Moi, Auguste et l'anniversaire de son bimillénaire

Voici venir les derniers jours de l'exposition "Moi, Auguste, Empereur de Rome" au Grand Palais organisé à l'occasion du bimillénaire du décès d'Auguste (14-2014).

Cette exposition, qui se terminera le 13 juillet 2014, est le moyen pour vous de venir admirer quelques monnaies romaines provenant pour la majeure partie du Département des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France que nous avons ici rassemblé en une petite mosaïque.

Aureus, denier, sesterce ou as, ces monnaies illustrent les frappes de l'époque augustéenne.

A travers un parcours pédagogique sur la vie d'Auguste, les commissaires de l'exposition ont dressé un portrait pratique de cet homme qui s'est fait officiellement reconnaître  par l'adoption judicieuse de Jules César.

Ce dernier est particulièrement connu en France pour la conquête des Gaules, période à partir de laquelle son autorité s'accroît. On lui connait quelques émissions de monnaies comme ce denier de Jules Cesar daté d'avant sa mort.

A l'aide de 350 oeuvres dont deux pièces importantes, l'Auguste de Prima Porta à l'entrée et le Doryphone de Naples juste en face, les commissaires d'exposition Daniel Roger et Cécile Giroire, conservateurs du patrimoine au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du Musée du Louvre, ont habilement mis en place la naissance du nouveau régime augustéen.

Les thèmes abordés peuvent nous permettre de comprendre que la force augustéenne est liée à son organisation sociale, la pacification à l'intérieur de l'Empire, la ville et les Arts, le développement du commerce et la romanisation de l'Empire. Etabli en 7 sections réparties sur 2 étages, la vie d'Octave devenu Auguste en 27 avant J.-C. est retracé grâce à un parcours chronologique et ensuite thématique où les thèmes précédemment cités sont développés.

  Après une première salle où est introduit l'environnement contextuel de la vie d'Octave, vous découvrirez le début de son ascension, fortement lié à la mort de César dont ce Dupondius d'Octave et Jules César daté de 38 avant J.-C. pourrait symboliser le lien.

Vient ensuite la mise en place du second triumvirat (Marc-Antoine, Lépide et Octave) que l'on peut retrouver illustré par diverses monnaies comme celles-ci : Denier d'Octave et Marc Antoine émis en Gaule en 39 avant J.-C. ou bien encore par ce Denier de Lépide et Octave émis en Italie en 42 avant J.-C.

De même la défaite d'Actium vient jouer un rôle important dans la mise en place de la souveraineté d'Auguste. Ce tétradrachme syro-phénicien d'Auguste émis en 31-30 avant J.-C. en Syrie fut frapper sous Auguste peu après sa victoire à Actium. Quelques monnaies présentes dans les salles viennent étayer ces hauts faits ou mettre en lumière les personnages qui interviennent dans la création de ce nouveau régime romain.

     Que ce soient la richesse des objets choisis, les thèmes abordés ou la vie grandiose de cet empereur, la scénographie de l'espace a su guider nos pas dans nos déambulations entre sculptures ou portraits, fresques ou objets de décoration, monnaies ou camées, mobilier usuel ou mobilier funéraire, le tout agréablement renseigné par des écritures sur mur ou support blanc.

Ce qui est à retenir pour nous, numismates, sera l'explication donné quant à la réforme monétaire d'Auguste que je vais brièvement exposer. La particularité de cette réforme est que les ateliers officiels frappent désormais 4 types de métaux. Ceux-ci correspondent à un nom et un poids particulier. Le premier, l'Aureus est une pièce d'or. Le second est le Denier, une pièce d'argent. Le Sesterce est quant à lui une monnaie d'orichalque (ou laiton : alliage de cuivre et zinc). La dernière est l'As, une monnaie de cuivre. 

Une partie d'une salle du second étage est par ailleurs dédiée aux monnaies provinciales, soit les monnaies frappées en Gaule sous Auguste comme ce type de Denier d'Auguste frappé à Lyon en 15 avant J.-C. ou bien encore ce Sesterce à l'autel de Lyon d'Auguste frappé à Lyon en 10-14 après J.-C.

Pour conclure, je puis vous dire que les grands espaces mis à disposition par le Grand Palais pour cette exposition d'Auguste, d'une superficie de 1400 m², laissent la part belle à la déambulation si le flot de visiteurs le permet.

Si vous souhaitez parfaire ou affiner vos connaissances sur le sujet augustéen, je vous recommande quelques uns de nos ouvrages disponibles actuellement.

Tout d'abord, le Catalogue des monnaies de l'Empire romain, tome I, Auguste, qui recense assez bien le fonds du Cabinet de la Bibliothèque nationale de France, par Jean-Baptiste GIARD.

Ensuite le classique ouvrage anglophone Roman coins and their values, the millenium edition, volume I, the Republic and the twelve Caesars, 280 BC - AD 96 de David SEAR.

Dans un domaine plus artistique et pour approfondir votre connaissance des portraits impériaux du type Béziers, je vous conseille d'avoir sous la main l'ouvrage des Portraits Impériaux de Béziers Collectif, du Musée St Raymond de Toulouse.

Ces quelques ouvrages vous dresseront une petite idée de ce que possède le patrimoine français et de la valeur de ces objets.

Quant aux ouvrages que j'ai personnellement utilisé pour construire ce petit article, j'ai eu recours aux interviews des commissaires de l'exposition "Moi, Auguste, Empereur de Rome" accessibles dans les revues Archéothéma 33 (Mars-Avril 2014), Archéologia n°519 (mars 2014) ainsi que le hors-série de la revue Connaissances des arts consacré à l'exposition d'Auguste.