certain.

Olivier GUYONNET

(1) Sylviane Estiot, Monnaies de l’Empire romain. XII.1 – D’Aurélien à Florien (270-276 après J.-C.), p. 123.

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| 29/09/2023
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Pauline BRILLANT
| 29/09/2023
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160 monnaies antiques en ligne

Bonjour, 

Découvrez aujourd'hui une sélection de 160 monnaies antiques : grecques, romaines et byzantines.

Les prix varient de 15 à 4 500 euros.

Cliquez ici pour accéder aux monnaies grecques

Cliquez ici pour accéder aux monnaies romaines

Cliquez ici pour accéder aux monnaies byzantines

 

Bonne journée avec Cgb.fr

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Marie BRILLANT

Frédéric Droulers est décédé le 25 juillet 2023 à La Rochelle. Il était né le 23 juillet 1943 à Amiens et disait avoir souffert dans cette ville bombardée des pénuries de la guerre, mais avait eu néanmoins une enfance heureuse jusqu’au 7 octobre 1949 où son père Xavier, jeune industriel dans une affaire familiale de textile, décédait d’un accident de voiture sur une route de l’Oise. Il s’en était suivi pour lui le sentiment qui ne le quittera plus d’un rôle qu’il devait assumer de soutien de famille, mais aussi un sentiment de déclassement par rapport à sa famille paternelle aisée ; enfin un sentiment d’abandon quand, à l’instar de ses frère et sœurs, il avait dû quitter Amiens en 1953 pour intégrer des pensionnats religieux successifs et ne plus voir sa mère qu’à l’occasion des grandes vacances. C’est cependant là que faute d’autres distractions, il commença à collectionner des timbres, y acquit le goût du classement, et s’intéressa à la gravure. Par ascendance familiale, il aimait déjà l’histoire et la géographie.

En 1958 leur mère Mary réussissait à reprendre ses enfants devenus adolescents en s’installant dans une petite maison à rénover dans la campagne des Maures. Brève retrouvaille d’une vie familiale, avec une échappée d’un an dans une famille à San Francisco, où Frédéric avait pu partir comme boursier de l’American Field Service. Son frère Daniel obtint la même bourse l’année suivante pour aller vivre à Houston. Ayant auparavant passé tous ses étés en Irlande pour apprendre l’anglais, il a pu par la suite entreprendre d’autres voyages qui le mèneront à travers l’Europe et vers la Russie, l’Iran et l’Afghanistan. C’est en Europe de l’Est qu’il rencontra des numismates qui l’initièrent aux monnaies anciennes, à leur achat et leur vente.

Mais en 1961 cette vie pleine d’espoir avait été brisée, surtout pour leur mère, par le décès accidentel de l’homme dont elle espérait partager la vie et qui déjà la soutenait financièrement pour cette installation dans le Midi. Les trois aînés partirent successivement à Paris pour leurs études. Mais cela ne réussissait pas suffisamment à Frédéric, qui rejoignit sa mère, installée à Aix-en Provence, pour y intégrer l’Institut d’Études Politiques, à défaut de l’École nationale d’administration dont elle rêvait pour lui – exigence pesante. Frédéric n’avait qu’une hâte maintenant, entrer dans la vie active. Il retourna à Paris et commença à travailler dans le milieu de la bourse. Parallèlement il écrivait des articles financiers et monétaires pour une revue spécialisée. Visitant les marchands parisiens dans les années 1970-1975, il s’était aperçu du vide, dans leurs catalogues, de références aux monnaies royales. Il s’est mis à fréquenter assidûment les Archives nationales, le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France, puis la Monnaie de Paris. A commencé alors pour lui une vie épuisante de recherches, qui l’ont conduit également dans les dépôts d’archives de province. Sa rencontre en 1976 avec Victor Gadoury a été déterminante. Ils ont lancé ensemble le premier catalogue concernant les monnaies royales. Même si cela l’affectait, il devait accepter par la suite que le nom de son confrère figure seul, ou soit cité ainsi (« le Gadoury ») et que le sien vienne en second ! Sans développer ici la suite de sa carrière, et lister toute sa bibliographie, nous voulons en cette triste occasion d’une nécrologie, souligner comme la vie de Frédéric Droulers fut austère de par le sujet même, et difficile, dans un milieu où s’exercent des rivalités, pour ne pas dire parfois des malveillances. Produire des éditions est un lourd labeur, plein d’incertitudes, que ne libère pas la sortie de l’ouvrage, car il faut encore le vendre et que la critique ne vous torture pas !

Frédéric a eu des amis fidèles avec lesquels il avait fait les quatre cents coups dans sa jeunesse, et aussi des amours comme des déceptions amoureuses, mais il était resté célibataire et ne s’était pas imaginé avoir des enfants, même s’il a pu le regretter plus tard. Il aimait s’entourer de beaux objets, et s’habiller élégamment. Mais au milieu de sa vie il avait commencé à souffrir de troubles nerveux, qu’il appelait « spasmophilie », puis de périodes de dépression devenant plus longues. En 2007 il avait quitté Paris, certains jours à regret, pour s’établir à La Rochelle. C’est dans son appartement du quartier des Minimes qu’il était venu à bout, en 2012, de la 5e édition de son œuvre maîtresse, le Répertoire général des monnaies de Louis XIII à Louis XVI (1610-1793). Il avait dû intégrer ensuite un EHPAD afin d’avoir un entourage qui s’occupe de lui. Il continuait à faire des recherches sur tous les sujets qui lui tenaient à cœur ou qui étaient d’actualité, comme ce terrible Covid, et rédiger des notes dont il aurait voulu que certaines soient publiées. Mais son écriture devenant illisible, même pour lui, il avait dû abandonner cette activité, et peu à peu, dans cette tristesse d’une vieillesse prématurée, tout abandonner.

Frédéric Droulers a marqué la numismatique française en mettant en avant les archives monétaires et en proposant un classement des monnaies par types, ensuite déclinés par millésimes et ateliers, n’hésitant pas à commenter les différents de maître ou de graveur observés sur une monnaie. Critiqué pour ses informations parfois erronées, pouvait-il rédiger une telle œuvre sans erreurs ? Il est utile de remettre dans son contexte les recherches de Frédéric Droulers. Durant les années 1970 et 1980, les photographies numériques, les tableurs de calcul n’existaient pas. Le travail de dépouillement se faisait à la main. Le chercheur disposait devant lui de son paquet d’archives, et notait les informations recueillies sur des feuilles de papier à l’aide d’un crayon à papier. Peu de personnes peuvent imaginer le temps qu’il lui a fallu pour dépouiller l’ensemble des registres des délivrances de tous les ateliers monétaires français de l’Ancien Régime, passer des centaines de jours à additionner des chiffres, les compiler... Personnellement, j’estime y avoir passé 25 ans pour les seules productions de la période 1610-1794, et encore avec des outils numériques et des bases de données. Alors oui, il y a certes des erreurs au sein du travail de Frédéric Droulers, mais personne n’aurait été en capacité de faire ce travail correctement avant le développement de l’informatique. D’ailleurs, l’ouvrage de Jean Lafaurie et Pierre Prieur sur cette période n’a jamais vu le jour. Frédéric a su tracer une voie qui a été reprise par de nombreux numismates. Il n’aimait pas que l’on dise de lui qu’il était un pionnier. Il l’a été au regard des générations actuelles, mais les travaux actuels auraient-ils la même force, s’il n’avait pas fait ce travail ? Dans chaque ouvrage numismatique consacré à la numismatique royale française de l’Ancien Régime, il y a et il y aura du Frédéric Droulers. Même si j’ai souvent relevé certaines de ces erreurs, il m’a grandement inspiré pour mes travaux. Ironie du sort, je comptais lui apporter l’ouvrage sur les Monnaies royales françaises et de la Révolution (1610-1794) à sa sortie, mais il était inhumé à l’heure même où les dernières corrections étaient apportées. C’est comme s’il y avait eu une transmission, un relais. De par son format et la couleur de la couverture, ma première impression fut de me dire que mon ouvrage ressemblait étrangement au premier Répertoire de Frédéric Droulers publié en 1987…

De par nos nombreux échanges, Frédéric Droulers savait que j’étais en capacité de comprendre son travail et d’estimer tout le temps qu’il avait consacré à la recherche en numismatique. Ainsi, il y a quelques années, il m’avait cédé ses droits sur son Répertoire, les trois volumes de son Encyclopédie et de son inventaire des trésors monétaires de l’Ancien Régime. À cette occasion j’avais pu lui racheter sa bibliothèque de travail ainsi que ses dépouillements en archives. J’ai pu consulter ces derniers, observer comment il avait travaillé. Ces dépouillements ne m’ont pas été utiles, car à ce moment, j’avais déjà pu analyser l’ensemble des documents qu’il avait passé tant d’années à parcourir. Pour le moment, je garde précieusement ces documents chez moi, à Poitiers, dans une malle métallique, peut-être en vue d’un classement, avant d’en faire don à une institution, pour qui voudra s’intéresser à son travail de recherche.

Article rédigé en partie avec les informations aimablement fournies par sa sœur Patricia, que nous remercions vivement.

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L'équipe cgb.fr

Sur chacune de ses faces, la pièce de 20 francs or Marianne Coq est bordée par un listel constitué d’oves séparés par un motif fait de trois dards (un dard central vertical flanqué de deux dards latéraux courbes).

Sur l’avers de la pièce qui affiche Marianne, le listel comporte 49 oves tous semblables les uns aux autres.

Par contre, sur le revers orné du coq, il n’y en a que 48.

Détail supplémentaire intrigant : ces 48 oves ne sont pas identiques. En effet, l’un d’entre eux est remarquablement plus petit que les 47 autres, d’un facteur d’ordre 2 à 3. Il s’agit de l’ove n°31 (pour la numérotation, on attribue arbitrairement le numéro 1 à celui situé exactement au-dessus du I de EGALITE, et on incrémente dans le sens horaire) :

Il y a probablement une bonne raison à cette importante différence de taille mais la littérature spécialisée est muette à ce sujet. Peut-être la nécessité de laisser assez de place pour permettre une gravure suffisamment fine des griffes de la patte droite du coq ?

On note que cette particularité de l’ove n°31 est présente sur toutes les pièces de 20 francs Marianne Coq, depuis 1899 jusqu’à 1914.

On l’observe même sur des faux d’époque non chinois (russes, italiennes, libanaises…).

En fait, même s’il existe quelques rares faux d’époque non chinois eux aussi concernés, la grande majorité des pièces sur lesquelles on ne l’observe pas sont des contrefaçons modernes d’origine chinoise. En outre, sur ces faux, le listel des faces avers et revers comporte le même nombre d’oves : tantôt 48, tantôt 49 (selon l’atelier de contrefaçon) !

Il suffit d’aller faire un tour sur l’un de ces sites pour le constater :

 

Avec ces deux particularités (même nombre d’oves sur les deux faces et surtout ove 31 face Coq de taille non réduite), on tient sans doute là un bon moyen supplémentaire de repérer les contrefaçons modernes de ce pays.

Toujours au sujet de ces contrefaçons, et ce n’est pas accessoire, on voit souvent écrit qu’elles seraient fabriquées par moulage à partir d’une pièce originale authentique, d’où la reproduction des mêmes rayures et diverses imperfections sur toutes les copies. Mais si on admet cette hypothèse, pourquoi l’ove 31 n’est-il pas lui aussi reproduit à l’identique de la pièce originale ? Et pourquoi y a-t-il le même nombre d’oves sur les deux faces de la pièce ?

Tout cela suggère que le mode de fabrication des copies n’est pas uniquement et simplement un moulage. Il y a sans doute autre chose.

Reste à déterminer quel autre procédé technique est utilisé : combinaison d’un moulage pour le centre de la pièce et d’une pseudo-gravure pour le listel ? Utilisation pour le moulage de flans préalablement pseudo-gravés d’un même listel générique « parfait » ?

CONCLUSION

Le listel des 20 francs or Marianne Coq est différent pour les deux faces de la pièce : il comporte 49 oves pour l’avers et seulement 48 pour le revers.

En outre, le listel du revers présente une particularité intrigante : l’ove n°31 est nettement plus petit que tous les autres, d’un facteur environ 2 à 3.

La littérature spécialisée consultée est muette à ce sujet.

On peut avancer l’hypothèse d’un acte délibéré du graveur (Patey ou Chaplain ?) afin que la gravure des griffes de la patte droite du coq soit suffisamment fine et correctement rendue.

Cette hypothèse est cependant mise à mal par l’examen des contrefaçons modernes d’origine chinoise : l’ove n°31 y apparaît en effet de même taille que les autres, ce qui n’empêche pas un affichage presque normal des griffes du coq, la finesse de la gravure en moins bien entendu.

Accessoirement, le listel des faux modernes d’origine chinoise :

- comporte le même nombre d’oves sur les deux faces de la pièce (48 ou 49 selon l’atelier de contrefaçon) ;

- la taille de l’ove 31 du listel du revers est identique à celle des autres.

Ces deux dernières constatations impliquent que le procédé de copie utilisé ne peut pas se résumer à un simple moulage à partir d’une pièce originale authentique… Alors, quel procédé technique utilisent vraiment les contrefacteurs chinois ?

Jean-Luc GRIPPARI

 

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| 29/09/2023
Informations

MONNAIES ROYALES INÉDITES

LE DOUBLE LOUIS D’OR À L’ÉCU DE LOUIS XIV,  FRAPPÉ SUR FLAN RÉFORMÉ EN 1691 À LYON (D)

Dans la prochaine vente de Nicolas Gimbert, Monnaies de Collection de Monaco, des 12-13 octobre 2023, est présenté sous le n° 1621, un double louis d’or à l’écu de Louis XIV, frappé sur flan réformé en 1691 à Lyon (D). Ce double louis d’or est signalé à partir des archives mais non retrouvé dans l’ouvrage Monnaies royales françaises et de la Révolution (1610-1794). Depuis 1690, par erreur, les juges-gardes de la Monnaie de Lyon avaient constitué des boîtes pour les espèces réformées. Le 1er février 1691, le procureur du roi fit cesser l'emboîtage des deniers de réformation. Les trois exemplaires alors emboîtés par erreur ont été remis aux monnayeurs. Le chiffre de frappe est de 12 178 exemplaires. Ces monnaies furent mises en circulation suite à 12 délivrances entre le 26 janvier et le 14 décembre 1691 (AD Rhône, 6B 17).

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Arnaud CLAIRAND
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