
Le 10 octobre 2015, se tenait dans le cadre unique des Missions Étrangères de Paris le colloque de numismatique cambodgienne organisée par la très dynamique Société de Numismatique Asiatique. Ce premier colloque consacré au Cambodge a réuni une trentaine de participants pour une série de communications aussi diverses que passionnantes :
- Un premier jalon pour l'histoire monétaire de l'ancien Cambodge : le trésor de Konlah Lan par G. Epinal, doctorant de l'École Française d'Extrême-Orient
- Cambodia's uniface coins (19th-19th c.) par J. Cribb, ancien conservateur en chef des monnaies et médailles au British Museum
- Les pénalités en numéraire dans les codes juridiques anciens du Cambodge par O. de Bernon, directeur d'études à l'École Française d'Extrême-Orient
- Datation d'une monnaie cambodgienne au cheval ailé du début du XVIIe siècle par A. Escabasse, secrétaire général de la SNA
- Quelques monnaies significatives du règne de Norodom Ier à celui de Norodom Sihanouk par D. Cariou, président de la Société bretonne de Numismatique et d'Histoire
- Etat d'avancement du Musée de l'Economie et de la Monnaie (Sosoro Museum) de Phom Penh par J.-D. Gardère, conseiller de la Banque Nationale du Cambodge
- Les Collections françaises de monnaies cambodgiennes durant la période coloniale par F. Joyaux, président de la SNA
La numismatique cambodgienne reste méconnue et ce colloque a permis de faire un point sur l'étendue des connaissances. Force est de constater qu'ils restent encore de nombreuses interrogations en suspend. Pays pauvre et peu mis en valeur, à l'économie essentiellement rurale, le Cambodge a la particularité d'avoir des activités relativement similaires d'une région à l'autre, peu spécialisées et très autarciques ce qui suppose peu d'échanges et donc un faible besoin en monnaie circulante. L'usage des monnaies est très tôt attesté par les premiers voyageurs européens qui dans le cadre de récits ou d'études en font la description et en précisent la valeur d'échange supposée.
Les grandes collections constituées dans le second moitié du XIXe siècle ou dans la première moitié du XXe siècle telles que celles Jules Silvestre, d'Albert Schroeder et d'André Salles apportent de nombreuses informations même si ces trois collections ont été malheureusement toutes dispersées. Par ailleurs, les monnaies des collections publiques ont été très mal conservées ou ont été tout simplement "perdues". La collection de l'École Française d'Extrême-Orient enrichie par l'achat de la collection Knops de 1900 ou le don Salles de 1908 a disparu entre 1920 et 1956, date de l'inventaire de transfert. La Monnaie de Paris dispose de peu de monnaies pré-coloniales. Le don effectué en 1907 par le roi Sisowath Ier suite à sa visite en 1906 à Paris et Marseille et déposé dans les collections de la ville de Marseille a disparu. Restent heureusement la collection de Georges Groslier conservée au Musée national de Phom Penh et la collection Malleret conservée à celui de Saïgon résultant de fouilles et collectes effectuées en Indochine.
Lors de cette journée très chargée, les communications ont été riches en enseignements et fort passionnantes, les échanges fort constructifs permettant de confronter diverses théories et suppositions dans un domaine dans lequel beaucoup de travail reste à faire.
Ce colloque sera sans doute suivi dans quelques années par un autre qui reviendra sur les progrès des recherches études entreprises. Dans le même temps, les collections constituées dans le cadre du Sosoro Museum avec le soutien de la Banque Nationale du Cambodge devraient contribuer de manière importante à ce travail de collecte et d'étude.
(Article publié dans Le Bulletin Numismatique n°149 de Janvier 2016)