Parution : Les Grecs en Inde, Politiques et pratiques monétaires

Olivier BORDEAUX, Les Grecs en Inde, Politiques et pratiques monétaires (III^e s. a. C. - I^er s. p. C.), Bordeaux, 2018, Ausonius éditions, Numismatica Aniqua 8, broché, 21 x 29,7 cm, 326 pages, illustrations n&b dans le texte. Code : lg67. Prix : 40€.

Ce huitième volume de cette très belle série est le premier qui sort de son territoire de prédilection : l’Asie Mineure. Mais ce n’est pas le dernier ! C’est un très bel ouvrage qui n’aborde pas l’ensemble du monnayage gréco-bactrien, mais s’attache à six souverains de ce royaume : Diodote I et Diodote II, Euthydème I, Euratide I, Ménandre I et Hippostrate. Cette monographie repose sur l’étude d’un matériel complètement renouvelé, le plus souvent issu du marché de l’art dans des conditions parfois complexes, mais qui seules ont permis de mieux comprendre et de mieux interpréter ces monnaies, qui constituent le plus souvent notre unique source antique d’information en l’absence de contexte archéologique précis. L’étude des monnaies frappées par quarante-cinq monarques indo-grecs et indo-scythes est indispensable pour comprendre l’évolution politique et économique de ces deux royaumes. Nous sommes donc en présence d’un ouvrage important presque trente ans après la publication (1991) de l’ouvrage de référence que constitue le catalogue de la collection de la Bibliothèque nationale consacré aux monnaies gréco-bactriennes et indo-grecques sous la plume d’Osmund Bopearachchi. Mais nous devons indiquer immédiatement la limite de cet ouvrage. Si nous découvrons une étude portant sur plusieurs milliers d’exemplaires des six rois concernés, nous avons seulement 194 illustrations . Il manque donc cruellement à cet ouvrage un ensemble de planches photographiques qui aurait permis au lecteur de suivre et de vérifier la démarche de son auteur et qui aurait permis de livrer une synthèse réussie sur ce monnayage. Il est incompréhensible qu’un choix des illustrations du corpus ne figure pas en fin d’ouvrage alors qu’une grande partie de la démonstration repose sur cette illustration et qu’il doit bien exister par ailleurs, car l’auteur n’aurait pas pu réaliser ce travail sans cet outil. Alors, on peut raisonnablement se demander pourquoi il est absent de la plublication : par souci d’économie ? J’espère que ce n’est pas le cas : un prix plus élevé de l’ouvrage, par ailleurs bien placé à ce niveau, n’aurait pas nuit à la vente. Quant aux autres raisons, je n’ose les imaginer.

Autrement, le livre présente de grandes qualités éditoriales et rédactionnelles. La préface est rédigée par Osmund Bopearachchi et retrace le parcours d’Olivier Bordeaux pour arriver à l’ouvrage (p. 7-9). Les remerciements d’usage de l’auteur se trouvent pages 11-12 et précèdent l’introduction (p, 13-24). Elle est l’occasion pour l’auteur de définir sa méthode, en particulier sur la composition du corpus, le choix des souverains étudiés, d’expliquer et de justifier son étude de coins, la numération adopée, complexe et différenciée. Son corpus, outre le marché numismatique, repose sur un ensemble de trésors trouvés depuis la fin du XIX^e siècle et la période la plus récente (2006), qui se sont retrouvés pour la plupart dans les catalogues de vente en Europe ou aux États-Unis. Le premier chapitre est consacré au commentaire historiographique (p. 25-50) et constitue la justification des six souverains retenus pour l’étude. Le deuxième chapitre, avec les mêmes considérations, aborde le commentaire numismatique (p. 51-94). Le corpus réuni par l’auteur comprend 236 monnaies d’or, 3 407 monnaies d’argent et 444 monnaies de cuivre. Ces deux chapitres sont richement illustrés et détaillés. Le troisième chapitre est réservé au commentaire historique (p. 95-143) agrémenté d’illustrations et de deux cartes. Une conclusion générale (p. 145-147) complète cette première partie.
La deuxième grande partie de l’ouvrage est réservée au catalogue (p. 149-290). Pour chaque monarque, chaque dénomination, nous avons une liste des monnaies cataloguées avec la répartition des coins de droit et de revers. Souvent l’indice charactéroscopique est inférieur à trois, excepté pour le monnayage d’or de Diodote I^er qui avec 236 exemplaires recensés et 23 coins de droit, présente un indice (n/d 10,3) qui semble indiquer que nous avons l’ensemble des coins de droit. En pages 291 et 292, la liste des tableaux et la liste des figures ne sont pas paginées (00) et si la liste des planches au nombre de 24 est bien numérotée, le renvoi aux pages où elles se trouvent n’est pas indiqué et ne sert donc à rien. Nous avons ensuite la liste des 194 illustrations avec leur provenance (p. 294-296). L’ouvrage se clôt par une riche bibliographie (p. 297-317) où une part importante est laissée aux catalogues de vente (p. 305-317). Un index (p, 319-324) vient compléter l’ensemble, précédant la table des matières (p. 325-326).

Avec cet ouvrage en français qui renouvelle notre vision sur la naissance du royaume gréco-bactrien et nous livre un matériel complètement inédit et dispersé, nous découvrons de nouvelles facettes de ces monnayages indo-grecs et indo-scythes qui restent encore trop méconnus. Nous attendons dans un futur proche les autres travaux que l’auteur ne manquera pas de nous donner. Malgré les critiques que nous avons énoncées, nous conseillons l’achat de cet ouvrage et souhaitons longue vie à la série Numismatica Anatolica.