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Une semaine, une médaille ! - N° 4.

| 26/09/2016
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Il est aisé de parler des grandes et prestigieuses médailles ; ces médailles au portrait d'un illustre personnage, en or ou en argent, commémorant un événement bien particulier qui demeure dans la mémoire collective, largement renseigné par les archives et considéré comme faisant partie de l'Histoire.... mais qu'en est-il des petites médailles, ces objets de la vie quotidienne, difficiles à rapprocher d'un personnage précis, d'un endroit, ou même d'une époque ? Pourrait-on en faire le sujet de notre rubrique "Une semaine, une médaille" ?
C'est le cas aujourd'hui avec une catégorie d'objet assez mal connus, parfois classés en objets d'Art et traditions populaires ; les plaque de métiers et plus particulièrement les médailles de Portefaix. Mais d'ailleurs s'agit-il vraiment de médailles ? Le site du Monde, sous la rubrique "Que signifie médaille ?" reprend, parmi d'autres, cette définition ; "Plaque de métal numérotée que portent à Paris les portefaix, colporteurs, etc." Notons d'ailleurs que ce phénomène n'est pas exclusif à Paris !

Médaille de Portefaix numérotée 609 - fme_369954

Selon le catalogue d'exposition « Arrêt(és) à Alès : Petit aperçu de la vie des administrés au XIXe siècle », au sujet de l'arrêté réglant la profession de portefaix, du 28 septembre 1855, le terme "portefaix" (la définition remonterait à 1271) est constitué de "porte" et de "faix", c'est en fait "celui qui fait métier de porter des fardeaux". Il est parfois aussi désigné sous le nom de "crocheteur" car il décharge et porte les faix ou fardeaux, sur et avec des crochets, ou encore de "commissionnaire" étant chargé de faire les commissions d'autrui et, particulièrement, de porter les messages et les bagages. Il se tient ordinairement au coin des rues. Métier peu qualifié et pénible, il peut être considéré comme l'ancêtre du manutentionnaire, ou du docker dans les villes portuaires. Profession réglementée par l'Autorité Municipale elle nécessite notamment une déclaration auprès du commissaire de Police donnant droit à l'attribution d'une médaille, preuve de l'autorisation d'exercer. Celle-ci comporte en général les armes de la ville ainsi que le nom et le numéro d'ordre du détenteur. Ce contrôle strict est destiné à éloigner les porteurs indélicats et peu recommandables, sa délivrance par l'Autorité Municipale étant un gage de bonne vie et de mœurs honnêtes . Le salaire est en général calculé sur la base d'un forfait de transport de marchandises.

Plaque de Syndic des Porte-Faix de Dijon (Vente O.G.N.)

Si les textes de loi ou arrêtés régissant cette profession ne manquent pas, les médailles qui sont si largement citées sont quant à elles rarissimes. Il semble pourtant que partout où ce métier est réglementé, celui qui l'exerce devait porter une plaque ou une médaille. Et cette obligation est stipulée dans divers arrêtés nationaux ou régionaux. L'usage strict réservé à ces médailles et leur contrôle par l'administration permets de mieux comprendre pourquoi ces médailles ne traînent pas au fond des boîtes à boutons de nos grand-mères ! Leur usage et leur destination était très réglementés, semble-t-il quelque soit l'époque et l'endroit.

Être portefaix en AlgérieArrêtés des 19-23 Mai 1843 concernant la colonie. Arrêté du gouverneur général qui déclare le libre exercice de la profession de portefaix en les soumettant toutefois à un règlement uniforme.
Article 5. Chaque portefaix recevra, avec l'autorisation d'exercer, un livret et une plaque en fer-blanc. Celle-ci sera portée ostensiblement et de manière qu'il soit toujours facile d'en prendre le numéro.
Article 7. La médaille portera les initiales des prénoms et le nom du portefaix, le numéro d'enregistrement, et, s'il y a lieu, l'indication particulière du lieu de stationnement.
Article 8. Le prix de la plaque et du livret est fixé à 5 fr.
Article 9. Le livret et la plaque ne pourront, sous aucun prétexte, être prêtés ni échangés.
Article 13. Tout portefaix qui renoncera à son état ou quittera, même temporairement, le ressort du commissariat, déposera son livret et sa médaille audit commissariat.

Médaille de Portefaix de la ville de Chartres (Vente I-numis 26, n° 1207)

Être portefaix à Monaco ; Arrêté municipal du 21/02/1939 concernant les commissionnaires, portefaix, pisteurs, etc
Article 2 .- Chaque commissionnaire ou portefaix qui aura été autorisé recevra par les soins de la municipalité une médaille d'un type déterminé, indiquant le numéro sous lequel il est inscrit et qu'il devra toujours porter ostensiblement. Le prix de cette médaille est à sa charge.
Article 3 .- (...) La médaille délivrée par la mairie sera suspendue à hauteur du sein gauche par un bouton. Elle devra être restituée à la mairie lorsque le commissionnaire cessera d'exercer, quel qu'en soit le motif. Il est interdit aux commissionnaires et portefaix de vendre ou engager leur médaille.
Article 4 .- Cette médaille sera retirée à ceux qui exigeront des voyageurs une rétribution supérieure à celle fixée par le tarif annexé au présent arrêté et approuvé par le ministre d'État, qui manqueraient d'égard envers les personnes qui les emploient, qui se querelleraient, se battraient entre eux ou causeraient du scandale sur la voie publique, qui commettraient une action contraire à la probité, et ce, indépendamment des peines prévues par la loi.
Procès-verbal de contravention sera dressé contre tout individu qui fera usage d'une médaille contrefaite ou qui ne lui appartiendrait pas, et des poursuites seront dirigées contre lui devant les tribunaux compétents.
Article 21 .- En dehors des autres cas prévus par le présent arrêté, la médaille et l'autorisation délivrées aux commissionnaires et portefaix leur seront retirées à l'âge de 65 ans, limite fixée au service de ces auxiliaires.

Médaille nominative (Mr H. Boulanger) de porteur aux Halles et marchés,
avec diverses années de poinçonnées (1887-1891).

Être portefaix aux Halles de ParisLa profession était très hiérarchisée, une distinction était faite entre les portefaix et les forts dont les chefs se reconnaissaient à leur médaille en argent, tandis que les simples forts portaient une simple médaille en cuivre. L’ordonnance 3996, datée du  6 mai 1851, permet de bien  comprendre la différence de statut entre les Forts et les porteurs.
Ordonnance N° 3996, du préfet Boitelle, concernant les porteurs aux halles et marchés. Paru, le 6 mai 1851.
" Nous, Préfet de police, Vu :
1° l’arrêté des Consuls, du 12 messidor an VIII (1er juillet 1800);
2° Une ordonnance de police du 13 mai 1831, concernant les ouvriers des halles et marchés (...) Ordonnons ce qui suit : ‘
1. Les travaux relatifs au transport des marchandises vendues dans les halles et les marchés (...) peuvent être faits par tout individu muni d’une médaille de porteur aux halles et marchés
4. Il sera délivré à tout porteur autorisé, par l’lnspecteur général des halles et marchés, au nom du Préfet de police : »
1° Une permission   sur papier timbré;
2° Une médaille sur laquelle sera gravé un numéro d’ordre relevé sur un registre ouvert à cet effet à l’inspection générale des halles et marchés. Cette permission et cette médaille seront délivrées aux frais de chaque porteur.
Il y aura deux formes de médailles de porteurs, l’une carrée, destinée aux années dont le millésime est impair, l’autre en losange, pour les années dont le millésime est pair. Ces médailles seront frappées, en outre, chaque année, d’un poinçon particulier, pour en éviter la
contrefaçon
.
5. Les médailles seront échangées chaque année, du 1er au 30 avril.
6. Pour obtenir l’échange de sa médaille, tout porteur devra justifier au préalable d’un domicile certain, en produisant un certificat délivré par le Commissaire de police du lieu de sa résidence, sur l’attestation de deux témoins patentés. Cette justification sera faite au bureau de l’Inspection générale des halles et marchés.
7. Les porteurs aux halles ne peuvent travailler sans être munis de leur médaille, qui devra être portée au bras droit. Ils sont tenus, en outre, de placer à la partie supérieure de la hotte, de la manne ou du crochet dont ils feraient usage, une plaque en métal, peinte en couleur bleue, indicative du numéro de la médaille et conforme au modèle déposé a l’Inspection générale des halles et marchés.
8. Il est défendu a tout individu non autorisé comme porteur aux halles, de porter une médaille ou une plaque sur la hotte, et de quêter le travail sur le carreau des halles.
9. Tout porteur qui cessera d’exercer sa profession devra faire la remise de sa médaille et de sa permission, dans le délai de trois jours, à l’Inspection générale des halles et marchés.
10. Les médailles et permissions délivrées jusqu’à ce jour devront être échangées dans le délai d’un mois, à partir de la publication de la présente ordonnance."

Médaille de Portefaix N° 71, autorisé au marché central de la ville de Marseille.

Cette ordonnance de 1851 est particulièrement détaillées et permet de mieux comprendre le fonctionnement de ce métier et de l'importance de leur médaille... Il est probable que les règles étaient sensiblement les mêmes un peu partout, avec des variantes sur la forme de la médaille, l'endroit où elle devait être portée. Malheureusement, à notre connaissance aucune étude n'a été réalisée pour mettre en relation les textes de lois, les archives des villes ou des ports où travaillaient des portefaix et les médailles (qui peuvent être connues en musées ou en collections privées). Si l'idée vous en dit, ce thème est passionnant et peut réserver de bonne surprises.

    

Deux médailles du même type que celle proposée en Boutique (l'une N° 27 passée en Vente aux Enchères à Auxerre en 2008 et l'autre N° 2928 publiée sur un forum d'identification Internet en 2016 (provenance supposée Bordeaux).

A noter que ce métier est aussi un patronyme français relativement répandu, Monsieur ou Madame Portefaix, c'est un thème de collection tout trouvé !

      

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