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LE THALER DE QUATRE FRANCS VERDUNOIS S.D. (1619-1620)

| 01/12/2016
Informations

L'HISTOIRE DU THALER DE QUATRE FRANCS
VERDUNOIS S.D. (1619-1620)

Avec les monnaies du prince-évêque de Metz, Henri de Bourbon-Verneuil (1612-1652), celles du prince-évêque de Verdun, Charles de Lorraine-Chaligny (1611-1622) sont les dernières monnaies seigneuriales frappées par des princes-évêques d’Empire dans des territoires en cours de rattachement à la France : les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun devenus progressivement français de 1552 à 1648.

Le thaler de quatre francs verdunois (= francs messins) de l’évêque Charles est le seul thaler épiscopal des Trois-Évêchés frappé au XVIIe siècle. Il fut vraisemblablement créé en 1619 ou 1620 par Nicolas Marteau, graveur-orfèvre et ancien maître de la Monnaie d’Arches-Charleville où il avait succédé en 1612 à Didier Briot, le père de Nicolas. En effet, alors que ce thaler n’avait jamais été frappé par l’évêque de Verdun, il figure dans les offres présentées en avril 1619 à l’évêque Charles par Nicolas Marteau lorsque ce dernier succéda à Claude Bailly qui fabriquait jusqu’alors au marteau dans l’atelier verdunois de Dieulouard.
Avec Nicolas Marteau, cet atelier fut  transféré près de la principauté de Sedan à Mangiennes-sur-Loison et Marteau y frappa selon un procédé mécanique, sans doute celui de la machine des Briot qu’il avait utilisé à Arches-Charleville de 1612 à 1615. Les premiers thalers de Mangiennes montrent en effet un motif à l’écusson fleuronné, inspiré des petits thalers (pièces de XXX sols) de Charleville, et ils présentent les mêmes caractéristiques techniques de fabrication. Les derniers thalers, de mêmes caractéristiques techniques, voient disparaître les fleurons en 1620 (cf. l’exemplaire donné par l’évêque Charles à Louis XIII en janvier 1621, Bulletin de la Société Française de Numismatique, avril 2016).

Inconnu de Dom Calmet (Dissertation 1736 ou 1740), le thaler verdunois fut répertorié dans la collection du Cabinet impérial de Vienne au XVIIIe siècle par Madai, repris en 1846 par Schultess-Rechberg. En France, Duby l’avait repris dans son ouvrage de 1790 sur les monnaies seigneuriales. Puis il fut étudié en 1885-1886 par P.C. Robert (Annuaire de la Société Française de Numismatique) et en 1889 par Liénard (Verdun).

Aux XXe et XXIe siècles, la pièce fut réétudiée par Christian Charlet en 1987 (Cahiers Numismatiques n° 92) puis par Dominique Flon en 2002 (tome II), enfin de nouveau par Christian Charlet associé à Jean-Yves Kind (BSFN, avril 2016). Une étude de synthèse sur le sujet est actuellement préparée par Christian et Olivier Charlet, avec correction des erreurs antérieures, en vue d’une publication en 2017 dans les Cahiers Numismatiques de la SÉNA (Société d'Études Numismatiques et Archéologiques).

Le thaler de Verdun est une monnaie rarissime connue à moins de dix exemplaires avec certitude. Le coin d’avers au portrait étant unique, on connaît trois variétés de revers (PRS. IMP ; PRS. STI. IMPERI ; PRS. SRI. IMPERII) pour le type à l’écusson fleuronné (6 exemplaires connus avec certitude). Le type à l’écusson non fleuronné n’est connu qu’à 2 exemplaires avec certitude (BnF, ancien Cabinet du roi ; collection privée).

La monnaie proposée dans la vente du 13 décembre 2016 de CGB Numismatique est celle de l’ancienne collection Wormser, vendue par Jean Vinchon à Monte-Carlo le 13 novembre 1982, lot n° 464. Elle avait été auparavant répertoriée en 1846 par Schultess-Rechberg, n° 4816. C’est un exemplaire d’une exceptionnelle qualité, qui a très peu circulé, et le seul connu avec STI (sancti) au lieu de SRI (sacri).

En janvier 1621, Charles de Lorraine-Chaligny se rendit à Paris pour défendre ses droits régaliens, notamment rendre la justice et battre monnaie ; sur ses monnaies, il fait figurer ses titres de prince du Saint-Empire et comte de Verdun. Il remit alors à Louis XIII trois monnaies verdunoises dont le thaler aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale de France (cf. BSFN, avril 2016). L’entrevue fut infructueuse. Nicolas Marteau quitta sa charge et se réfugia à Charleville en mars 1621 tandis que Charles se démit de son évêché en 1622 pour se faire jésuite. Ce fut la fin de la Monnaie de Verdun, le roi s’opposant aux velléités monétaires du nouvel évêque, François de Lorraine-Chaligny, frère du démissionnaire.

LE THALER DE QUATRE FRANCS
VERDUNOIS S.D. (1619-1620)

  • Thaler d’argent de 4 franc verdunois, non daté (vers 1619-1620), 28,63 g. Titre officiel : 9 deniers de fin (750 millièmes). Taille, 8,5 au marc. Poids théorique : 28,79 g.
  • A/ CAROLVS (quatrefeuille) A (quatrefeuille) LOTHARINGIA (quatrefeuille) EPISCOPVS (rosette) (grande rosette) (rosette) (Charles de Lorraine, évêque). Dans un grènetis intérieur, buste à droite du prince évêque, portant moustache et collier de barbe terminé par une barbichette taillée en pointe. Il est revêtu du camail à boutons et coiffé d’un bonnet ; sous le buste .IIII. F. (4 francs). Le tout dans un grènetis extérieur.
  • R/ (rosette) ET. COMES. VIRDVNENSIS. PRS. STI. IMPERII (Princeps Sancti Imperii) (et comte de Verdun, prince du Saint-Empire). Dans un grènetis intérieur, écusson aux armes pleines de Lorraine à neuf quartiers, brisées d’un lambel à trois pendants (branche cadette de la Maison de Lorraine) et timbrée d’une couronne ducale qui coupe le grènetis. La couronne est surmontée des attributs épiscopaux : mitre et volute d’une crosse non enrubannée, séparées par un quatrefeuille. Le tout dans un grènetis extérieur.
  • Exemplaire inconnu à Robert (1886 et collection), Liénard (1889) et Flon (2002). Provient de la collection Wormser, vente aux enchères Vinchon, 12 et 13 novembre 1982, Monaco, hôtel Hermitage, n° 464. Référence antérieure : Schultess-Rechberg, Thaler-Cabinet, tome II, 2e partie, Vienne, 1846, n° 4816.
  • Charles de Lorraine-Chaligny succéda, à l’âge de 19 ans, à son oncle Eric de Lorraine-Vaudémont qui se démit en 1611 de l’évêché de Verdun suite à des difficultés avec le roi de France. En 1622, Charles de Lorraine-Chaligny se démit pour les mêmes raisons après avoir vainement plaidé auprès de Louis XIII, en janvier 1621, pour le maintien de ses droits régaliens (justice, monnaie, etc.). Cf. Christian Charlet et Jean-Yves Kind, BSFN, avril 2016.

Christian CHARLET

Cette monnaie d'exception est actuellement à la vente dans la Live Auction du 13 décembre 2016 de CGB Numismatique : lot 397744

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