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Poitiers, archéologie : destruction d'une partie du cimetière Saint-Savin

| 26/03/2015
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En ce 26 mars 2015, les gros titres des manchettes de la presse quotidienne poitevine étaient consacrés à la destruction du cimetière médiéval et moderne de Saint-Savin de Poitiers.

Ce cimetière est connu et bien attesté pour l'époque moderne grâce aux registres paroissiaux de Saint-Savin accessibles en ligne sur le site et couvrant la période 1607-1791.

http://www.archives-vienne.cg86.fr/639-les-registres-paroissiaux.htm

Ces registres font souvent référence au « grand cimetière », celui-ci s'étendant au nord de l'ancienne rue Saint-Savin (actuelle rue Emile Faguet), entre l'ancienne rue Saint-Paul (actuelle rue de la Cathédrale) et la grand'rue, c'est-à-dire dans le cœur historique de la ville, intra-muros des fortifications antiques. Nombre d'inhumations y sont attestées entre 1668 et 1791, la dernière, d'après les registres paroissiaux, étant celle de Marie Coulombeau, le 12 mars 1791, décédée à l'âge de 87 ans.

La destruction de tels sites archéologiques peut parfois arriver par cause d'ignorance. Toutefois, lorsqu'un pelleteur découvre des ossements, des objets ou lorsqu'il s'aperçoit qu'il est en présence d'un site archéologique, il est tenu de s'arrêter et de prévenir le maire de sa commune, lequel doit transmettre l'information aux autorités compétentes en matière d'archéologie. Les circonstances de cette affaire sont particulièrement bien relatées par Dominique Bordier, journaliste à la Nouvelle République et ont de quoi nous laisser pantois :

http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2015/03/26/En-creusant-sa-piscine-l-avocat-tombe-sur-un-os-2271457

Nous y apprenons que le maître d'ouvrage des travaux est un avocat de Poitiers, un homme qui, plus encore que quiconque, n'est censé ignorer la loi. De manière candide, il a déclaré à Dominique Bordier qu'« il n'y avait pas l'ombre d'un doute sur ce que nous allions trouver. Des documents mentionnaient l'emplacement du cimetière. De bonne foi, nous avons compris qu'il n'y avait pas obligation préalable de sondage mais seulement une obligation d'arrêt de travaux en cas de découvertes » pensant que les squelettes ne rentraient pas dans le champ d'application de la loi ! Résultat, une grande fosse de 4 x 7 mètres (profondeur non connue) a été creusée et la plus grande partie des terres excavées, squelettes et éventuel mobilier archéologique sont partis à la décharge, dans un lieu indéterminé. Ces derniers temps, certains voisins de la rue de la Cathédrale, s'étaient émus de voir des oiseaux déposer de petits ossements dans leur jardin. Maintenant, ils en connaissent l'origine !

Une déclaration préalable de travaux autorisant la création d'une piscine privée dans ce secteur a été accordée par la Mairie de Poitiers en décembre 2014. L'idée même de permettre le creusement d'une piscine en plein secteur sauvegardé, surtout à cet emplacement, se passe de tout commentaire. Après les affaires des destructions archéologiques de la place du Maréchal Leclerc et de la rue des Arènes à Poitiers (déjà relatée dans le Bulletin Numismatique), nous avions connu un moment d'accalmie. Une fois de plus, les devoirs de police incombant au député-maire de Poitiers semblent ne pas avoir été appliqués avec la diligence et la rigueur que l'on serait en droit d'attendre. D'ailleurs, à cette heure, la Mairie n'a publié aucun communiqué sur cette affaire, alors que le patrimoine de notre ville a subi une nouvelle atteinte.

La vigilance du Service régional de l'Archéologie, situé à moins de 150 mètres de cet ancien cimetière, a permis de faire stopper les travaux, mais le mal était fait. Ce service avait bien réalisé son travail en prescrivant, notamment, des sondages archéologiques préalables à toutes sortes d'excavations. Le maître d'œuvre et le maître d'ouvrage ont passé outre. L'article 322-3-1 du Code pénal prévoit que « La destruction, la dégradation ou la détérioration est punie de sept ans d'emprisonnement et de 100 000 euros d'amende lorsqu'elle porte sur : […] une découverte archéologique faite au cours de fouilles ou fortuitement […] ». Les services de l'État porteront certainement le dossier devant le procureur de la République. Affaire à suivre...

Rappel de la loi : article L.531-14, chapitre 1, section 3 du Code du patrimoine, livre V, titre 3, en matière de défaut de découvertes fortuites :

« Lorsque, par suite de travaux ou d'un fait quelconque, des monuments, des ruines, substructions, mosaïques, éléments de canalisation antique, vestiges d'habitation ou de sépulture anciennes, des inscriptions ou généralement des objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art, l'archéologie ou la numismatique sont mis au jour, l'inventeur de ces vestiges ou objets et le propriétaire de l'immeuble où ils ont été découverts sont tenus d'en faire la déclaration immédiate au maire de la commune, qui doit la transmettre sans délai au préfet. Celui-ci avise l'autorité administrative compétente en matière d'archéologie. Si des objets trouvés ont été mis en garde chez un tiers, celui-ci doit faire la même déclaration. Le propriétaire de l'immeuble est responsable de la conservation provisoire des monuments, substructions ou vestiges de caractère immobilier découverts sur ses terrains. Le dépositaire des objets assume à leur égard la même responsabilité. L'autorité administrative peut faire visiter les lieux où les découvertes ont été faites ainsi que les locaux où les objets ont été déposés et prescrire toutes les mesures utiles pour leur conservation. »

 

 

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