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L’or, quand vendre ?

| 08/06/2006
Informations
Comme la question nous est posée au moins une fois par jour, et bien que nous pensions que nous n’avons aucune légitimité à donner une opinion sur ce sujet, nous allons essayer à propos d’un mail reçu et de la réponse qui lui a été donnée, de lister les éléments que vous devez prendre en compte pour vous faire votre propre opinion.

> Cher ami,
> J’aimerais avoir votre opinion sur un sujet perso. Vous risquez de ne pas vouloir révéler vos secrets, je le comprendrais très bien (donc n’hésitez pas à le faire !)...
> Je sais que vous défendiez récemment l’achat d’or. Il fluctue désormais à $650-730. Croyez-vous que cela va encore beaucoup monter? Avez-vous décidé d’un cours ($800 par exemple) où vous vendriez vos éventuelles réserves perso?
> Merci d’avance de votre opinion que j’estime hautement.
> Amicalement,
> Hadrien

Cher ami,

Sur un domaine aussi mouvant, il n’est guère de secrets perso.... et comme je vais utiliser ce que je vais écrire pour faire un petit article dans le BN, je vous laisse imaginer à quel point ce ne sont pas des secrets perso....

Revenons avant tout aux fondamentaux :
a) le marché a toujours raison. Même si mes raisonnements sont bons, si le marché se trompe, le marché a quand même raison car c’est lui qui fixe le prix, pas moi, et même si ses raisonnements sont idiots.
b) l’or ne rapporte rien. C’est son principal défaut : tous les gains ne peuvent être espérés que par l’augmentation de son prix par rapport à autre chose.
c) parler de consommation de l’or, bijouterie, industrie, évidemment thésaurisation, est idiot : contrairement à un baril de pétrole ou à un steak frites qui, une fois consommés, sont irrécupérables, l’or est recyclable et récupéré dans de très grandes proportions. Et plus il est cher, plus le taux de récupération est important. On ne peut donc pas parler de consommation au sens de diminution de la quantité globale disponible. En revanche cette quantité disponible est très faible une fois rapportée à la population de la planète et ridicule en valeur par rapport à la masse monétaire mondiale.
d) comme pour les actions, le marché de l’or est presque totalement entre les mains d’investisseurs professionnels, fonds de placement, traders de banques et de spéculateurs. Les seuls moments où le public intervient est quand il prend conscience que la situation est très inquiétante pour les autres investissements standards : immobilier, actions, obligations. Mais là, le prix explose.
e) qui achète de l’or ? Avant tout ceux qui ont les moyens de le faire : cela semble évident mais on oublie toujours qu’il faut des disponibilités à placer et qu’un prix ne monte pas avec des poches vides. Et pour les quantités importantes, ce sont les fonds de placement, les banques centrales, les institutions financières. Le public n’intervient en quantités importantes que lorsqu’il est informé et conscient que la situation est suffisamment grave pour qu’il faille se protéger.
f) pourquoi achète-t-on de l’or ? Parce que l’on est inquiet et que l’on perd confiance dans les alternatives. Et ceci est vrai aussi bien pour le particulier que pour une banque centrale.
g) le système financier international repose exclusivement sur la confiance et l’accord de tous pour considérer qu’un morceau de papier marqué 100$ a une valeur réelle et ne sert pas uniquement à réaliser des cocottes en papier. Cette confiance peut-elle disparaître ? Évidemment, oui !

Reprenons ces différents points

A-t-on des raisons d’être inquiets ? (point f : on achète de l’or quand on est inquiet)
Pouvons-nous avoir confiance dans le système financier international ? Non, évidemment, car il est dominé par un pays sur-endetté, sur-puissant, au déficit commercial abyssal et qui vit à crédit depuis trente ans, les USA. Pire, ce pays s’est lancé dans des guerres néo-coloniales hors de prix (Afghanistan, Irak, demain Iran ?) et augmente massivement ses dépenses militaires chaque année. Le problème des guerres n’est plus qui «gagne» mais combien ça coûte. Pire, les habitants de ce pays sont eux-mêmes endettés à titre personnel à tel point que le taux d’épargne est devenu négatif : les Américains dépensent plus qu’ils ne gagnent, la différence étant fournie par l’emprunt à l’étranger.
Mais tant que le public planétaire aura confiance, et il aura confiance tant que la situation réelle ne passera pas sérieusement dans les médias, le système tournera.

Les autres pays sont-ils en meilleure situation ? Non, et certainement pas le nôtre où l’endettement public est monstrueux (chiffre officiel 1100 MM€, chiffre officieux 2000 MM€, chiffre incluant les provisions pour retraites des fonctionnaires et assimilés, vers 3000 MM€). Proportionnellement à la population, notre situation est pire que celle des USA.

Ces situations sont-elles réversibles ? Non, Nous sommes beaucoup trop enfoncés. Que font historiquement les gouvernements quand ils ne peuvent plus payer leurs dettes ? De l’inflation. Ils font volontairement baisser la valeur de leur monnaie, ce que font les USA depuis trois ans. Baisser la valeur contre quoi ? Les autres devises mais surtout contre la seule valeur refuge absolue : l’or. On peut raisonnablement dire que l’or n’a pas bougé depuis deux ans mais que la valeur du dollar a été divisée par deux.
Mais tant que le public n’en est pas informé, le système continuera de tourner.

Pouvons-nous craindre des crises de rupture majeures dans un futur relativement proche ? Oui, sans discussion et sur au moins deux points : l’énergie et les matières premières.

Si tous les Chinois veulent une voiture, il n’y a plus assez de fer sur la Terre. L’ennui, c’est qu’ils veulent tous une voiture. Et de quel droit, et comment pourrions-nous le leur contester ? Quand aux réserves de pétrole, elles donneront de moins en moins et la consommation ne cessera de grimper, encore les Chinois et les Indiens. Il augmentera donc régulièrement de prix.

Ceci bouleversera les circuits économiques, créera une baisse générale du pouvoir d’achat dans les pays riches : des troubles sociaux majeurs sont garantis.
Mais tant que le grand public n’est pas informé de ce qui va se passer, qu’on lui raconte des histoires de schistes bitumeux, d’énergie éolienne, de rouler au colza, de nouvelles mines etc... il ne se passera rien.

Pouvons-nous les éviter ? Non : il n’y a pas de planète de rechange disponible avec les batteries pleines.

Mais le public finit toujours par comprendre un jour. Les professionnels de l’investissement et certaines banques centrales ont déjà compris, d’où la hausse monstrueuse du pétrole, des matières premières et de l’or.
Mais tant que le grand public n’en est pas informé, le système continuera de tourner.

Nous avons vu qu’il y a de bonnes raisons de placer des disponibilités sur la valeur refuge fondamentale, l’or, mais les acheteurs potentiels ont-ils les moyens ? (point e : il faut avoir les moyens pour acheter de l’or.)
Oui, car il y a deux fontaines d’argent à placer qui ne vont pas cesser de couler : les revenus des pays pétroliers et l’excédent commercial chinois. Celui-ci, à lui tout seul, représente 100MM$ par an soit 4500 tonnes d’or au cours actuel, plus que la production annuelle de la Terre.
Mais tant que le public n’en est pas informé, le système continuera à tourner.

La confiance va-t-elle disparaître ? (point g : le système repose uniquement sur la confiance)

Elle est en train de le faire : c’est la seule explication aux prix démesurés de l’immobilier à l’échelle planétaire, qui ne baissent apparemment pas. Que de gens sains d’esprit s’endettent pour trente ans à un tiers de leur revenu pour se loger, ce ne peut signifier qu’une chose : ils préfèrent tenir, à n’importe quel prix, que courir. Car ils n’ont pas confiance.

Mais l’or ne rapporte rien, il se recycle et le marché à toujours raison : pour l’instant l’or n’a que doublé, et le grand public est complètement hors jeu.

Bref, je pense qu’il faut acheter de l’or, même et y compris aux taux actuels car je constate que le grand public continue de ne rien savoir et de ne rien voir, il reste donc une «réserve de hausse» importante : les achats de ceux qui vont bien finir par voir les bourses baisser réellement et les prix des courses au supermarché augmenter hors de proportion. Et ils sont des millions.

La seule vraie question est donc «Quand le grand public va-t-il se mettre à acheter» ? Ce qui sera le signal qu’il faut arrêter d’acheter.

Nous avons au moins quatre indicateurs

- les circuits de vente ; actuellement, acheter de l’or physique est une galère pour qui ne connaît pas la rue Vivienne (et encore !!!). Le jour où les banques recommenceront à avoir des services de l’or pour leurs clients, ce sera un signal d’arrêter d’acheter.

- les médias : le jour où l’on parlera de la hausse de l’or en entrée du JT de 20 heures sur TF1, ce sera un signal certain d’arrêter d’acheter.

- la prime : c’est ce qui fait la différence entre la cote d’une pièce et la valeur de son contenu or. En 1980, la prime sur le napoléon était de 100% : il valait le double de son contenu. Pourquoi ? Parce qu’il était acheté par des gens aux revenus moyens qui n’avaient pas les disponibilités ou pas envie d’acheter un lingot. Aujourd’hui, la prime est pratiquement nulle : il y a autant d’acheteurs de lingots que de napoléons et aucune demande particulière de pièces, donc pas particulièrement d’acheteurs à revenus moyens. Le jour où la prime sur le napoléon dépassera 10%, ce sera un signal de cesser d’acheter.

- la publicité grand public : le jour où vous recevrez dans votre boîte aux lettres un courrier vous proposant d’acheter de l’or, ce sera un signal certain de cesser d’acheter.

En clair : aucun de ces signaux n’est allumé aujourd’hui et je ne pense pas que l’on doive être actuellement vendeur, quelque soit le prix (si demain Téhéran est bombardé avec des atomiques, le lingot passera instantanément à 30.000 € : ce prix ne sera pas forcément une indication de vente, car si les Iraniens bombardent Tel-Aviv en riposte, dans les heures qui suivent, le cours peut être à 50.000 le lendemain).

On ne devra être vendeur que quand les conditions économiques de la planète indiqueront la possibilité d’une nouvelle phase d’expansion industrielle, commerciale et financière.

Bien amicalement

Michel Prieur
prieur@cgb.fr

PS. Quand tout cela va-t-il se passer ? Aucune idée, lentement, très lentement, j’espère. Il est probable que l’on tournera encore plusieurs mois autour de 17.000 € le kilo.
 
Note : On ne veut pas être méchant avec les princes qui nous gouvernent mais ce sont quand même nos sous.
Lire que la Banque de France a quadruplé ses ventes d’or en 2005, 161 tonnes pour 1,9MM€, soit à 11.800 € le kilo, quand nous sommes actuellement à 16.500... Il ne nous reste plus que  2.824 tonnes en fin 2005
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