LE COIN DU LIBRAIRE, All’antica Die Paduaner und die Faszination der Antike

All’antica Die Paduaner und die Faszination der Antike, Historishes Museum Basel, Numismatischen Gessellschaft Speyer, Bd. 55, 2019, relié cartonné, 18 x 24 cm, 376 pages, nombreuses illustrations en couleur dans le texte. Code : La179. Prix : 39,90€.

Cet ouvrage est la bonne surprise de la rentrée. En effet, cela faisait longtemps que nous attendions un livre de cette trempe sur un sujet souvent délaissé par les numismates. La traduction du titre est déjà tout un programme : « Les Padouans et la fascination de l’Antiquité ». Si le terme de « padouan » est souvent donné aux imitations de monnaies ou de médaillons romains de la Renaissance, c’est grâce à Giovanni Cavino (1500-1570), originaire de cette cité et principal graveur d’imitations de monnaies antiques. Néanmoins tous les « padouans «  ne sont pas des « Cavino ». Nous aurions pu espérer qu’une telle série soit publiée par le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France qui conserve cent vingt-deux coins du graveur de Padoue (Vénitie). Avec cet ouvrage, nous ne sommes plus tout à fait dans l’Antiquité et pas complètement entrés dans le monde de la Renaissance. Souvent délaissée, cette fraction de la numismatique, aujourd’hui redevenue à la mode, remplit cependant souvent nos médailliers, parfois par de géniaux originaux, mais le plus souvent par de mauvaises copies de copies qui ont inondé le marché européen de la numismatique entre le XVI^e et le XIX^e siècle grâce des surmoulages plus ou moins grossiers qui ont fait la fortune de professionnels ou de particuliers peu scrupuleux, lesquels cédaient ces « padouans » à tous les visiteurs, fortunés ou pas, qui réalisaient leur « Tour » d’Italie. Si bien qu’aujoud’hui encore, nos médailliers sont encore souvent remplis de « faux » et que le terme de padouan est devenu souvent galvaudé, voire péjoratif alors qu’au départ, il désignait une véritable œuvre d’art de la Renaissance. Le prix des originaux est souvent bien inférieur à celui des médailles de l’époque alors que ces dernières n’avaient qu’un unique but : faire redécouvrir le goût de l’Antique (All’antica).

Le catalogue du musée de Bâle, œuvre collective, présentée dans l’ouvrage, regroupe 280 types différents et 450 exemplaires de la copie la plus proche de l’original jusqu’aux créations les plus inventives de Solon à Attila afin de restituer une Antiquité reconstituée au travers de la vision d’artistes du quattrocento et du quincento. Si l’ouvrage est un catlaogue précieux qui nous permet d’identifier le vrai du faux des « padouans », il nous offre aussi une réflexion philosophique et artistique sur le sujet. Sa réalisation technique et sa qualité iconographique sont irréprochables. Édité par un grand groupe comme Battenberg Gietl Verlag Gmbh, qui publie plutôt des ouvrages destiné aux collectionneurs et au public le plus large, ce livre est un véritable bijou numismatique livré à un prix très raisonnable, raison supplémentaire de l’acquérir pour parfaire nos connaissances en « parfait honnête homme » dans la tradition et l’originalité de la Renaissance.

427302 - All'antica, I.57 p. 55Hadrien, sesterce

Le catalogue, qui constitue le cœur du livre, est subdivisé en dix sections dont la plus importante, la première, est consacrée aux médailles de Cavino (p. 97-180). Cette section comprend 82 entrées avec parfois des variantes. Chaque médaille est minutieusement décrite avec l’indication de son métal, de son poids au milligramme, son diamètre au dixième de millimètre, son axe de coin, son numéro de référence et un renvoi à d’autres exemplaires conservés dans de prestigieuses intitutions (musées ou cabinets des médailles). Un renvoi est donné aux ouvrages de référence que sont le « Klawans », le « Cessi » ou l’indispensable « Martini, Jonhson ». Chaque médaille est intégralement décrite droit et revers avec les légendes. Un commentaire accompagne souvent la description. Les neuf autres sections du catalogue sont consacrées aux autres artistes connus comme Valerio Belli (p, 215-253) et ses continuateurs (p. 255-269), Giovanni Boldù (p. 271-275), Gian Gacomo Bonzagni (Parmigiano) (p. 277-283), Alessandro Cesati(p. 285-298), Vittore Gambello (Camelio), (p. 299-305) sans oublier les œuvres non attribuées (p. 181-214). Cet ensemble est complété par des médailles diverses et des copies d’après des monnaies antiques ou de complètes inventions comme la médaille d’Attila (p. 307-333).

L’ouvrage est divisé en deux grandes parties. La première est consacrée à l’histoire, à la conception, la création et la diffusion des ces objets (p. 7-92). La seconde est le catalogue de la collection du musée de Bâle (p. 93-333). Le tout est complété par la collection des 82 coins originaux de Cavino conservés au musée et leurs productions originales respectiveset augmenté des œuvres de Alexandre Cesati et de Victor Gambello (Camelio) (p. 335-352). Abréviations (p. 354), bibliographie (p. 355-365), glossaire (p. 366-367), index (p. 368-375) sans oublier la table des matières (p. 3), complètent l’ouvrage. Nous ne pouvons clore ce compte rendu sans louer la qualité de reproduction iconographique et d’impression de l’ouvrage que nous vous recommandons d’acquérir. En effet, même si vous ne maîtrisez pas la langue de Gœthe, il s’agit bien là d’une véritable œuvre d’art.