Médailles de l'Atelier du graveur Michaut...

Certaines monnaies et épreuves provenant du fond Auguste-François Michaut sont proposées dans la Live Auction de décembre 2017. Nous avons aussi le privilège de nous occuper de la dispersion d'une centaine de médailles (certaines banales, d'autres nettement plus intéressantes) conservées dans la famille du graveur depuis le XIXe siècle.

Notons que nombre de ces médailles illustrent la page Wikipedia du graveur.

Particulièrement productive sous les rois Louis XVIII et Charles X (avec l'ensemble des monnaies d'or et d'argent émises sous leurs règnes), la carrière de Auguste-François Michaut (né à Paris en 1786 et mort à Versailles en 1879) a tendance à s'essouffler sous le règne de Louis-Philippe. La dernière médaille réalisée par Michaut est censée dater de 1830 (mais une ébauche de médaille datée de 1834 permet de retarder la fin de sa carrière de graveur)...

Cette sélection est consacrée à ce roi, Louis-Philippe, avec entre autres une série d'épreuves en plomb ou d'électrotypes en cuivre, associées à la Charte de 1830 qui fonde la monarchie de Juillet, nouveau régime issu des émeutes des 27, 28 et 29 juillet 1830, dites les Trois Glorieuses.

Aux médailles déjà proposées en Boutique (fme_412212 en bronze et fme_367800 en zinc) viennent donc s'ajouter une Médaille de la Charte de 1830 pour l'accession de Louis-Philippe (fme_461558), quatre exemplaires d'avers électrotypes de cette même médaille ainsi que deux épreuves unifaces d'avers en plomb (fme_461610 et fme_461620).
L'origine de ces objets, tous droit sortis de l'atelier de l'artiste leur donne un intérêt tout particulier ; ils illustrent diverses étapes du travail d'un graveur.

Deux moulages en sorte de pâte à modeler sont aussi proposés ; tous deux réalisés à partir d'un avers en creux de la médaille de la Charte de 1830 pour l'accession de Louis-Philippe.
Ils sont curieusement associés à la tête de René de Birague, Chancelier de France et à Catherine de Médicis. Les deux empreintes en cire ayant permis la réalisation de ces objets sont elles aussi disponibles :

Cinq médaillettes pour la visite de Louis-Philippe à Versailles, signées M. (pour notre graveur Michaut ?) sont aussi proposées. Faut t'il rappeler les liens qui unissent notre graveur à la ville de Versailles... Sur ces médaillettes, le buste de Louis-Philippe repose sur une base inscrite "CHARTE / 9 AOUT" tandis que le revers fait allusion à la Revue de la Garde Nationale le 17 octobre 1830.

Rappelons que suite à la Révolution de juillet 1830, le 29 juillet, La Fayette, âgé de 73 ans, fut nommé de nouveau à la tête de la garde nationale. Il rétablit la garde nationale parisienne et accueillit Louis-Philippe Ier à l'Hôtel de ville de Paris le 31 juillet. Louis-Philippe passa en revue la garde nationale de Paris, forte de 60 000 hommes. Devant les acclamations des contribuables en armes, il s'écria, en embrassant La Fayette : « Cela vaut mieux pour moi que le sacre de Reims ! ». Cela souligne l'importance attachée à la milice bourgeoise du régime, garante de l'ordre public et de l'alliance de la monarchie de Juillet et des propriétaires. Le roi confia à La Fayette le commandement de toutes les gardes nationales. Elles furent réactivées dans toute la France pour mettre fin aux échauffourées.
Le nouveau roi réalisa vite le danger qu'il y avait, pour la monarchie, à dépendre d'une seule force pour assurer l'ordre public : il demanda au ministre de la Guerre, le maréchal Soult, de réorganiser sans tarder l'armée de ligne. Dès la fin de l'année il décida également de se débarrasser de La Fayette, trop peu fiable à ses yeux...

Deux autres médaillettes font référence à cette Garde Nationale, avec un même revers "LA GARDE VEILLE" associée à un buste de Louis-Philippe pour l'une et à la Charte pour l'autre.

Cet ensemble consacré à Louis-Philippe ne serait pas complet sans ces deux médailles plus neutres à l'effigie du roi (fme_461561 et fme_461580) :

Et enfin cette épreuve en plomb de 1834 dont nous n'avons pas retrouvé d'exemplaires en bronze : la légende est probablement de Michaut, rapidement gravée de sa main comme s'il s'agissait d'un brouillon ou d'un test de mise en page de la légende. Encore un émouvant témoignage d'atelier qui n'a probablement pas été suivi d'une production...

Il est intéressant de noter que la plupart des médailles de Louis-Philippe précitées ont été réalisées à partir du buste sculpté par Jean-Jacques Pradier (dit James Pradier) et conservé au Louvre. Auguste-François Michaut a d'ailleurs indiqué le nom du sculpteur sur la médaille de la Charte de 1830 pour l'accession de Louis-Philippe (sur la ligne d'exergue sous la tête du lion).