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Combien vaut l'Or ?

| 14/06/2005
Informations
En deux ans, le prix de l’or a augmenté dans des proportions considérables : d’une cinquantaine d’euros pour un napoléon de 20 francs à plus de soixante-dix. Replaçons dans une unité de compte directement intelligible : de 330 francs à plus de 460. Pourquoi ?
La bonne question n’est pas celle-ci mais plutôt « Pourquoi si tard ? ». Cela fait plus de dix ans que de nombreux professionnels de l’or s’attendaient, au vu de l’état du Monde et des économies locales, des incertitudes, de la hausse de la consommation, de la hausse globale du pouvoir d’achat dans des pays de traditions très « or », à une forte hausse.
Année après année, celle-ci ne se produisait pas. Pourtant, la consommation était régulièrement supérieure à la somme de la production + récupération + de-thésaurisation ( mot barbare qui signifie l’inverse de « constituer un trésor »), donc dépenser ses réserves).
Non seulement il n’y avait pas de hausse mais on touchait de tels « bas », voici trois ou quatre ans, que des mines fermaient et que d’autres s’inquiétaient pour leur survie.

Que se passait-il ? Les différents professionnels avec lesquels j’avais l’occasion de discuter avouaient leur perplexité.

Lingot

Combien vaut l’or ?

Au cours des années, je suis devenu (sans compétence particulière autre qu’un anglais fluide !) l’un des correspondants informels français d’un think-tank anglais spécialisé dans l’analyse du marché de l’or et j’ai régulièrement interrogé mon correspondant... sans obtenir de réponses pertinentes. Oui, dans pratiquement tous les pays du monde, sauf la France d’ailleurs, les achats d’or de thésaurisation et de bijouterie étaient en croissance. Oui, les banques centrales vendaient de l’or (tout à fait officiellement mais dans des quantités relativement raisonnables, par centaines de tonnes sur plusieurs années, ce qui n’est pas beaucoup pour une banque centrale). Oui, les mines devaient creuser de plus en plus profond pour trouver du minerai de moins en moins riche... mais les cours étaient très bas.
Pour que le cours de l’or baisse ou soit stable à un niveau très bas, il faut que la demande physique soit équilibrée par des livraisons de lingots...

Certificat

Même si l’on parle bien entendu des spéculations sur les matières premières, les « futures », celles-ci n’ont pas une influence de fond car il s’agit de jeux d’écriture, les transactions réellement suivies de livraisons y étant minimes (on appelle « futures » les transactions à livraison différée. On achète aujourd’hui de l’or livrable dans trois ou six mois. Si le cours monte entre temps, on gagne ; s’il baisse... on perd. Jeu très dangereux !). On peut d’ailleurs suivre journellement les cours, soit par exemple sur kitco.com (qui les donne même en euros par kilo et pas seulement en dollars par once) et les futures sur le marché de New-York avec les positions des opérateurs qui spéculent : http://www.technicalindicators.com/gold.htm . Ce site est particulièrement bien fait puisqu’il donne la répartition des spéculateurs entre les « gros », les « petits », les industriels qui se couvrent (en achetant d’avance ce dont ils auront besoin au moment de la livraison) et leurs commentaires sont particulièrement pertinents. Bien évidemment, c’est en anglais et il n’existe rien de comparable en français. C’est évidemment une indication importante puisqu’il se joue chaque jour sur le papier l’équivalent de trois fois la consommation mondiale annuelle en physique...
Les années passant, l’idée qu’il se passait quelque chose d’anormal, que des cours ne pouvaient pas rester aussi bas alors que chaque matin, le journal apportait son lot de nuages noirs pour l’avenir, s’imposait de plus en plus. Lorsque je vis l’immeuble de la Comex s’effondrer à ras jusqu’au sol, très proprement comme dans les explosions de destruction de tours HLM, dix minutes après que les Twin Towers sont tombées, j’ai trouvé que cela faisait vraiment bizarre comme coïncidence et que cela rappelait furieusement l’incendie du Crédit Lyonnais et de son dépôt d’archives du Havre suite aux escroqueries mafieuses liées à l’affaire Paretti. Mais tout le monde a trouvé que l’effondrement de l’immeuble de la Comex était « normal », qui suis-je pour penser le contraire ? La Comex ? Simplement le centre nerveux de toutes les transactions mondiales sur les métaux précieux et l’or, en particulier.

J’appris même l’année dernière qu’un groupe d’investisseurs américains avait porté plainte, pour manipulation des cours de l’or, contre le gouvernement américain. Ils réclamaient un milliard de dollars de dommages et intérêts.... mais ne semblaient pas trouver un juge qui accepte de prendre leur plainte en considération.
Comme les Américains sont des gens sérieux, un dossier est sorti pour expliquer le point de vue défendu par ceux qui pensent que les cours de l’or ont été maintenus artificiellement à la baisse.

Pour faire simple, le gouvernement américain considère depuis toujours, et tout particulièrement depuis le 11 septembre, que l’équilibre des marchés d’actions, d’obligations et de matières premières fait partie de la Sécurité Nationale d’une manière bien plus importante que la chasse au Ben Laden.
Une hausse de l’or est considérée par le gouvernement américain comme un vrai signal à destination de la population américaine que le dollar US est en difficulté : si la majeure partie des Américains ne se préoccupe pas des cours relatifs du dollar et des devises internationales, ils sont éminemment sensibles à la parité $/or. Continent auto-suffisant et gros producteur historique d’or (la « Ruée »), les USA sont parmi les derniers à avoir retiré l’or de leur système monétaire (officiellement en 1933 alors que les Français l’ont démonétisé dans la pratique dès 1914), habitués à dire du dollar qu’il est « as good as gold » (aussi bon que de l’or), ils gardent toujours un œil sur le prix de l’once.
Ce n’est un secret pour personne que, depuis trente ans, les USA vivent largement au-dessus de leurs moyens, tant pour le gouvernement (déficit abyssal : http://www.publicdebt.treas.gov  : aujourd’hui, 8.009.131.433.464,30 $ , soit quand même en gros huit mille milliards de dollars, la France en est seulement à mille milliards d’euros) que pour les particuliers qui s’endettent tant et plus, aussi bien pour la consommation que pour la spéculation immobilière, entre autres.
Commencer à laisser penser à toutes ces cigales que la plaisanterie va se terminer en leur laissant voir un cours de l’or réaliste, c’est, pour un gouvernement, jouer avec le feu et avec sa survie politique.

50 Pesos

Nous avons vu que pour faire baisser les cours de l’or, il faut en fin de compte fournir de l’or physique aux acheteurs. Celui-ci existe disponible en grande quantité en un seul endroit, les banques centrales (pour fixer les idées, on estime entre 120.000 et 200.000 tonnes la totalité de l’or extrait au monde depuis que les hommes le cherchent ; Fort Knox, la Réserve Fédérale US, est supposée en contenir 20.000 tonnes. Objectivement, ce n’est rien et un cube fait de tout l’or des banques centrales passerait aisément sous le premier étage de la Tour Eiffel), mais cela fait quand même beaucoup.
Pour fournir ce physique au marché sans toucher « officiellement » aux réserves des banques centrales, un circuit comptable a été mis en place qui permettait à la Réserve Fédérale de prêter de l’or à des banques d’affaires. L’or physique étant prêté contre un intérêt (entre 0,5 et 1%), il restait dans les comptes et rapportait, même si c’était peu.
Les banques commerciales le revendaient aussitôt sur le marché et spéculaient avec les fonds, espérant que, le jour où il faudrait rembourser le métal physique, les profits accumulés couvriraient avec profit la hausse éventuelle des cours.
De cette manière de l’or physique venait combler la demande sans modifier la comptabilité métal des réserves des banques centrales. Celles-ci rentabilisaient un tant soit peu leurs avoirs métalliques. Les banques d’affaires spéculaient....
Les chiffres exacts ne semblent pas faciles à trouver mais il semble que la quantité d’or « dédoublé » (existant aussi bien dans la comptabilité des banques centrales que physiquement chez les consommateurs) atteigne entre 10 et 15.000 tonnes... soit entre trois et cinq ans de consommation.
Si ces chiffres sont exacts, plus besoin de se demander pourquoi les cours de l’or sont restés aussi bas pendant que cette manne se déversait...
La situation actuelle est explosive : même très profonds, les coffres des banques centrales ne sont pas inépuisables. Les banques d’affaires sont endettées en or physique qu’il faudra bien rembourser, or les cours sont maintenant bien plus élevés que lors de l’emprunt. Certes, on peut faire confiance aux banques pour avoir généré de juteux profits avec les fonds dégagés par la vente de l’or physique mais des provisions comptables ont-elles été constituées pour le remboursement ? Si oui, à quel niveau de cours ? Les niveaux artificiellement bas ou les cours actuels ?

Car pour rembourser, il va falloir extraire du marché physique ce qui lui a été injecté, soit plusieurs années de consommation. De quoi faire exploser les cours.

Combien vaut l’or ?
Bonne question, pas de réponse claire.

Les scénarios, si les chiffres cités sont exacts, peuvent aller dans des directions opposées pendant une durée assez longue, voire une dizaine d’années.

Il est possible que la manipulation soit poursuivie : on voit les banques centrales vendre de l’or, et cette fois-ci le vendre vraiment. Un candidat à la présidentielle française a même voulu vendre 500 tonnes, prises sur les stocks de la Banque de France, oubliant probablement que cet or était maintenant, euro oblige, sous la tutelle de la Banque Centrale Européenne. Si les banques centrales se décident à vendre de concert, à vendre vraiment, il doit rester au total une vingtaine de milliers de tonnes d’or disponibles dans leurs coffres, de quoi calmer les cours pendant longtemps.
Mais un telle décision, obligatoirement publique, contrairement aux « prêts aux banques », donnerait un signal de forte inquiétude aux marchés et aux prudents : quand on racle les fonds de tiroirs en vendant les bijoux de la famille, c’est que la situation est franchement mauvaise.
 
On aurait dans ce cas un mouvement d’achat violent des acheteurs particuliers qui maintiendrait les cours à un niveau assez élevé. N’oublions pas que tout l’or restant aux banques centrales réparti sur tous les habitants de la planète, cela fait 3 grammes par humain, une quarantaine d’euros chacun au cours actuel.

Il est possible que les compteurs soient remis à zéro et que les banques d’affaires soient obligées de rembourser de l’or physique aux banques centrales. Elles ne pourront pas le faire sans pousser les cours de l’or à des sommets jamais vus. Les politiques considéreront peut-être qu’il vaut mieux risquer, voire provoquer la faillite de quelques banques plutôt que de faire exploser les cours de l’or. Certes, ces faillites seraient monstrueuses. Mais le Crédit Lyonnais a fait une faillite de trente milliards d’euros, ce qui représente tout de même l’équivalent de deux mille huit cents tonnes d’or aux cours actuels, sans que la banque disparaisse ni que l’économie française s’effondre plus bas que d’habitude. Dans ce cas, les faillites « effaceraient les ardoises » et les cours suivraient une pente ascendante douce, suivant le déséquilibre entre production et consommation.

Il est aussi imaginable que les politiques décident de casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre. De 1933 à 1973, il a été interdit aux citoyens des USA de thésauriser de l’or (les USA sont peut-être le paradis de la libre entreprise, certes, mais quand le feu est à la maison, le dirigisme ne leur fait pas peur !). Juridiquement, avec l’arsenal des lois d’exception déployé depuis le 11 septembre, c’est tout à fait faisable. Les Américains cesseraient alors d’acheter de l’or, faisant baisser les cours en faisant baisser la demande. D’autres pays pourraient suivre le mouvement, les pays totalitaires sans difficultés, mais même la France a, dans le passé, connu des périodes (Front Populaire, après-guerre...) où le marché de l’or était fermé ou impotent.

On peut penser, à voir ces hypothèses, que je dramatise. Pourquoi les gouvernements s’inquièteraient-ils des cours de l’or ?

Simplement parce que, correction faite de l’inflation et de la différence de pouvoir d’achat, le cours maximum atteint par l’or (1980, 800$ l’once, nous sommes actuellement à 460 $) transposé aujourd’hui, mettrait le lingot à 38.000 €, pour fixer les idées à 250.000 FRF « nouveaux ».

Politiquement, le message envoyé par un tel cours serait clair : « Sauve qui peut ! ». C’est la raison pour laquelle je crois que les politiques feront tout, comme ils le font depuis dix ans au moins, pour baisser le cours de l’or.

Combien vaut l’or ?

Dans un monde où la cuisine politique peut truquer sans vergogne les comptes, les cours et les discours, personne n’en sait rien.

Je serais donc bien en peine de conseiller de vendre ou d’acheter et rappellerais donc les règles de base et les conseils que nous donnons à nos clients depuis vingt ans.

–Si vous n’avez pas besoin d’argent, ne vendez pas votre or : mieux vaut avoir sous le matelas des rondelles jaunes que du papier, même estampillé BCE ou $.
–Depuis quatre mille ans, l’or, c’est de l’Or. Le papier restera toujours du papier. À long terme, à court terme si vous êtes très inquiet, l’or reste LA valeur refuge, discrète, transmissible, anonyme (en France, selon la quantité).

–Évitez d’acheter des pièces à prime (cotées beaucoup plus cher que le métal contenu) car une prime peut disparaître, et des lingots, car ceux-ci ne se découpent pas en rondelles en fonction des besoins.

–Recherchez la pièce standard, avec le moins de prime possible, bien connue du public : napoléon, Croix Suisse, Union Latine, Pesos mexicains. Fuyez les pièces où l’état de conservation détermine la valeur, tous les dollars US, 20 $, 10 $ et 5 $.


– N’oubliez pas qu’il n’y a pas de lien direct entre la valeur numismatique et la valeur du métal. Avec un lingot à 12.500 €, un napoléon contient 72,5 € d’or. S’il cote, comme pièce numismatique, 70 ou 80 €, il risque de partir à la fonte... Bien entendu, si la numismatique « or » vous intéresse, n’oubliez pas que vous ne « dépensez » objectivement que la différence entre le prix et le contenu métallique quand vous achetez une monnaie. Quoiqu’il advienne sur le marché numismatique, il reste toujours l’or.


Exemple sur une 50 francs Or Napoléon III en TB, cote 180, le contenu métallique actuel est de 181,25 €. En achetant cette pièce à la cote, vous achetez « du lingot en rondelle » et vous payez moins que le poids...
Vous pouvez consulter notre site spécialisé http://www.cgb.fr/or/index.html et nous rendre visite avec vos pièces.
 
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